Guinée : l’opposition exclut un dialogue sans modification du calendrier électoral
L’opposition guinéenne manifestera jusqu’à ce que le président Alpha Condé accepte une modification du calendrier électoral et l’organisation des scrutins locaux avant la présidentielle, a réaffirmé vendredi l’opposition, après des violences meurtrières en début de semaine.
"Ce qui nous reste à faire, c’est de manifester jusqu’à ce que lui-même, M. Alpha Condé, comprenne que nous n’accepterons pas d’aller à l’élection présidentielle avant les communales", a dit à l’AFP Fodé Oussou Fofana, vice-président de l’Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG).
Ce responsable du parti de l’ex-Premier ministre Cellou Dalein Diallo, principale formation d’opposition, réagissait à des déclarations de M. Condé, en visite cette semaine à Washington, à la radio Voice of America (VOA). Le chef de l’Etat, invoquant les travaux de la Commission électorale nationale indépendante (Céni), a jugé "techniquement impossible d’organiser ces élections communales avant 2016", soit avant la présidentielle, fixée à octobre 2015, comme l’exige l’opposition.
Il a balayé les soupçons de l’opposition que les exécutifs communaux provisoires désignés par le pouvoir, faute de scrutin à cet échelon depuis 2005, ne favorisent des fraudes massives en sa faveur. "Ces instances ne jouent aucun rôle actuellement au niveau de l’organisation des élections", a-t-il assuré. Les autorités ont proposé cette semaine à l’opposition de reprendre le dialogue. Mais, selon le responsable de l’UFDG, "ça ne sert absolument à rien de dialoguer parce que nous connaissons clairement maintenant la position de M. Alpha Condé".
"Les gendarmes ne tirent pas à balles réelles"
Le chef de l’Etat a par ailleurs écarté toute responsabilité des forces de l’ordre dans les violences avec les partisans de l’opposition lundi et mardi à Conakry, assurant qu’elles ne disposaient que d’"armes non létales". "Dans aucun des hôpitaux il n’y a eu un seul mort. Et les gendarmes ne tirent pas à balles réelles", a-t-il déclaré à VOA.
L’opposition a fait état de "trois morts, une cinquantaine de blessés dont au moins douze par balle et près de cent interpellations". Le gouvernement a fourni un bilan de deux morts et d’une dizaine de blessés, et annoncé l’ouverture d’une enquête.
La Fédération internationale des droits de l’Homme (FIDH) et plusieurs ONG ont appelé vendredi les autorités à "faire la lumière" sur ces violences, et à "garantir l’usage d’armes non létales, ainsi qu’un recours proportionnel à la force". Dans un communiqué, elles ont exhorté pouvoir et opposition à un "dialogue politique constructif et apaisé".
Délégation de l’ONU à Conakry
Par ailleurs, une délégation de l’ONU, arrivée mercredi à Conakry, a terminé vendredi une mission de trois jours et a également appelé au dialogue. "Il serait important que les acteurs politiques dialoguent afin d’aboutir à une solution qui satisfasse tout le monde", a déclaré vendredi soir à la presse le chef de cette mission, Simon Pierre Nani, un responsable du département des affaires politiques de l’ONU.
La délégation de l’ONU avait auparavant, le même jour, rencontré séparément deux responsables de l’opposition, les anciens Premiers ministres Cellou Dalein Diallo et Sidya Touré, et des députés de l’opposition, selon un journaliste de l’AFP. Elle s’était entretenue jeudi avec le Premier ministre Mohamed Saïd Fofana et des responsables du parti présidentiel. L’opposition a appelé à manifester à nouveau lundi à Conakry et jeudi dans tout le pays pour que la Céni revienne sur son calendrier.
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