Coup d’État manqué en Gambie : six soldats condamnés dans le plus grand secret
Six militaires soupçonnés d’avoir participé au coup d’État manqué de décembre dernier contre le président gambien Yayha Jammeh ont été jugés lundi. Trois ont été condamnés à mort, trois à perpétuité.
Le procès s’est déroulé dans le plus grand secret. Six soldats ont comparu le 30 mars devant un tribunal militaire pour leur rôle dans le coup d’État manqué de fin décembre 2014 contre le président gambien Yayha Jammeh. Trois (Modou Njie, Saikou Jarju et Lamin Sanneh) ont été condamnés à mort, et les trois autres (Abdoulie Jobe, Amadu Sow et Buba Bojang) à la prison à vie.
Annoncés par Amnesty International dans un communiqué diffusé par son bureau pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre, basé à Dakar, le procès et les condamnations ont été confirmés par des militaires à Banjul joints par l’AFP jeudi soir.
"Graves déficiences"
L’ONG demande que les condamnations à mort soient commuées en peines d’emprisonnement, en attendant l’ouverture d’un nouveau procès respectant les normes internationales d’équité en la matière sans que la peine de mort ne puisse être requise.
Un proche d’un des condamnés à mort a indiqué que sa famille n’a pas été autorisée à le voir depuis le 30 mars.
"Le système gambien de justice présente de graves déficiences et l’équité de ce procès nous inspire des doutes, étant donné qu’il s’est tenu en secret", a déclaré Stephen Cockburn, un responsable adjoint du bureau régional d’Amnesty à Dakar.
>> Lire aussi : ils voulaient renverser Jammeh
"Le Haut-Commissariat de l’ONU aux droits de l’homme est profondément préoccupé par ces condamnations en Gambie, à l’issue d’un procès tenu en secret qui jette par ailleurs des doutes sur le respect des droits de la défense", selon le porte-parole, Rupert Colville.
"Nous espérons que les six détenus seront autorisés à faire appel, comme c’est leur droit, et nous appelons le gouvernement gambien à maintenir son moratoire sur l’application de la peine de mort", a déclaré Rupert Colville à Genève.
L’audience, placée sous forte surveillance sécuritaire, s’est déroulée en secret, les médias et des observateurs indépendants se sont vu interdire d’y assister.
Détenus au secret ?
À Banjul, le palais présidentiel a été attaqué le 30 décembre 2014 par des hommes armés, en l’absence du chef de l’État Yahya Jammeh, alors en séjour privé à l’étranger. Les autorités gambiennes ont annoncé avoir identifié une quinzaine de participants à l’attaque, dont certains ont été tués durant les combats.
Selon Amnesty International, en janvier, au moins 30 proches des suspects identifiés ont été incarcérés sans inculpation et privés de la possibilité de s’entretenir avec des avocats et avec leur famille. Beaucoup ont été remis en liberté depuis lors, mais un certain nombre sont toujours détenus au secret trois mois plus tard.
>> Lire aussi : en pleine répression, la Gambie célèbre ses cinquante ans d’indépendance dans la terreur
(Avec AFP)
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