Afrique du Nord : les fonds levés par les capital-investisseurs en chute de 65 %
Selon des statistiques de l’association Empea, les fonds levés par les professionnels du « private equity » pour investir en Afrique du Nord sont tombés à 83 millions de dollars en 2014. Mais les investissements ne faiblissent pas. Explications.
Dans une étude qui vient de paraître, l’association professionnelle du capital-investissement dans les pays émergents Empea révèle que les levées de fonds pour l’Afrique du Nord n’ont fait que décliner depuis le début du Printemps arabe. En 2014, 83 millions de dollars ont été levés par des véhicules dédiés à cette zone, contre 342 millions de dollars en 2011, 300 millions en 2012 et 234 millions en 2013. Soit une chute de 64,5 % en un an et de 75,7 % en trois ans. L’année dernière, les sommes levées sont quasiment retombées au niveau connu en 2009 (72 millions de dollars), une année particulièrement mauvaise en raison de la crise financière internationale.
Panafricains
Toutefois, note Empea, ces statistiques ne donnent pas un tableau totalement exact de la situation : « Le déclin continu des capitaux levés pour des véhicules dédiés à l’Afrique du Nord a coincidé avec la décision de gérants traditionnement concentrés sur la zone d’embrasser des mandats panafricains (comme AfricInvest). De plus, un certain nombre de capital-investisseurs panafricains, comme Helios Investment Partners ou Emerging Capital Partners (ECP), offrent des expositions à ces marchés ».
Acteur historique du private equity en Afrique, ECP n’a ainsi plus levé de fonds dédié au nord du continent depuis 2007 et l’ECP Mena Growth Fund, préférant se concentrer sur des véhicules panafricains (qui investissent en partie en Afrique du Nord).
En termes de capital-développement, AfricInvest a réalisé 19 opérations en quatre ans, devant Abraaj (12 investissements), Mediterrania Capital Partners (9) et Actis (6)
Boom des investissements
Du côté des investissements réalisés, le bilan est d’ailleurs nettement plus positif. « Alors que le nombre total d’investissements est tombé à 18 opérations et 290 millions de dollars déployés en 2011, les gestionnaires de fonds ont augmenté leur activité en 2012, avec 26 investissements en Afrique du Nord, et cette activité n’a pas faibli depuis », explique Empea. L’association professionnelle donne ainsi la parole à Nabil Triki qui affirme « ne jamais avoir été aussi actif et positif en matière d’investissements en Afrique du Nord ».
Le responsable du private equity chez Swicorp donne ainsi l’exemple de l’Égypte et de la Tunisie, où est apparu selon lui depuis le Printemps arabe un déficit de financement qui pousse les entreprises en bonne santé et en croissance à se tourner vers la Bourse ou vers les capital-investisseurs. Les professionnels interrogés estiment que la zone est très intéressante, en raison de la taille du marché régional, de la possibilité d’accès au marché européen et également de la possibilité de transformer des entreprises d’Afrique du Nord en investisseurs au sud du Sahara. Sans surprise, le principal obstacle est la faiblesse de l’intégration régionale, en particulier la fermeture des frontières entre le Maroc et l’Algérie.
3 opérations en Algérie
Entre 2010 et 2014, les entreprises marocaines ont capté plus de la moitié des sommes investies par l’industrie du private equity dans la région, avec 64 investissements pour 711 millions de dollars. L’Égypte suit (30 investissements, 653 millions de dollars), devant la Tunisie (26 investissements, 180 millions de dollars). Les entreprises algériennes n’ont bénéficié que de trois investissements, pour 80 millions de dollars. Dans le domaine du capital-risque, le tunisien MITC Capital a été le gestionnaire le plus actif (12 opérations de 2010 à 2014), tandis qu’en termes de capital-développement (investissement dans des entreprises plus matures et en croissance), AfricInvest (ex Tuninvest) a réalisé 19 opérations en quatre ans, devant Abraaj (12 investissements), Mediterrania Capital Partners (9) et Actis (6).
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