Burundi : Lingua franca

Marie-Louise Sibazuri est dramaturge, ambassadrice du Burundi déléguée à la Francophonie.

Publié le 23 avril 2015 Lecture : 3 minutes.

Cérémonie de danse rituelle au tambour royal du Burundi © Carl de Souza/AFP
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Burundi, le grand saut

Législatives, communales, présidentielle, sénatoriales, collinaires… Le pays va se lancer, fin mai, dans un marathon électoral qui s’achèvera en août. Et le climat est tendu.

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Depuis la signature de la convention de Niamey, en 1970, le Burundi est membre de l’Organisation internationale de la francophonie (OIF). Enseigné à tous les niveaux – du primaire au supérieur -, le français est devenu la langue de l’administration. Cela lui a donné une avance notable sur les autres langues étrangères de par le nombre de ses locuteurs, les livres publiés, les travaux de recherche, les productions artistiques…

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Cependant, depuis son adhésion à la Communauté de l’Afrique de l’Est (EAC) en 2007, les spéculations vont bon train. La langue française tiendra-t-elle le coup face aux quatre autres pays de l’EAC, dont trois sont de tradition anglophone (Kenya, Ouganda, Tanzanie), le quatrième (le Rwanda) étant passé résolument à l’anglais depuis 1994 ?

Certes, une langue qui ne se pratique pas peut être appelée à disparaître. Mais est-ce le cas du français au Burundi ? L’engagement politique, qui vient de se traduire par la signature d’un pacte linguistique entre le gouvernement et l’OIF, et les recommandations issues des différents colloques entre experts sur la question, montrent que l’État a pour objectif majeur de donner au français un rôle de langue d’ouverture afin de faire du Burundi un foyer de rayonnement régional pour cette langue.

Loin d’être préjudiciable à cette dernière, l’adhésion du Burundi à l’EAC devrait au contraire contribuer à la valoriser. Le pays, qui est aussi membre d’autres ensembles sous-régionaux francophones, incite en effet ses partenaires de l’EAC à promouvoir et à favoriser le plurilinguisme, notamment en adoptant le français comme seconde langue de travail au sein de cet organisme.

En outre, le Burundi se fait fort de stimuler ses partenaires dans l’apprentissage et le perfectionnement du français à travers son Centre des langues, qui a déjà fait preuve d’excellence en la matière. Selon le panorama La Langue française dans le monde [publié en novembre 2014 par l’observatoire de l’OIF], "le nombre de francophones ne cesse de progresser et la demande de français ne faiblit pas…".

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Il n’y a donc pas péril en la demeure. Le français se porte bien. Que ce soit au Burundi ou ailleurs.

En Afrique, on peut même dire qu’il a le vent en poupe. Et cela tombe sous le sens au regard de la politique que prône l’OIF, qui met non seulement l’accent sur le domaine socioculturel, mais aussi sur l’économie.

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Une politique qui donne une place de choix aux femmes et aux jeunes, en tant que vecteurs de paix et acteurs de développement, selon le thème choisi par la Francophonie pour son XVe sommet des chefs d’État et de gouvernement, les 29 et 30 novembre 2014, à Dakar.

En tant qu’ambassadrice déléguée à la Francophonie au Burundi, je ne peux certes pas verser dans l’autosatisfaction. Il y a encore beaucoup à faire pour que la place privilégiée qu’occupe le français dans notre système éducatif porte de beaux fruits, tant pour la qualité de la langue que pour la quantité des locuteurs. C’est un projet de longue haleine, que le pays porte en partenariat avec la Francophonie.

Quant à la présence de l’anglais à côté du français, non seulement elle permettra de développer une certaine flexibilité et une plus grande ouverture, mais la maîtrise des deux langues sera un atout qui multipliera les chances d’insertion sur le marché du travail. Au Burundi, le français est une langue qui vit et bouge.

Et ce qui vit ne peut pas ne pas être

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