Une « fille-de » à la tête du Zimbabwe ?

Dans sa stratégie de monarchisation du pouvoir zimbabwéen, Robert Mugabe change son fusil d’épaule. À mots couverts et visages découverts, il met en lumière l’alternative composée de la First Lady et de l’infante.

L’oeil de Glez. © Damien Glez

L’oeil de Glez. © Damien Glez

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Publié le 1 avril 2015 Lecture : 2 minutes.

L’inamovible "camarade Bob" trouve un malin plaisir à regarder s’agiter la classe politique zimbabwéenne et les observateurs internationaux. S’il vient de célébrer son 91e anniversaire – dans un pays dont l’espérance de vie est de 54 ans -, il aime rappeler que le sixième congrès de la Zanu-PF, le parti au pouvoir, l’a désigné, il y a quatre mois, candidat à l’élection présidentielle de 2018. Il finirait ce nième mandat dans sa centième année. Si sa morgue ne faiblit pas avec les ans, Robert Mugabe, au pouvoir depuis 1980, est-il pour autant convaincu de fêter son centenaire sur le trône ? Si c’était le cas, pourquoi aurait-il tenu à "libérer l’honorable Joice Mujuru" d’un poste de vice-présidente qui ne lui confèrerait de véritable pouvoir qu’en cas de vacance du sommet de l’État.

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Robert Mugabe est donc conscient de l’usure de ses artères, même s’il peut toujours épater la galerie avec des sentences du genre "Celui qui me succèdera n’est pas encore né". Si elle est née de la dernière pluie politique, celle qui lui succèdera est peut-être déjà dans des starting-blocks huilés par le vieux président lui-même. Objectif N°1 : substituer une Mugabe à un Mugabe. Dans sa démarche oligarchique, le président du Zimbabwe avait d’abord misé sur l’actuelle First Lady surnommée "First Shopper", de 41 ans sa cadette. Mais voilà, l’ascension de la seconde épouse, Grace "Disgrace" Mugabe, dans le parti présidentiel – via la présidence de la ligue des femmes – serait contrecarrée par des pépins de santé. À Noël, la dactylographe de formation, propulsée en trois mois docteur en philosophie, s’envolait pour Singapour, officiellement pour une appendicite. Deux mois plus tard, l’opération semblait nécessiter une bien longue convalescence…

Comme Robert Mugabe est aussi doué pour le jeu des sept erreurs que pour celui des sept familles, il aurait renoncé à la carte "La mère" pour piocher "la fille". Mi-mars, lors d’un voyage officiel au Japon, le paranoïaque président zimbabwéen positionnait Bona Mugabe, premier enfant de Bob et Grace, elle qui connaît l’Asie pour avoir étudié la finance à Hong-Kong. Et voilà la "First Daughter" attablée aux côtés du Premier ministre Shinzo Abe. Et voilà une opposition prise de court qui dénonce, par la voix du porte-parole du Movement for democratic change Obert Gutu, la propulsion de la fille nationale aux premiers rangs de la délégation officielle du gouvernement, signe "après-coureur" d’une "privatisation" du pouvoir. Toujours joueur, l’ancien guerillero de Rhodésie du sud se garde bien d’officialiser le statut de sa fille, ni comme dauphine ni comme apprentie d’une future régente Grace rétablie.

Que les féministes se consolent : le trio de tête, dans la course à la présidence, est composé d’une première dame, d’une infante et d’une vice-président déchue…

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