Sahar Baghery : « En Afrique, la production TV met l’accent sur les aspects positifs »

Multiplication des chaînes, investissement dans le contenu africain, passage au numérique… Alors que la société de mesure d’audience TV Médiamétrie pousse ses pions en Afrique, Sahar Baghery, l’une de ses directrices, décrypte les grandes tendances du secteur.

Sahar Baghery, directeur du pôle Formats d’Eurodata TV Worldwide chez Médiamétrie. DR

Sahar Baghery, directeur du pôle Formats d’Eurodata TV Worldwide chez Médiamétrie. DR

Publié le 24 avril 2015 Lecture : 3 minutes.

Dans ce contexte audiovisuel foisonnant, Médiamétrie a décidé début avril d’étendre à la Côte d’Ivoire, au Nigeria et au Kenya son service de veille Nota (New on the air) chargé de détecter les nouveaux programmes télé et web de divertissement, fiction et factuels – documentaires, magazines – dans une quarantaine de pays.

Propos recueillis par Fanny Rey

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Jeune Afrique : Lancé en 1997, le service Nota est déjà proposé en Egypte et en Afrique du Sud depuis janvier 2012 et juin 2013. Qu’est-ce qui vous a poussé à l’étendre à la Côte d’Ivoire, au Nigeria et au Kenya ?

Sahar Baghery : Nos clients sont de plus en plus intéressés par les enjeux de la mesure d’audience en Afrique. Avec le passage au numérique, nous avons voulu jouer ce rôle précurseur de détecteur de tendances en Afrique. Il fallait se donner des priorités donc nous avons choisi de nous focaliser sur l’Afrique subsaharienne. Nous allons d’abord attendre de voir à quel point la création est prolifique – on parle d’une vingtaine de nouveaux programmes à venir – avant de décider à combien de pays Nota sera étendu.

Qui sont vos souscripteurs et comment ce service est-il financé ?

Il s’agit de distributeurs, de producteurs et de diffuseurs, dont de nombreux clients asiatiques et américains, à qui ce service permet d’identifier les nouveaux concepts et les marchés porteurs et d’optimiser l’acquisition de programmes via plus de 11000 fiches-programmes. L’offre est multiforme, à la carte, en fonction des critères choisis par zone, type de programme, problématique ou abonnement global. C’est vraiment un outil d’aide à la décision supplémentaire pour les programmateurs. Quant à notre chiffre d’affaires, il provient exclusivement des abonnements.

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Comment procédez-vous pour associer mesures d’audience et service de veille ?

Nous avons des partenaires audimétriques historiques qui nous fournissent des mesures d’audiences : Omedia et Hermès, en Afrique. Le volet veille est assuré en interne et grâce à un réseau de correspondants qui nous aident à détecter les programmes, en particulier dans les pays où la langue, la culture, la disponibilité des informations rend nécessaire leur présence sur place. Les données collectées sont accessibles sur notre site mais aussi présentées dans des rapports trimestriels, une newsletter quotidienne ainsi qu’une étude mensuelle succincte.

Qu’est-ce qui ressort des tendances de programmation sur le continent ?

Alors que la tendance mondiale est au regain de séries très noires, en Afrique, c’est tout le contraire : il y a une volonté de mettre en avant l’aspect positif, dynamique du continent et de ses talents en termes de fictions et de divertissements. Je pense notamment à « Island Africa talent », l’un des premiers programmes d’A+, à mi-chemin entre « La Nouvelle Star » et « The voice », où les candidats viennent de tout le continent et où les membres du jury sont assez connus. Il y a aussi sa déclinaison togolaise, « 228 T factor », ou encore « Réussite » sur Canal+, axé entrepreneurs et talents africains.

L’africanisation des programmes de divertissement est donc plus que jamais d’actualité…

Nous assistons effectivement au développement de contenus très locaux, qui ont misé sur la proximité avec le public. Avant, l’Afrique achetait beaucoup de telenovelas. Désormais, les différents formats entertainment sont achetés et adaptés, à l’image d’« America’s got Talent » attendu cet été au Kenya ou d’ « Intervilles » : il y a une vraie appropriation de ce format-là. Des vachettes et de la gastronomie française, on est passé à la tarte aux fruits de la passion et au coupé-décalé en Côte d’Ivoire… Avec succès, la RTI ayant vendu cette version locale d’ « Intervilles » à TV5 Monde !

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