Burundi : Donatien Ndayishimiye, un homme de réseaux
Après avoir redressé l’Office national des télécommunications, Donatien Ndayishimiye a pris la tête de Burundi Backbone System, le consortium chargé d’assurer le maillage du pays en fibre optique.
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Oublié le « Qu’est-ce que je fais là ? » des premiers jours à Bujumbura, s’amuse-t-il. S’il n’a découvert son Burundi natal qu’à l’âge de 40 ans, Donatien Ndayishimiye y a rapidement occupé des fonctions clés.
Il incarne cette diaspora formée en Europe ou en Amérique du Nord, rentrée au pays pour le servir. Aujourd’hui, le directeur général de Burundi Backbone System (BBS) a pour mission d’assurer le maillage en fibre optique de tout le territoire. Diplômé de l’École supérieure de commerce et de management (Escem de Tours, centre-ouest de la France) et après quatre ans chez Thales où il a occupé les fonctions d’analyste principal, cet ingénieur en informatique a intégré l’équipe des conseillers du président Pierre Nkurunziza dès son arrivée à Bujumbura, en 2011.
Son poste de secrétaire à la section française du Conseil national pour la défense de la démocratie (CNDD-FDD), à partir de 2005, et sa rencontre à Paris avec le général Agricole Ntirampeba (alors élève à l’École de guerre et futur chef des renseignements burundais) ont certainement contribué à cette rapide promotion.
À son retour au pays, en 2011, il a participé à l’organisation des services de renseignement.
Mais c’est surtout sa parfaite connaissance des systèmes d’information, acquise en France et aux États-Unis (il a étudié un an à Boston), qui lui ont valu de participer à l’un des chantiers prioritaires du gouvernement : l’organisation des services de renseignements. Après un an auprès du président – qu’il n’aura rencontré qu’une seule fois -, Donatien Ndayishimiye prend les rênes de l’Office national des télécommunications (Onatel) en mars 2012. Dépassé par les autres compagnies de téléphonie mobile, l’opérateur pâtit d’une réputation calamiteuse.
« C’est une institution qui ne s’était pas rendu compte qu’elle était devenue une entreprise », résume Ndayishimiye, qui, en deux ans, a remis l’Onatel sur les rails. Plutôt que de se « tropicaliser » en se coulant dans la langueur locale, comme il le dit lui-même, il insuffle à l’Office une culture d’entreprise et une nouvelle dynamique, fondée sur la rénovation et la maintenance des infrastructures, une politique de recouvrement efficace et la création de services tournés vers la clientèle.
Une stratégie vite payante, puisque, pour la première fois depuis plus de dix ans, l’Onatel obtient des résultats positifs dès 2012. Donatien Ndayishimiye ne parle pas encore le kirundi, mais il sait se faire comprendre de ses interlocuteurs. Y compris des Chinois de Huawei avec lesquels il négocie l’extension des réseaux fixe et mobile du pays.
Haut débit
À peine l’Onatel redressé, il regagne son poste de conseiller à la présidence en mai 2014. Seulement pour quelques mois, le temps que ses anciens collègues et concurrents des télécoms le convainquent de prendre la direction de BBS, en septembre 2014.
Soutenu par l’État et la Banque mondiale, ce consortium réunit les cinq opérateurs de téléphonie titulaires d’une licence 3G. Sa mission : gérer l’infrastructure, élargir l’accès au réseau haut débit et réduire les coûts de communication. Doté d’un budget de 19 millions de dollars (17,5 millions d’euros), dont 65 % financés par les pouvoirs publics, BBS a tiré plus de 1 250 km de câbles à travers l’ensemble des provinces burundaises de début 2011 à septembre 2013, date officielle de mise en route du système, désormais entièrement opérationnel.
L’an dernier, l’entreprise a bénéficié d’un chiffre d’affaires de 7 millions de dollars et son directeur général espère voir ce résultat quadrupler pour l’exercice 2015. Pour cela, il compte sur la généralisation de la 4G à l’ensemble du territoire et sur l’ouverture, en juillet, du premier centre de données commerciales du pays.
>>>> Lire aussi : Success-stories à la burundaise
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