Les patrons arc-en-ciel déploient leurs ailes en Afrique

Refroidis par le ralentissement économique dans le monde et sur leur propre sol, les entrepreneurs sud-africains perçoivent enfin le potentiel du reste de l’Afrique. À chacun sa stratégie pour pénétrer ces marchés en pleine croissance.

Les entrepreneurs sud-africains misent désormais sur l’Afrique subsaharienne. © Illustration / Séverine Millet pour J.A

Les entrepreneurs sud-africains misent désormais sur l’Afrique subsaharienne. © Illustration / Séverine Millet pour J.A

Publié le 15 avril 2015 Lecture : 13 minutes.

Après l’abolition de l’apartheid, en 1994, de nombreux groupes sud-africains sont partis à l’étranger. Loin de privilégier leur continent, ils ont jeté leur dévolu sur l’Europe et les pays émergents alors en pleine croissance. Tandis que Standard Bank mettait les voiles tous azimuts, de l’Argentine à la Russie, le minier Harmony Gold a investi jusqu’en Papouasie-Nouvelle-Guinée et son concurrent Gold Fields s’en est allé en Australie et au Pérou. Quant au groupe de distribution Steinhoff, il a racheté une série de réseaux de grande distribution, dont le français Conforama.

Eparpillés

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« Seuls quelques rares pionniers ont misé sur l’Afrique subsaharienne, tels que le géant des télécoms MTN ou les supermarchés Shoprite, offensifs au sud du Sahara, observe le Camerounais Cyrille Nkontchou, patron de la société d’intermédiation boursière Liquid Africa et du fonds Enko Capital, basé à Johannesburg depuis près de vingt ans. Mais beaucoup de ceux qui ont tenté l’aventure aussi loin se sont cassé les dents. Isolés du monde pendant le régime de l’apartheid, soumis à un embargo, ils ont eu du mal à affronter une concurrence internationale à laquelle ils n’étaient pas habitués. » Standard Bank en Amérique latine, l’assureur Old Mutual en Europe occidentale ou encore Harmony Gold en Australie ont en effet rencontré des difficultés.

Après s’être ainsi éparpillés, ces grands groupes se recentrent sur le continent. « Avec la crise économique en Europe, le ralentissement dans les pays émergents, et surtout, du fait des difficultés de l’Afrique du Sud, qui n’a connu que 1,4 % de croissance en 2014, ils se sont enfin rendu compte qu’ils avaient à leurs portes une zone d’une croissance moyenne de plus de 5 % par an dont ils ne profitaient guère », explique Lionel Shawe, avocat associé du cabinet Allen & Overy à Johannesburg, qui accompagne plusieurs clients des secteurs bancaire et de l’immobilier en Afrique de l’Est, en Afrique de l’Ouest et au Maroc.

Standard Bank s’est lancé à corps perdu dans le développement de son réseau subsaharien. Le minier AngloGold réalise déjà 35 % de sa production en Afrique de l’Ouest et en RD Congo. Quant à Steinhoff, il a annoncé fin 2014 le rachat de son compatriote Pepkor, qui s’était lancé avec succès dans l’ouverture de centres commerciaux sur tout le continent. Le secteur agricole reste en revanche peu sensible aux charmes du reste de l’Afrique. Mais une future réforme agraire en faveur des paysans noirs, évoquée par Jacob Zuma le 12 février lors de son discours sur l’état de la Nation, pourrait inciter les groupes agricoles sud-africains – tenus par des grands fermiers blancs – à sortir de leurs frontières.

>>>> Lire aussi – Quand les Africains investissent l’Afrique

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Débuts difficiles

Dans cette aventure subsaharienne, ces groupes ont connu des débuts difficiles. Le géant de l’agroalimentaire Tiger Brands et l’opérateur téléphonique Telkom ont par exemple essuyé de gros échecs au Nigeria. « Croyant être en terrain conquis, des Sud-Africains – peu importe leur couleur de peau – avaient fait fi des différences culturelles sur le continent », explique Cyrille Nkontchou. Désormais, ils revoient leur approche.

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Des sociétés comme AngloGold Ashanti et Standard Bank ont mis en place des équipes de cadres originaires des pays dans lesquels ils s’implantent. Certains, comme Nedbank et le fonds Public Investment Corporation (PIC), actionnaires d’Ecobank, s’associent aux groupes locaux. Loin de se cantonner à l’Afrique australe, leur ancien terrain de conquête, ils sont prêts à pousser jusqu’au Maghreb. De nouveaux angles d’attaque souvent pensés et élaborés par leurs patrons, convaincus du potentiel de ces nouveaux marchés. 

