Démocratie en Afrique : comme Goodluck Jonathan, ils ont accepté leur défaite avec fair-play

Le monde salue le geste républicain du président Goodluck Jonathan, qui a reconnu mardi sa défaite face au candidat de l’opposition, l’ex-général Muhammadu Buhari. Avant lui, d’autres dirigeants africains se sont retirés après avoir été battus aux élections.

Abdou Diouf (g.) a passé le témoin le 1er avril 2000 à Abdoulaye Wade. © Pierre Verdy/AFP

Abdou Diouf (g.) a passé le témoin le 1er avril 2000 à Abdoulaye Wade. © Pierre Verdy/AFP

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Publié le 2 avril 2015 Lecture : 3 minutes.

Mis à jour le 3 avril 2015 à 09h03.

La journée du 31 mars 2015 est rentrée dans les annales glorieuses de la démocratie au Nigeria et en Afrique. Car, au fur et à mesure que les résultats s’égrenaient – et dessinaient une défaite du président sortant-, la crainte d’un déferlement de violence sur le pays le plus peuplé d’Afrique augmentait.

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Pourtant, un simple coup de fil (suivi quelques heures plus tard par un communiqué officiel) a suffi à désamorcer une situation jugée par les observateurs comme "une cocotte-minute qui pouvait exploser à tout moment". Goodluck Jonathan s’est comporté en "gentleman démocrate" en reconnaissant sa défaite avec à la clé, un appel au calme lancé à ses partisans qui n’attendaient pourtant qu’un simple mot –fraudes- pour semer le chaos dans le pays.

>> Lire aussi : Nigeria : retour en images sur la victoire de Muhammadu Buhari à la présidentielle

Si sous d’autres cieux un pareil geste est la règle, en Afrique le constat est malheureusement autre. Depuis 1990, cinq chefs d’États dans seulement trois pays ont rendus le tablier après avoir été battus dans les urnes par leurs adversaires.

  • Mathieu Kerekou : (Bénin 1991)

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© AFP

Après avoir dirigé le Bénin d’une main de fer entre 1972 et 1991, Mathieu Kerekou a accepté de convoquer une "Conférence nationale" rassemblant l’ensemble des forces vives du pays. Présidée par l’Archevêque de Cotonou de l’époque, Mgr Isidore de Souza, la conférence ouvre le pays au multipartisme et à des élections transparentes en 1991. Battu par  l’opposant et premier ministre de la transition Nicéphore Soglo, Mathieu Kerekou accepte sa défaite et se retire momentanément de la scène politique béninoise.

  • Pierre Buyoya : (Burundi 1993)
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© AFP/Rajesh Jantilal

Pierre Buyoya et Mathieu Kerekou ont eu un destin présidentiel presque similaire. Arrivé au pouvoir à la faveur d’un coup d’État en 1987, il accepte de mener le Burundi sur la voie de la démocratie au début des années 1990. Pierre Buyoya organise et perd les premières élections libres et transparentes du pays en 1993 face à son opposant Melchior Ndadaye. Il sera de nouveau aux affaires en 1996 et 2003.

  • André Kolingba : (Centrafrique 1993)

Le général André Kolingba a dirigé la Centrafrique entre 1981 et 1993 après avoir renversé le président David Dacko. Il accepte le multipartisme en 1991 et organise une élection présidentielle deux ans plus tard. André Kolingba est largement battu par Ange-Félix Patassé et accepte le verdict des urnes.  Ses tentatives ultérieures de retour aux affaires resteront infructueuses.
 

 

  • Nicéphore Soglo : (Bénin 1996)

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Cinq ans après avoir remporté la première élection présidentielle post-Conférence nationale, Nicéphore Soglo est battu dans les urnes par son éternel adversaire Mathieu Kerekou. Nicéphore Soglo reconnaît très vite sa défaite et s’impose à la tête de l’opposition béninoise avant d’être élu en décembre 2002 à la tête de la mairie de Cotonou, capitale économique du Bénin. Aujourd’hui, les deux anciens rivaux – qui vivent au Bénin – sont considérés comme des sages dans le paysage politique au pays du roi Béhanzin.  

  • Abdou Diouf : (Sénégal 2000)

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L’élection présidentielle de mars 2000 constitue un important point de repère dans l’évolution démocratique au Sénégal. Après avoir succédé le 1er janvier 1981 à Léopold Sédar Senghor, Abdio Diouf a été élu en 1983 puis réélu en 1988 et en 1993. Battu au second tour de l’élection présidentielle de 2000 par l’opposant Abdoulaye Wade, Diouf se retire de la vie politique et prend la tête en octobre 2002 de l’Organisation internationale de la francophonie.

>> Lire aussi : Abdoulaye Wade élu président du Sénégal

  • Abdoulaye Wade : (Sénégal 2012)

 

© AFP

Après avoir tenté l’aventure sans succès en 1978, 1983, 1988 et 1993, Abdoulaye Wade accède à la présidence en mars 2000 après avoir remporté le second tour de l’élection contre Abdou Diouf. Réélu en 2007 le chantre du "Sopi" (changement en wolof) est défait lors de l’élection présidentielle de mars 2012 par Macky Sall, un de ses anciens lieutenants. Wade accepte sa défaite et passe le témoin à son successeur le 12 avril.

>> Lire aussi Sénégal : Macky Sall élu président, Abdoulaye Wade le félicite

  • Joyce Banda : (Malawi 2014)

© Thoko Chikondi/AP/SIPA
 

En 2009, Joyce Banda a été désignée vice-présidente du Malawi par le président Bingu wa Mutharika. Elle succède à ce dernier décédé le 7 avril 2012. Joyce Banda se présente à la présidentielle du 20 mai 2014 où elle est battue par Peter Mutharika. Après avoir annoncé l’annulation du scrutin invoquant de "graves irrégularités", elle accepte finalement sa défaite et passe le témoin à son adversaire.

>> Lire aussi Malawi : Peter Mutharika vainqueur d’une présidentielle contestée

 

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