Tunisie : Samir el-Wafi, mauvais scoop pour animateur star
Le célèbre présentateur tunisien a été arrêté. Pas pour un délit de presse, mais pour une affaire de droit commun : il est soupçonné de racket.
Animateur le plus controversé du paysage audiovisuel tunisien, Samir el-Wafi a l’habitude de défrayer la chronique. Diffusée tous les dimanches soir sur la chaîne Ettounsiya, son émission Liman yajroo fakat ("À celui qui ose seulement") a ainsi battu un record d’audience le 22 février, en réunissant près de 75 % des téléspectateurs – l’invité, ce jour-là, était Seif Trabelsi, un neveu de l’ex-première dame Leïla Ben Ali.
Celui qu’on surnomme "le Thierry Ardisson tunisien" avait déjà créé la sensation en décembre 2013 en donnant la parole au général Ahmed Chabir, l’un des principaux protagonistes de la journée du 14 janvier 2011 – celle de la fuite du président Zine el-Abidine Ben Ali.
Caniveau
Mais aujourd’hui, le chasseur de scoops se retrouve à son tour rattrapé par le scandale. Interrogé par la brigade criminelle dans le cadre d’une enquête sur une affaire de racket, il a été arrêté et placé sous mandat de dépôt le 15 avril. Son jugement a été fixé au 22. Un journaliste en prison, ça fait toujours mauvais genre, persiflent déjà les mauvaises langues.
Sauf que les faits relèvent davantage du droit commun que du délit de presse. L’animateur est soupçonné d’avoir tenté d’extorquer de l’argent à Hamadi Touil, un homme d’affaires lié à l’ancien régime et réfugié en France, en lui faisant miroiter une émission pour le blanchir et en lui promettant d’user de son entregent pour intervenir auprès des juges et de certains hommes politiques.
>> À lire aussi : Élections tunisiennes : guerre d’influence dans les médias
Samir el-Wafi ne compte pas que des amis dans la profession. "Il n’a jamais réellement été admis dans la caste journalistique, explique un éditorialiste. On lui reproche pêle-mêle son côté populiste et racoleur, son manque de diplômes, et d’avoir commencé dans la presse de caniveau. Et il est suspecté, à tort ou à raison, de connivences avec le CPR [Congrès pour la République], le parti de l’ex-président Moncef Marzouki."
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