MINES

Srinivasan Venkatakrishnan, directeur général d'AngloGold Ashanti. © Karl Shoenmaker AngloGold Ashanti : « Venkat » exploite tous les filons, du Burkina Faso à la RD Congo

Srinivasan Venkatakrishnan, alias Venkat, connaît bien l’Afrique : ex-auditeur du cabinet Deloitte, cet Indien a fait ses classes au Ghana, en tant que directeur financier du minier Ashanti Goldfields Corporation. En mai 2013, sa réputation d’expert dans la réduction des coûts lui vaut d’être nommé directeur général d’AngloGold Ashanti, né de la fusion entre AngloGold et Ashanti Goldfields Corporation en 2004, et aujourd’hui dernier géant minier basé et coté à Johannesburg.

Depuis son arrivée, les investissements du groupe sud-africain, troisième producteur mondial d’or, ont bel et bien diminué de 40 %. Mais Venkat poursuit également la stratégie de diversification géographique de son prédécesseur, Mark Cutifani. C’est en Afrique de l’Ouest, surtout au Mali et au Burkina Faso, mais aussi en RD Congo, grâce à la mine de Kibali, que le groupe est le plus actif. Ces zones représentent 36 % de sa production, devant l’Amérique latine (22 %) et l’Australie (14 %).

Freinées ces derniers mois, ses dépenses d’exploration pourraient reprendre dès la fin 2015 grâce à la remontée des cours. L’Indien compte sur des développements annexes autour des mines de Kibali en RD Congo et d’Obuasi au Ghana. 

Patrice Motsepe dirige le groupe African Rainbow Minerals. © Gianluigi Guercia/AFP/Getty ImagesAfrican Rainbow Minerals : Patrice Motsepe ne compte que sur la Zambie 

Originaire de Soweto, jeune militant charismatique du Congrès national africain (ANC) pendant l’apartheid, cet avocat de formation a conseillé le gouvernement dans l’établissement de la politique du Black Economic Empowerment (BEE), visant à favoriser une meilleure représentation des Noirs dans les différents secteurs économiques du pays.

Très vite, il en est devenu l’un des principaux bénéficiaires. Il a ainsi repris aux Blancs des licences minières pour créer le premier groupe sud-africain du secteur détenu par des Noirs : African Rainbow Minerals (platine, fer, manganèse, charbon, or). Pour développer sa filière de cuivre, absent du sous-sol africain, il a mis le cap vers la Zambie au début des années 2000, et vers la RD Congo, où l’aventure a rapidement pris fin à cause de tensions avec le gouvernement et de gisements insuffisamment riches.

Selon plusieurs analystes, Motsepe n’investira pas davantage en dehors des frontières de la nation Arc-en-Ciel. En revanche, à domicile, il pourrait faire partie des repreneurs des mines dont Anglo American, Lonmin ou Glencore s’apprêtent à se séparer.

Sipho Nkosi, patron <span class=d'Exxaro. © Exxaro" title="Sipho Nkosi, patron d'Exxaro. © Exxaro" class="caption" style="margin: 4px; border: 0px solid #000000; float: left;" />Exxaro : Sipho Nkosi gèle ses projets au Congo

Comme Patrice Motsepe, le patron d’Exxaro a bâti son groupe à la faveur du Black Economic Empowerment (BEE), en reprenant des actifs de Kumba Resources, ancienne filiale d’Anglo American dans le fer et le charbon.

Le minier sud-africain s’est aventuré en 2012 au Congo, où il a acheté pour un peu moins de 265 millions d’euros African Iron, propriétaire du gisement de fer de Mayoko. Le projet était alors prometteur en raison de la production attendue (5 millions de tonnes par an) et de l’existence d’une ligne de chemin de fer reliant le site au port de Pointe-Noire.

Mais trois ans plus tard, le projet est au point mort faute d’un accord avec les autorités sur l’utilisation et la rénovation des infrastructures. Alors que les cours du fer ont perdu la moitié de leur valeur depuis début 2014, Sipho Nkosi a gelé le projet congolais et s’est recentré sur l’Afrique du Sud. En attendant des jours meilleurs pour relancer son expansion panafricaine.

