Mohamed Benchaaboun fait d’une pierre sept coups

Mohamed Benchaaboun est un homme persévérant. Nommé en 2008 à la tête du groupe Banque populaire, deuxième banque du pays après Attijariwafa Bank, il a su transformer la face de cet établissement public au lourd passé. Son premier coup d’éclat fut le rachat d’Upline, l’une des banques d’affaires les plus en vue de la place casablancaise, qui a permis de faire entrer Banque populaire sur le marché du conseil financier aux entreprises.

Hors des frontières

Mohamed Benchaaboun ne cesse d’accélérer la croissance du groupe sur son marché domestique, mais il sait aussi que l’avenir se joue hors des frontières, en Afrique. Ses concurrents, Attijariwafa Bank et BMCE Bank, ayant déjà une longueur d’avance sur ce terrain, l’homme, discret et armé de patience, a attendu son heure et réussi un véritable coup de maître, là où on l’attendait le moins. Déjà présent en Guinée et en Centrafrique, Banque populaire a mis la main en juin 2012 sur Banque Atlantique, faisant ainsi d’une pierre… sept coups : appartenant à l’homme d’affaires ivoirien Bernard Koné Dossongui, le groupe panafricain est en effet présent en Côte d’Ivoire, au Sénégal, au Mali, au Niger, au Bénin, au Togo et au Burkina Faso. Montant du deal : 1 milliard de dirhams (90 millions d’euros), une grosse mise en ces temps d’assèchement de liquidités sur le marché marocain.

Il faut dire que Mohamed Benchaaboun a bien préparé son coup. Au même moment, il a ouvert le capital de la banque à deux grosses pointures : le français BPCE et la Société financière internationale (SFI, filiale de la Banque mondiale). Pour 5 % chacun, les deux partenaires ont dû allonger pas moins de 3 milliards de dirhams. De quoi donner des ailes à la banque au cheval, et financer au passage les ambitions expansionnistes de cet ingénieur télécoms (diplômé de Supélec Paris) qui, à bientôt 51 ans, trône désormais à la tête de la neuvième banque du continent.