Zimbabwe : quand Mugabe se change en « Miss Roberta »
Résignés, les internautes zimbabwéens s’attardent davantage sur les photographies de leur président que sur sa politique. Sur le dernier cliché à la mode, Robert Mugabe semble porter des attributs de femmes…
L’Afrique n’échappe pas au règne du buzz, et plus particulièrement à la dictature de l’image, que celle-ci soit l’œuvre d’un paparazzi, d’un nombriliste "selfie addict" ou d’un adepte de montages grossiers. Est-ce parce qu’il est nonagénaire que la frêle silhouette du président du Zimbabwe est scrutée à chaque instant ? Est-ce la vacuité de son discours politique qui fait qu’on ne s’arrête qu’aux détails croustillants de ses exhibitions ?
Ces derniers jours, en tout cas, les internautes ne commentent guère le dégoût du président en exercice de l’Union Africaine face aux dramatiques violences xénophobes qui se répètent en Afrique du Sud. Ils ne relaient guère le mystère qui entoure les raisons profondes de sa visite en Algérie. Ils rebondissent à peine sur le refus du vieux Bob, le 10 avril dernier, à l’issue d’une visite d’État en Afrique du Sud, de parler à un journaliste "pâle", indiquant qu’il n’avait pas "envie de voir une tête de Blanc". De quoi, pourtant, relativiser quelque peu sa condamnation de la xénophobie…
Éclipse totale
Non, ce qui fait bruisser la Toile, c’est un cliché déjà baptisé "Miss Roberta Mugabe". Sur cette photo prise début avril à la base aérienne Waterkloof, à Pretoria, le président zilmbabwéen semble y porter d’élégantes boucles d’oreilles en forme de gouttes dorées et de longs cheveux soigneusement séparés par une raie au sommet du crâne. Robert (Roberta) aurait-il (elle) attendu 91 ans pour se découvrir des tentations de travestis ? S’agirait-il d’un "fake", un de ces photomontages que les geeks tentent de faire passer pour des clichés authentiques ? Que nenni.
Robert Mugabe à pretoria, le 7 avril 2015. © AP/Sipa
Absolument pas retouchée, cette photographie n’est qu’une banale illusion d’optique. Banale mais particulièrement frappante : la femme – dont l’identité reste préservée – qui arbore cette tignasse et ces bijoux se situe derrière le président, aussi parfaitement alignée sur lui et l’objectif du photographe que le soleil sur la lune et la terre lors d’une éclipse totale.
Un nouveau mème
Robert Mugabe ne ratant jamais une occasion de s’en prendre à l’ancien colon britannique, la publication londonienne "Daily Mail" n’a pas manqué d’ironiser sur ce cadeau du hasard (ou d’un photographe particulièrement coquin). Comme une allusion aux velléités du vieux dirigeant de sélectionner, dans sa famille, une successeuse, le journal a titré "J’ai dit que j’avais besoin d’un nouvel héritier", jouant sur les mots "heir"(héritier) et "hair" (cheveux)…
Lorsqu’il s’agit des images du président zimbabwéen, les internautes font feu de tout bois. Le 4 février, à l’aéroport d’Harare, devant des centaines de partisans et des journalistes, Robert Mugabe se prenait les pieds dans un tapis à l’issue d’un discours. L’agence Associated Press affirme que les services de sécurité auraient, sur place, contraint nombre de photographes à supprimer les images de leur chef à quatre pattes. Peine perdue. Le cliché est non seulement apparu sur internet, dans sa version originale, mais aussi dans une kyrielle de détournements, donnant naissance à un "mème". Sur quelques photomontages, on découvre ainsi Robert Mugabe sur une planche de surf, sur une piste de danse ou sur un balai volant, façon Harry Potter…
>> Retrouvez ici tous les dessins de Damien Glez
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