  

GRANDE DISTRIBUTION

Richard Brasher, directeur général du groupe Pick n Pay. © Dean Hutton / Bloomberg via Getty imagesShoprite : Whitey Basson multiplie les enseignes

Shoprite doit-il partir à la conquête du continent ? Le calcul de son directeur général, James Wellwood Basson, 69 ans, surnommé Whitey, a été rapide : l’Afrique subsaharienne affiche depuis plus d’une décennie une robuste croissance économique alors que le marché domestique sud-africain sombre dans la morosité.

Et dans un pays comme le Nigeria, l’un des principaux moteurs de l’embellie africaine, on ne compte qu’une vingtaine de supermarchés (contre 2 000 dans son propre pays). Il n’en fallait pas plus pour inciter ce fils de fermiers, qui a racheté Shoprite en 1979 et a su le transformer en un leader continental de la distribution de produits alimentaires, à annoncer de gros investissements dans le reste de l’Afrique. Il prévoit par exemple d’investir près de 116 millions d’euros dans l’ouverture de 30 nouveaux magasins sur le continent, pour parvenir à un total de 200 enseignes.

Déjà présent dans quinze pays subsahariens, le groupe (6,39 milliards d’euros de chiffre d’affaires en 2013), cible les pays riches en ressources naturelles tels que le Nigeria, le Mozambique, l’Angola et la Zambie.

Richard Brasher, directeur général du groupe Pick n Pay. © Dean Hutton / Bloomberg via Getty imagesPick n Pay : Richard Brasher débarque au Ghana

Pick n Pay, l’autre ténor sud-africain de la grande distribution, débarque au Ghana dès cette année. Cette nouvelle implantation marque le début d’une offensive que le groupe, qui compte déjà plus de 1 000 magasins dans six pays d’Afrique australe, entend mener en Afrique de l’Ouest. Outre Accra, où est déjà présent son rival Shoprite, Richard Brasher, qui dirige le groupe depuis février 2013, lorgne aussi le marché nigérian, le plus important de cette région avec près de 180 millions d’habitants. Bien conscient que chaque marché subsaharien a ses particularités, celui qui a dans le passé dirigé les opérations britanniques du groupe de distribution Tesco a prévenu qu’il ne prendra pas de risques inutiles. « Notre approche en dehors de nos frontières sera mesurée, et aucun investissement ne sera entrepris sans une compréhension globale d’un marché et de ses capacités en matière d’approvisionnement », a-t-il indiqué fin 2014 lors d’une visite au Ghana.

Markus Jooste dirige le groupe Steinhoff. © Youtube. Steinhoff : Markus Jooste, le deal du siècle

C’est un joli coup que Markus Jooste, le médiatique patron de 54 ans du groupe Steinhoff, réalise avec le rachat de près de la totalité du capital de son compatriote Pepkor, annoncé en novembre. Le montant de l’opération, l’une des plus importantes jamais réalisées sur le continent, avoisine les 4,6 milliards d’euros. Elle permet à Steinhoff, qui détient entre autres le fabricant de meubles français Conforama et qui tire la plus grande partie de ses revenus d’Europe, d’accélérer son expansion africaine. Il peut ainsi se positionner pour tirer le meilleur profit de la croissance économique subsaharienne et atteindre la fameuse classe moyenne en plein essor. Car Pepkor, spécialiste de la grande distribution, aussi connu pour ses vêtements à bas prix, est présent dans quatorze pays à travers le continent.

BANQUE & FINANCE 

Daniel Matjila est à la tête de Public Investment Corporation. © Olivier pour J.APublic Investment Corporation : Daniel Matjila sur le front ivoirien

En décembre, Daniel Matjila, 53 ans, a pris la tête du gestionnaire de fonds de pension sud-africain Public Investment Corporation (PIC), l’un des plus importants du continent avec près de 127 milliards d’euros d’actifs sous gestion. Il devrait poursuivre l’offensive lancée par son prédécesseur, Elias Masilela, au nord de la nation Arc-en-Ciel.

Une stratégie dans laquelle il était lui-même déjà largement impliqué en tant que directeur des investissements. Il a notamment été l’artisan de l’acquisition de près de 19,58 % du capital d’Ecobank en 2012. Fidèle à la politique d’ingérence de PIC dans la gouvernance des sociétés de son portefeuille, ce financier, qui n’a pas sa langue dans sa poche, a été le principal pourfendeur de Thierry Tanoh, ancien directeur général du groupe Ecobank, dans la crise qui a récemment secoué ce dernier. Ce qui lui a valu d’être condamné (avec Ecobank et PIC) en janvier à 11,4 millions d’euros de dommages et intérêts par la justice ivoirienne pour diffamation à l’égard de l’ex-patron du groupe bancaire.

