Burundi : Esther Kamatari, une princesse couronnée de succès
Exilée en France depuis 1970, la princesse Esther Kamatari a défilé pour les plus grands couturiers, puis s’est lancée en politique. De sa vie elle a su faire un conte de fées.
Burundi, le grand saut
Législatives, communales, présidentielle, sénatoriales, collinaires… Le pays va se lancer, fin mai, dans un marathon électoral qui s’achèvera en août. Et le climat est tendu.
"Non !" Esther Kamatari le clame haut et fort : elle ne se présentera pas aux scrutins de 2015. Elle a déjà donné il y a dix ans, en représentant le mouvement monarchiste Abahuza ("rassembler", en kirundi) "dans des élections générales jouées d’avance", où elle n’avait grappillé qu’un petit pourcentage des suffrages, un siège au conseil municipal de Bujumbura et aucun au Parlement.
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À l’époque, elle avait battu campagne pendant un mois, redécouvrant un pays et un peuple qu’elle avait quittés depuis trente-cinq ans. Elle voulait renforcer le rôle des femmes au Burundi en étant la première d’entre elles à se porter candidate à une élection présidentielle. "Princesse, ce n’est pas un programme", assure la nièce de Mwambutsa IV.
Conseillère municipale de Boulogne-Billancourt, en région parisienne, où elle vit depuis 1987, la princesse Esther reçoit en toute simplicité dans la salle de mariage de style monumental de l’hôtel de ville boulonnais. Elle aurait pu également nous accueillir chez Guerlain, dont elle est ambassadrice depuis le mois de décembre. Car malgré l’assassinat de son père, en 1964, la chute de la monarchie en 1966, puis l’exil, sa vie de princesse ressemble à un conte de fées.
Alors que son pays sombre dans la crise, Esther parcourt la planète pour les plus grands noms de la haute couture française.
Oeil malicieux
Quand elle débarque en France, en 1970, à 19 ans, sans le sou ni aucun contact, elle se fait rapidement remarquer avec son port altier, son mètre quatre-vingt et ses 55 kilos. Une taille mannequin qui la propulse sur les podiums.
Alors que son pays sombre dans la crise, Esther, premier mannequin noir à défiler en France, parcourt la planète pour les plus grands noms de la haute couture française. Paco Rabanne, Lanvin, Dior… "Le monde de la mode n’est pas si différent de la vie au palais", fait-elle remarquer, l’oeil malicieux, en se remémorant la banderole "Welcome to the Princess Kamatari from Burundi", qui l’accueillit à Sydney un soir de 1979.
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Dorénavant, ce qui passionne son altesse, "c’est de transmettre, d’éduquer", de donner de l’espoir aux jeunes Burundais qui en manquent tant, et aux ados des banlieues françaises, à qui elle donne des cours d’élégance et de maintien. "Je leur apprends à marcher", explique Esther qui n’a jamais vraiment eu besoin de quelqu’un pour mettre un pied devant l’autre. Si ce n’est peut-être de cet inconnu qui la prit sous son aile à sa descente d’avion, il y a quarante-cinq ans.
Le temps d’un déjeuner et de quelques coups de fil, qui lui permirent de prendre son envol, de toucher les étoiles, et de croire plus que jamais en la sienne.
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