Quelle stratégie pour les frondeurs du FPI, désavoués par la justice ivoirienne ?
La justice ivoirienne a confirmé le 3 avril Pascal Affi N’Guessan dans ses fonctions de président du Front populaire ivoirien (FPI). Interdit d’utiliser le logo et le nom du parti, Abou Drahamane Sangaré et les frondeurs du parti de Laurent Gbagbo sont dans l’impasse. Comment peuvent-ils en sortir ? Décryptage.
Mis à jour à 10 heures
La décision est tombée comme un couperet. Vendredi 3 avril, le tribunal de première instance d’Abidjan a confirmé Pascal Affi N’Guessan dans ses fonctions de président du Front populaire ivoirien (FPI), interdisant du même coup à Abou Drahamane Sangaré et les frondeurs du parti de Laurent Gbagbo d’utiliser le logo et le nom du parti.
C’est une victoire très importante pour Affi N’Guessan puisqu’il est aujourd’hui l’unique patron légal du FPI. Cette reconnaissance juridique lui octroie le contrôle des comptes du parti au moment où le gouvernement vient d’annoncer son intention de participer au financement des formations politiques. Affi réclame d’ailleurs trois milliards de F CFA d’arriérés au gouvernement (au titre de ce financement pour les années 2007 à 2012).
Dès lors, comment les frondeurs peuvent-ils rebondir ? Leur première réaction a été de modifier leur organigramme. Exit Sangaré et Alphonse Douati, remplacés aux poste de "président par intérim" et de "secrétaire général" du parti par Laurent Akoun et Koné Boubacar, ex-directeur du protocole de Laurent Gbagbo. "Cette décision est purement pratique. Sangaré et Douati étant tous les deux visés par la décision de justice, ils ne pouvaient plus exercer ces fonctions, explique un membre de la mouvance. Mais dans les faits, Sangaré est toujours le patron."
Refus de la clandestinité
À charge pour lui de définir la nouvelle stratégie des frondeurs. Pour le moment, rien n’a filtré de ses intentions, mais une réunion de la direction doit se tenir dans la semaine. "Le but est de tout faire pour continuer à gêner Affi. Il faut aussi refuser le retour à la clandestinité, refuser que notre tendance ne puisse pas s’exprimer", poursuit notre source, qui dénonce les arrestations vendredi de Marie-Odette Lorougnon, la présidente du mouvement des femmes, et de quatre responsables fédéraux du FPI, le 7 avril. Marie-Odette Lorougnon a été déférée mardi devant le parquet, mais les chefs d’inculpation à son encontre ne sont pas encore connus.
>> Lire aussi : FPI, la chute de la maison Gbagbo
La situation difficile dans laquelle se trouvent les frondeurs du FPI va-t-elle les pousser à accélérer leur rapprochement avec ceux du PDCI (Pardi démocratique de Côte d’Ivoire, d’Henri Konan Bédié, dont une frange rejette l’alliance avec le président Ouattara) et le Lider (Liberté et démocratie pour la République) de Mamadou Koulibaly ?
Ce dernier, après s’être longuement entretenu avec Abou Drahamane Sangaré, le 18 mars, avait déclaré : "Il s’agit d’une renaissance de l’opposition politique électorale. C’est nous qui avons demandé au nom des candidats Charles Konan Banny, Essy Amara, KKB (Kouadio Konan Bertin), Kablan Brou, Martial Ahipeaud à rencontrer la direction du FPI. Nous sommes tombés d’accord. Le président Sangaré et l’équipe qui l’accompagne partagent ce point de vue. Dans les jours à venir une charte sera signée par tous les candidats et tous les partis politiques qui prennent part à cette coalition."
"Le principe a été accepté par le comité central du FPI. Mais, la nature même de cette coalition n’est pas fixée. Va-t-on opté pour un nouveau parti, une coalition ou même quelque chose plus proche du mouvement citoyen ? Pour le moment, c’est la grande inconnue", précise un membre du FPI tendance Sangaré. Une commission issue de cette tendance devrait se prononcer d’ici 10 jours.
Tout comprendre à la crise au sein du FPI en moins de deux minutes
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