Souvent présent en Côte d’Ivoire ces derniers temps, il a annoncé en décembre son intention de créer, fin 2015, avec le capital-investisseur ivoirien Phoenix Capital Management, un deuxième fonds dédié aux PME ouest-africaines actives dans l’immobilier, les mines et l’énergie. Quelques mois plus tôt, le fonds PIC avait injecté près de 22 millions d’euros dans le fonds West Africa Emerging Market Growth Fund (WAEMGF), géré par son partenaire.

Mike Brown est à la tête de Nedbank. DRNedbank : Mike Brown progresse grâce à Ecobank

Expert-comptable formé à l’université du Kwazulu-Natal, Mike Brown a repris les rênes de Nedbank en 2010. Pour faire croître le groupe sud-africain, ce PDG de 48 ans a clairement montré qu’il misait sur le reste du continent.

En reprenant en octobre 20 % du capital de la banque panafricaine Ecobank, il a pris un sérieux avantage sur ses principaux concurrents nationaux (FirstRand Bank et Standard Bank), également lancés dans la conquête de nouveaux marchés sur le reste du continent. L’opération permet à Nedbank, déjà présent dans six pays d’Afrique australe, de prendre indirectement pied dans les 36 marchés subsahariens d’implantation de ce groupe basé à Lomé.

Mais jusqu’où ira le partenariat, certes ancien, entre les deux banques ? Aussi présent dans le capital d’Ecobank, avec plus de 20 % de ses parts, le puissant Qatar National Bank ne cache pas son ambition de se développer en Afrique.µ

Sim Tshabalala co-dirige la Standard Bank. © Mariella Furrer/CosmosStandard Bank : Sim Tshabalala et Ben Kruger se recentrent

Pour le duo Tshabalala-Kruger (47 et 56 ans), porté à sa tête en 2013, l’avenir de la première banque du continent se trouve sur le continent.

Les derniers résultats de Standard Bank, présent dans 19 pays subsahariens (notamment en Afrique de l’Est et en Afrique australe), le confirment : en 2014, ses bénéfices ont avoisiné 1,27 milliard d’euros contre 1,1 milliard un an plus tôt, grâce à une hausse de 22 % des dépôts enregistrés sur le reste du continent.

Les successeurs de Jacko Maree vont donc accélérer le recentrage de la banque en Afrique. Le groupe ayant renoncé à ses ambitions au Brésil, en Argentine, en Russie et en Turquie, ils cherchent à conquérir de nouveaux marchés en Afrique de l’Ouest et en Afrique centrale. L’ouverture d’un bureau de représentation en Côte d’Ivoire fin 2013 est une première étape. Alors qu’il tire environ 12 % de ses revenus du reste du continent, le leader sud-africain entend porter cette part à 25 % en 2018-2019.

MEDIAS & TELCOMS 

Jim Volkwyn a pour mission de poursuivre le développement de GOtv. © Naspers Multichoice (Naspers) : Jim Volkwyn, une ambition nommée TNT

Pour Bob Van Dijk, devenu directeur général de Naspers en avril 2014, Jim Volkwyn, 57 ans, est un homme clé.

Entré en 1991 au sein du groupe de médias sud-africain, il a été de toutes les batailles sur le continent. La division télévision payante, qu’il dirige depuis avril 2014, après l’avoir déjà pilotée de 2000 à 2009, est le navire amiral du géant des médias en Afrique : en 2014, son chiffre d’affaires a progressé de 20 %, atteignant 2,6 milliards d’euros. Connue sous la marque Multichoice, elle totalise 8 millions d’abonnés, dont 3 millions hors d’Afrique du Sud.

La principale mission de Jim Volkwyn ? Poursuivre le développement de GOtv, une offre de télévision numérique terrestre plus accessible que les bouquets de télévision distribués via le satellite et désormais disponible dans onze pays. En effet, Naspers mise beaucoup sur le passage des États africains à la diffusion numérique dans les prochains mois. En parallèle, Multichoice développe des offres de vidéo à la demande pour contrer la montée en puissance de concurrents comme l’américain Netflix.

