Kenya : Nairobi à nouveau dans la crainte des islamistes Shebab

Le Kenya s’est engagé en 2011 dans la lutte contre les Shebab en Somalie. Depuis, le pays paie cher cet engagement sur son propre sol. Le groupe islamiste y commet des attaques toujours plus sanglantes.

Un soldat kényan sécurise un périmètre à Garissa, autour de l’université, le 2 avril 2015. © Khalil Senosi/AP/SIPA

Un soldat kényan sécurise un périmètre à Garissa, autour de l’université, le 2 avril 2015. © Khalil Senosi/AP/SIPA

Publié le 3 avril 2015 Lecture : 2 minutes.

Durant toute la journée de jeudi, le décompte macabre s’est affiché sur les écrans de télévision, sur les fils des réseaux sociaux et dans les déclarations du ministère de l’Intérieur, tandis qu’à Garissa, au nord du Kenya, un commando du groupe islamiste somalien shebab perpétrait une attaque sanglante, dont le bilan final, donné par les autorités dans la soirée est effrayant : 147 morts.

Comme souvent dans ce genre de situation, tout est flou et clair à la fois. Car personne à Nairobi n’a été véritablement surpris de cette attaque d’envergure menée par les anciens maîtres de la Somalie qui s’en prennent régulièrement au pays voisin. En cause : l’engagement du Kenya contre le groupe islamiste à Mogadiscio depuis 2011.

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Selon les premières informations, le commando a usé d’un mode opératoire qu’on lui connaît bien, épargnant les musulmans et massacrant les autres à l’arme automatique, des heures durant, jusqu’à ce qu’ils ne soient eux-mêmes tués au combat…

Le souvenir de Westgate

Vu de Nairobi, cette nouvelle attaque a un écho sinistre : en septembre 2013, le même groupe, selon le même mode opératoire, s’était attaqué au centre commercial de Westgate, massacrant 67 personnes avant de se faire déloger par les forces de sécurité kenyanes. En pleine capitale, sous le regard des caméras du monde entier, les Shebab avaient alors montré qu’ils étaient capables de toucher le Kenya en plein cœur, dans un mall fréquenté quotidiennement par des milliers de personnes, locales et expatriées de tous horizons.

>> Lire aussi : Westgate : lendemains d’apocalypse

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Aujourd’hui, les imposants bâtiments de Westgate sont toujours debout : vides et criblés d’impacts de balles, comme pour rappeler aux habitants de Nairobi que la menace est toujours présente. Et si la vie a repris dans la capitale, chacun se rappelle encore des heures d’angoisse, durant lesquelles des civils pris au piège twittaient ce qu’ils voyaient.

"Cela faisait plusieurs mois que l’on se demandait ce qu’attendaient les Shebab pour lancer une opération d’envergure. Plusieurs tentatives ont échoué ces derniers temps, mais la menace était évidemment réelle, en particulier sur la côte, les zones frontalières avec la Somalie et bien entendu Nairobi, où la sécurité avait été largement renforcée", explique une source diplomatique, pour qui le choix de Garissa s’explique par la "facilité d’accès depuis la Somalie, et par le fait que les forces de sécurité étaient concentrées ailleurs…".

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Églises et centres commerciaux particulièrement menacés

En apparence, Nairobi fonctionnait normalement jeudi, mais l’attaque de Garissa était sur toutes les lèvres, et Westgate dans toutes les mémoires : "Ce qui m’inquiète c’est qu’ils s’en prennent aux chrétiens. Ce week-end, c’est Pâques… Les Shebab pourraient attaquer les églises", s’inquiète Samy, un chauffeur de taxi.

Les lieux de culte inquiètent en effet les autorités – presque trois-quarts des Kényans sont chrétiens. Mais c’est aussi vers les centres commerciaux que les inquiétudes se tournent désormais, comme celui très fréquenté de Junction, formellement déconseillé par les services de sécurité de plusieurs entreprises et d’ONG, et considéré désormais comme une zone à hauts risques…

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