Manko : deux ans et deux nouvelles agences à Dakar

Manko, filiale du groupe français Société Générale spécialisée dans les services financiers aux populations évoluant dans l’informel, compte désormais plus de 4500 clients. Elle ouvrira dans les prochains mois deux nouvelles agences, à Grand Yoff et HLM.

A Pikine, Manko compte 20 commerciaux qui travaillent en scooter. © Sylvain Cherkaoui/JA

A Pikine, Manko compte 20 commerciaux qui travaillent en scooter. © Sylvain Cherkaoui/JA

ProfilAuteur_FredMaury

Publié le 20 avril 2015 Lecture : 3 minutes.

L’aventure Manko se poursuit. Deux ans après le début de ses activités à Pikine, près de Dakar, la filiale de la Société générale de banques au Sénégal (SGBS, elle-même membre du groupe français Société Générale) ouvrira au plus tard en septembre 2015 deux nouvelles agences. Celles-ci seront situées à Grand Yoff et HLM Colobane, deux quartiers populaires de la capitale sénégalaise. A plus longue échéance, l’ouverture d’une agence à Touba est également prévue (probablement en 2016).

« Avec notre première agence de Pikine, nous n’avons pas encore atteint le point mort. Pour y arriver, nous ouvrons de nouvelles agences, à partir desquelles nous couvrirons deux banlieues plus centrales. Nous prévoyons également une ouverture en province », ont expliqué Papa Demba Diop et Gaëtan Debuchy (respectivement président et directeur général de Manko) le 17 avril à Abidjan, à l’occasion d’un voyage de presse organisé par la Société Générale. Nous sommes encore en phase de test. A l’issue de cette phase, le groupe étudiera la possibilité de déployer Manko dans d’autres pays africains. »

la suite après cette publicité

Les nouvelles agences seront situées à Grand Yoff et HLM Colobane, deux quartiers populaires de la capitale sénégalaise.

Motos

Doté du statut d’intermédiaire en opérations de banque (IOB), Manko a construit sa stratégie sur un réseau de distribution innovant. Une vingtaine de commerciaux sillonnent à moto Pikine afin de proposer aux clients potentiels – principalement des petits entrepreneurs et commerçants de l’informel – une offre bancaire simple (compte courant, compte épargne, carte visa, crédit conso, crédit, assurance). Tous les produits bancaires sont conçus par SGBS pour Manko. « Cela reste compliqué pour un certain nombre de gens de rentrer dans une agence bancaire, expliquent Papa Demba Diop et Gaëtan Debuchy. Donc, nous visitons nos clients à leurs domiciles ainsi que sur leurs lieux de travail. Les agents commerciaux qui octroient les crédits s’occupent aussi du recouvrement ». Manko proposera bientôt à ses clients des ouvertures de compte sans se déplacer, par tablette (ils doivent pour l’instant se rendre dans l’agence Manko).

Pour effectuer des dépôts, retirer de l’argent, rembourser leurs crédits, les clients ont la possibilité de se rendre chez des commerçants partenaires de Manko.

la suite après cette publicité

5,8 milliards

En deux ans, Manko a séduit environ 4500 clients (autant d’hommes que de femmes). 5,8 milliards de FCFA de crédits (environ 8,8 millions d’euros) ont été décaissés, chaque prêt allant de 100 000 à 200 millions de FCFA (pour un encours moyen de 1,2 million de FCFA) sur une durée moyenne de douze mois. « Un agent Manko fait en moyenne 16 crédits par mois », expliquent les dirigeants de Manko, qui mettent en avant des taux d’intérêt pratiqués (autour de 15%) inférieurs à ceux des institutions de microfinance (IMF) ainsi qu’une plus grande sécurité en raison de l’adossement à la SGBS. Manko est un concurrent direct des IMF. « 60% de nos clients ont déjà eu un prêt accordé par une IMF. Mais il y a encore beaucoup de faillites d’IMF et nos clients nous disent que celles-ci poussent comme des champignons mais ne sont pas sûres », analyse Papa Demba Diop. 

la suite après cette publicité

Les dépôts restent limités, représentant environ 15% des encours de crédit, mais Manko n’a pas de difficulté de financement puisqu’elle profite de la sur-liquidité de sa maison-mère. L’ouverture à Touba, ville sainte du mouridisme connue aussi pour ses grandes fortunes religieuses, devrait également permettre de doper les dépôts.

Maîtrise du risque

Pour l’instant, le risque associé aux crédits reste mesuré (avec un coût du risque d’environ 3%). « La question est de savoir si nous serons capable de tenir ce coût du risque en-dessous de 500 points de base (5%, NDLR). L’ouverture de nouvelles agences nous permettra de la confirmer mais tant que nous n’en serons pas assurés, nous ne nous déploierons pas dans de nouveaux pays », explique Alexandre Maymat, responsable de la région Afrique/Asie/Méditerranée et Outremer à la SG.

Le test grandeur nature que Manko permet au groupe français de tester de nouveaux usages, de nouvelles techniques de distribution mais aussi d’espérer se développer davantage auprès du grand public. Selon la SG, environ 80% des Africains n’ont pas encore accès à des services bancaires.

L'éco du jour.

Chaque jour, recevez par e-mail l'essentiel de l'actualité économique.

Image

Contenus partenaires