Sifisi Dabengwa est le PDG de MTN. © Martin Rhodes / Business Day / Gallo <span class=Images / Getty Images" title="Sifisi Dabengwa est le PDG de MTN. © Martin Rhodes / Business Day / Gallo Images / Getty Images" class="caption" style="margin: 4px; border: 0px solid #000000; float: left;" />MTN : Sifiso Dabengwa parie sur l’e-commerce

MTN est l’un des tout premiers groupes sud-africains à avoir parié sur le continent pour se développer. Dès l’an 2000, l’opérateur télécoms africain faisait l’acquisition d’une licence au Cameroun.

Aujourd’hui, il compte 223 millions de clients sur 23 marchés, dont 18 subsahariens. Son PDG depuis 2011, Sifiso Dabengwa, 57 ans, sait mieux que quiconque que les entreprises ne doivent pas hésiter à sortir de leurs frontières pour faire de bonnes affaires. De 2004 à 2006, cet ingénieur, passé par les secteurs du bâtiment, des mines, des transports et de l’électricité, a dirigé la filiale nigériane de MTN. Cette dernière a représenté en 2014 18,6 % du chiffre d’affaires global du groupe (de 10,35 milliards d’euros).

Si l’opérateur est désormais plus prudent dans ses projets d’expansion, il continue de parier sur le développement des économies africaines. En 2013, Sifiso Dabengwa a ainsi validé la prise de participation de 33 % du capital d’Africa Internet Group, propriétaire des sites marchands Jumia (e-commerce), Jovago (réservation d’hôtels) et Lamudi (immobilier).


BÂTIMENT & TRAVAUX PUBLICS 

Henry Laas, directeur général de Murray & Roberts. © Robert Tshabalala / Financial mail / Gallo images / Getty imagesMurray & Roberts : Henry Laas met les gaz au Mozambique

C’est au début des années 1970 que Murray & Roberts a commencé à travailler hors de ses frontières. Le leader sud-africain du BTP a d’abord remporté de nombreux projets d’infrastructures au Botswana et en Namibie, et a attendu la fin de l’apartheid pour pousser ses pions en Zambie en 1992.

Dix ans plus tard, il s’est intéressé au marché tanzanien, dans la foulée des groupes miniers sud-africains, mais est surtout resté concentré sur son propre pays, en pleine préparation de la Coupe du monde de football, avec la construction de quelques stades et la ligne du Gautrain.

Mais son nouveau directeur général, Henry Laas, 56 ans, voit plus loin. Depuis son arrivée en 2011, Murray & Roberts s’est installé en RD Congo via la Zambie, puis s’est attaqué en 2012 au marché de l’Afrique de l’Ouest, avec un premier contrat au Ghana. En passe de remporter quelques chantiers en Mauritanie, le groupe veut surtout renforcer son implantation au Mozambique, où il est présent depuis 2013, au fur et à mesure de l’entrée en production annoncée de nouveaux gisements gaziers.

Bheki Lindinkosi Sibiya est à la tête de PPC. DRPretoria Portland Cement : Bheki Lindinkosi Sibiya construit au Burundi et bientôt en Algérie

Créé en 1892, Pretoria Portland Cement, premier fournisseur de ciment d’Afrique du Sud, ne s’est intéressé au reste du continent qu’à partir de 1996, avec son implantation au Botswana, puis cinq ans plus tard, au Zimbabwe.

L’arrivée de Bheki Lindinkosi Sibiya, 58 ans, en 2008, a accéléré le mouvement. Premier président noir à la tête de la compagnie, cette figure du secteur privé sud-africain comprend vite que, face au ralentissement économique de son pays, PPC doit aller voir ailleurs. À coup de fusions-acquisitions, le cimentier s’installe en 2011 au Mozambique, puis l’année suivante au Rwanda et en Éthiopie et enfin en 2013 en RD Congo.

Après avoir démarré l’an dernier ses opérations au Burundi via Kigali, PPC tente de prendre pied en Algérie. Mais depuis décembre, sa plus grosse affaire concerne le possible rachat d’Afrisam, le numéro deux sud-africain, qui, en plus de permettre au groupe d’obtenir 60 % du marché local, lui offrira également de nouvelles opportunités en Tanzanie ou au Lesotho. Une opération qui permettra de tenir les objectifs de Bheki Lindinkosi Sibiya, qui souhaite voir PPC réaliser 40 % de son chiffre d’affaires hors d’Afrique du Sud, contre 27 % aujourd’hui.

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