Kenya : au moins 147 étudiants tués dans l’attaque de l’université de Garissa

Selon les autorités kényanes, au moins 147 étudiants ont été tués jeudi à l’université de Garissa, dans l’est du Kenya, attaquée à l’aube par des islamistes somaliens shebab.

Des étudiants rassemblés devant l’université de Garissa, jeudi 2 avril. © AP/SIPA

Des étudiants rassemblés devant l’université de Garissa, jeudi 2 avril. © AP/SIPA

Publié le 2 avril 2015 Lecture : 4 minutes.

Mis à jour le 3 avril 2015 à 08h29.

L’assaut des Shebab contre l’université de Garissa, dans l’est du Kenya, à environ 150 kilomètres de la frontière avec la Somalie, a viré au carnage. Au moins 147 étudiants ont été tués dans la journée, alors que les forces de sécurité ont lancé une opération pour tenter de sauver les nombreuses personnes retenues en otage depuis l’aube par un commando d’islamistes somaliens. Aux alentours de 16h00 (GMT), Joseph Nkaissery, le ministère kényan de l’Intérieur, a annoncé que quatre assaillants avaient été tués tandis que l’opération de secours se poursuivait. 

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"Nous avons perdu beaucoup de vies, leur nombre n’est pas totalement confirmé mais c’est autour de 70 étudiants. 79 personnes ont été blessées, dont neuf sont dans un état critique", a déclaré le ministre, précisant que "500 étudiants avaient été secourus. (…) 90% de la menace a été éliminée, quatre terroristes ont été tués, mais le nombre exact de terroristes n’a jamais été établi, a-t-il ajouté, restant prudent sur la possibilité que d’éventuels assaillants soient toujours à l’intérieur du campus, peut-être avec des otages.

Un porte-parole des Shebab avait affirmé plus tôt dans la journée que le commando avait libéré les musulmans et gardé les autres étudiants en otage. Les assaillants, dont le nombre est inconnu, ont abattu deux gardes à l’entrée de l’université vers 5h30 heure locale, puis ouvert le feu au hasard sur le campus, avant de pénétrer dans la résidence universitaire, où sont hébergés plusieurs centaines d’étudiants.

"Nos hommes sont encore à l’intérieur et se battent, leur mission est de tuer ceux qui sont contre les shebab, a déclaré par téléphone à l’AFP un porte-parole du groupe islamiste, Cheikh Ali Mohamud Rage. Quand nos hommes sont arrivés, ils ont relâché (…) les musulmans (…) nous détenons les autres en otages."

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La police kényane a offert une récompense de 220 000 dollars pour Mohammed Mohamud, également connu sous le pseudonyme de Dulyadin, qui est suspecté d’être le cerveau de cette attaque contre l’université de Garissa.

Un nombre "indéterminé" d’otages

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La Croix-Rouge a fait état d’un "nombre indéterminé d’étudiants otages" sur ce campus d’une vingtaine de bâtiments. "Cinquante étudiants ont été libérés", a-t-elle ajouté, sans préciser dans quelles circonstances, alors que les forces de sécurité tentaient toujours de déloger les assaillants, près de onze heures après le début de l’attaque.

Le nombre d’étudiants bloqués à l’intérieur du campus était toujours inconnu en fin d’après-midi. Le ministre de l’Intérieur a simplement indiqué que 280 des 815 étudiants inscrits, ainsi que les 60 membres du personnel, "s’étaient manifestés" hors de l’université et que les autorités tentaient de localiser les autres. Selon la Croix-Rouge, le bâtiment dont les assaillants ont pris le contrôle abrite des chambres d’étudiants. "Nous dormions quand nous avons entendu une forte explosion suivie de tirs, tout le monde a commencé à fuir", a déclaré Japhet Mwala, un étudiant qui a réussi à quitter le campus, mais "certains n’ont pu quitter les bâtiments, vers lesquels les assaillants se dirigeaient en tirant".

Selon des étudiants, des rumeurs d’attaques contre l’université avaient circulé dans la semaine. "Personne n’a pris ça au sérieux car ce n’était pas la première fois", a expliqué l’un d’eux, Nicholas Mutuku, tandis que Katherine, étudiante, disait "avoir pensé à un poisson d’avril". La zone autour du campus, situé à environ un kilomètre du centre-ville, était totalement bouclée et les médias tenus à l’écart.

Uhuru Kenyatta "prie" pour les victimes

Les Shebab ont multiplié les attentats au Kenya depuis 2011, jusqu’à Nairobi et sur la touristique côte du pays, notamment à Mombasa, principal port d’Afrique de l’Est. Ils ont entre autres revendiqué le spectaculaire assaut de septembre 2013 contre le centre commercial Westgate de Nairobi (67 morts) et une série de raids nocturnes sur des villages de la côte en juin-juillet 2014 (au moins 96 personnes froidement exécutées).

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Les zones kényanes situées le long des quelque 700 km de frontière avec la Somalie – particulièrement celles de Mandera, Wajir et Garissa – sont le plus régulièrement ciblées. Fin novembre, après l’exécution par les Shebab de 28 passagers d’un bus – essentiellement des professeurs – près de Mandera, des syndicats de médecins, dentistes et enseignants avaient conseillé à leurs membres de quitter les zones frontalières de la Somalie tant que la sécurité n’y serait pas assurée. En février, quelque 200 professeurs travaillant dans ces zones avaient manifesté pour réclamer leur réaffectation.

Le président kényan Uhuru Kenyatta a indiqué jeudi dans un bref communiqué "prier" pour les victimes et les otages, assurant que les autorités avaient déployé les renforts "adéquats". Mercredi, il avait assuré que "le Kenya est aussi sûr que n’importe quel autre pays dans le monde", contestant de nouvelles mises en garde émises par Londres sur la sécurité au Kenya. Au moins 200 personnes ont été tuées et au moins autant blessées en 2014 au Kenya lors d’attaques revendiquées par les Shebab ou qui leur ont été attribuées.

(Avec AFP)

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