« Le Méridional » : Henri Lopes, un étranger sur l’île

Pour qui n’a jamais lu un roman de l’écrivain congolais Henri Lopes, Le Méridional serait une porte d’entrée idéale.

Henri Lopes, auteur congolais dont l’oeuvre est déjà considérée comme « classique ». © Jacques Torregano/J.A.

Henri Lopes, auteur congolais dont l’oeuvre est déjà considérée comme « classique ». © Jacques Torregano/J.A.

ProfilAuteur_AlainMabanckou

Publié le 21 avril 2015 Lecture : 2 minutes.

L’auteur brasse ici plusieurs des thématiques de son oeuvre aujourd’hui considérée comme « classique » et enseignée en Afrique et dans les universités américaines : l’histoire africaine contemporaine, le métissage, la rencontre des cultures, la France, le Congo, le destin des individus qui, par leur singularité, font ou défont l’Histoire.

Le Méridional commence à Paris, où, sous les recommandations d’un peintre qu’il a connu au Café de Flore, le narrateur débarque sur l’île de Noirmoutier, prend une chambre d’hôtel pour se consacrer à l’écriture de son livre sur l’histoire africaine. Le patron de l’établissement, bavard et encombrant, lui apprend qu’il a connu quelqu’un qui lui ressemblait et qui venait souvent sur l’île.

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Le méridional, d’Henri Lopes, Gallimard, 224 pages, 17,90 €

En clair, et le narrateur l’aura compris, cet individu était de la même couleur de peau que lui. Un Noir. Ou plutôt un métis car, précise l’hôtelier, à force de vivre sur l’île « on ne faisait plus cas de sa couleur. Surtout que le bougre maniait couramment le patois maraîchin ». Tout le monde l’appelait « le Méridional ». Qu’est-il devenu ? L’hôtelier n’en sait rien. « Le Méridional » occupe alors l’esprit du narrateur et déclenche l’intrigue qui tient le lecteur en haleine de bout en bout.

L’universitaire découvre peu à peu que Gaspard Libongo, « alias le Méridional », s’était retiré sur l’île pour fuir son passé de révolutionnaire congolais. Était-ce alors pour cela qu’il se retrouvait désormais dans la prison de La Roche-sur-Yon ? Ce serait trop facile. On lui reprochait autre chose.

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Et si c’était lui le vrai sujet de l’ouvrage que le narrateur était censé venir peaufiner sur cette île vendéenne ? Il était loin de son sujet de départ : « Les soldats noirs d’Afrique centrale au cours des deux guerres mondiales européennes. » Il va à la rencontre du Méridional, avec qui des liens se nouent. Ce dernier se livre au fur et à mesure à son visiteur régulier, dévoilant aussi bien ses origines métissées que les conditions qui l’avaient conduit à s’exiler en Europe.

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Gaspard Libongo est de ce fait l’incarnation de cette période tumultueuse et euphorique des indépendances africaines. Roman de l’émotion et de l’enchevêtrement des racines, la beauté du Méridional réside aussi dans cette écriture attachante, poétique, fluviale et cadencée par la rumba congolaise que le lecteur entend en permanence en fond sonore. Un voyage inoubliable…

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