Yémen : Abd Rabbo Mansour Hadi, sans fleurs ni couronne

Vaincu par la milice chiite houthiste, le président du Yémen a fui le pays. Ce n’est pas la gloire, aux yeux de ses compatriotes…

Elu avec 99,8% des voix en 2012 et aujourd’hui réfugié en Arabie saoudite. © Hani Mohammed/AP/SIPA

Elu avec 99,8% des voix en 2012 et aujourd’hui réfugié en Arabie saoudite. © Hani Mohammed/AP/SIPA

ProfilAuteur_LaurentDeSaintPerier

Publié le 15 avril 2015 Lecture : 1 minute.

Un attentat l’avait fait chef d’État. Les kalachs d’une milice viennent de le condamner à la fuite et au mépris de ses fiers compatriotes. Candidat unique élu par 99,8 % des voix lorsque le raïs Ali Abdallah Saleh, blessé par une bombe en juin 2011, avait fini par abdiquer en février 2012 après trente-trois années de règne, Abd Rabbo Mansour Hadi, 69 ans, n’aura pas tenu trois ans à Sanaa.

Le 25 mars, il a décampé du palais présidentiel d’Aden pour se réfugier à Riyad, implorant son donneur d’asile saoudien d’aller avec une dizaine d’alliés écraser sous ses missiles la milice des houthistes qui, partie du Nord, avait conquis la capitale en septembre 2014, l’amenant à démissionner puis à déguerpir une première fois en février vers l’extrême sud du Yémen.

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"Je dis aux pantins de l’Iran et à quiconque se tient à leurs côtés, c’est vous qui avez détruit le Yémen par votre immaturité politique", a lancé Hadi le 28 mars au sommet de la Ligue arabe de Charm el-Cheikh, en Égypte, à l’adresse de la milice chiite.

Nid de serpents

Replet, yeux battus derrière ses bésicles, le fugitif n’est plus qu’une pâle copie du jeune officier du Yémen du Sud qui s’était hissé au grade de général de brigade avant de faire défection en 1986 pour le Nord, plaçant ses unités au service du président Saleh. Nommé en 1994 ministre de la Défense puis vice-président du Yémen unifié, il n’a pas su apprendre de son mentor à "danser sur un nid de serpents", comme l’ex-dictateur résumait son art de gouverner.

Dans sa première interview présidentielle au quotidien saoudien Asharq Al-Awsat, Hadi avait fait du dialogue et de l’unité nationale sa priorité. À l’heure où le Yémen sombre dans la discorde confessionnelle et la loi des milices, bombardé par une coalition étrangère et gangrené par Al-Qaïda, regrette-t-il d’avoir souhaité dans le même entretien "conclure [sa] carrière politique par une réussite éclatante au service de la patrie" ?

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