Football : profession agent de joueurs, le grand foutoir de la Fifa

Depuis le 1er avril, nul besoin d’une licence de la Fédération internationale pour exercer la profession d’agent de joueurs. En clair : n’importe qui peut faire n’importe quoi !

Selon Bernard Caïazzo ‘Hors du Royaume Unis et de la France, ce seront les fédérations qui régle © AFP

Selon Bernard Caïazzo ‘Hors du Royaume Unis et de la France, ce seront les fédérations qui régle © AFP

Alexis Billebault

Publié le 20 avril 2015 Lecture : 2 minutes.

La sacro-sainte "transparence" est à la mode à la Fifa, la Fédération internationale de football. Enfin, dans les mots, car dans les faits, c’est loin d’être toujours le cas. Un exemple ? Une réforme entrée en vigueur le 1er avril risque de rendre le marché des transferts encore plus opaque.

Indispensable jusqu’ici pour exercer le métier d’agent de joueurs, la licence Fifa est ainsi remplacée dans certains pays par un système d’enregistrement d’intermédiaires. Dans certains autres, en revanche, ladite licence reste en vigueur.

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"Au Royaume-Uni et en France, regrette Bernard Caïazzo, le président de l’AS Saint-Étienne, il existe des lois qui encadrent la profession. Mais ailleurs, ce sont les fédérations qui feront la réglementation. Or elles disposent parfois de faibles moyens. Dans les moins bien organisées, cela promet un joyeux foutoir : n’importe qui pourra conclure un transfert. La Fifa se débarrasse du problème en libéralisant totalement le système."

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Dérives

Les pays les mieux protégés par des dispositions réglementaires ne sont cependant pas à l’abri des dérives. "Il y a de plus en plus d’intermédiaires dans le football, rappelle Stéphane Canard, président de l’Union des agents sportifs du football (UASF) et premier agent français à avoir obtenu une licence, en 1995. Et c’est justement cette multiplication qui m’incite à penser que cette réforme n’est pas bonne et qu’elle n’aura qu’une durée de vie limitée.

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À long terme, je ne suis donc pas spécialement inquiet, mais dans l’immédiat n’importe qui va pouvoir faire n’importe quoi. Déjà, le syndicat des agents anglais a porté plainte. D’autres ont saisi la justice suisse, puisque le siège de la Fifa est à Zurich." Bernard Caïazzo sait bien qu’il y a de bons et de mauvais agents. Mais il n’attend rien de bon de la prolifération des intermédiaires.

Gare aux aigrefins ! "Il y a peu, raconte-t-il, on voulait faire venir à Saint-Étienne un joueur du championnat d’Angleterre. Un jour, un pseudo-agent nous a contactés pour nous demander de virer une importante somme d’argent sur un compte aux Émirats arabes unis, ce qui, naturellement, a immédiatement mis fin aux négociations."

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Harmonisation

À en croire Philippe Diallo, le directeur général de l’Union des clubs professionnels de football (UCPF), la disparition de la licence Fifa va compliquer le travail des dirigeants : "Dans les transferts franco-français ou anglo-anglais, il n’y aura pas trop de problèmes pour identifier l’agent d’un joueur. Mais à l’international, ce sera encore pire qu’aujourd’hui. Il faut une harmonisation pour éviter que l’argent des transferts se perde dans des circuits impossibles à tracer."

Les systèmes en vigueur en France et en Angleterre vont contraindre les agents étrangers désireux d’y faire des affaires à s’associer à un local. Étienne Mendy (un ancien joueur pro), de l’agence Mondial Promotion, s’attend à ce que "les joueurs soient pénalisés s’ils sont mal entourés et mal conseillés. Nombre de parents, d’amis ou d’avocats sont déjà tentés de jouer les intermédiaires. Ça risque d’être encore pire à présent." 

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