Méditerranée : les dirigeants européens envisagent une action militaire contre les passeurs

Réunis jeudi en sommet extraordinaire pour tenter d’apporter une réponse aux trop nombreux décès de migrants qui tentent de traverser la Méditerranée, les chefs d’État européens se prononceront sur une éventuelle opération militaire dirigée contre les trafiquants de migrants en Libye.

Des migrants sur le port d’Augusta, le 22 avril 2015. © Alberto Pizzoli/AFP

Des migrants sur le port d’Augusta, le 22 avril 2015. © Alberto Pizzoli/AFP

Publié le 23 avril 2015 Lecture : 2 minutes.

Le projet de déclaration du sommet qui se tient le 23 avril à Bruxelles estime qu’il faut "entreprendre des efforts systématiques pour identifier, capturer et détruire les bateaux avant qu’ils ne soient utilisés par les trafiquants". Les chefs d’État et de gouvernement devraient donc lancer les "préparatifs pour une possible opération de sécurité et de défense", autrement dit une opération militaire.

Ce serait une première dans la lutte contre l’immigration clandestine. "Personne ne parle d’envoyer des troupes au sol", a assuré une source européenne, tout en soulignant que la question d’un mandat des Nations unies "dépend de l’étendue de la mission". "Ce ne sera pas une guerre, mais des actions ciblées". C’est surtout à la demande de l’Italie, par la voix du chef de son gouvernement, Matteo Renzi, que l’Europe pourrait lancer des interventions ciblées contre les passeurs en Libye.

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Des experts sceptiques sur la mise en oeuvre

Les experts se montrent très sceptiques sur la mise en oeuvre de telles opérations, qui prendront de toute façon beaucoup de temps à être lancées. Atalante, la mission militaire de l’UE contre la piraterie au large des côtes somaliennes a été lancée en 2008, mais les premières actions contre les bateaux des pirates ont été menées en 2011-2012, a rappelé l’eurodéputé français Arnaud Danjean.

"Que peut-on faire pour endiguer ce trafic par la force, la réponse est simple: rien", a assuré à l’AFP l’ex-amiral français Alain Coldefy.

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Un doublement du budget de Frontex

Le plan soumis aux dirigeants européens prévoit aussi de "doubler" de trois à six millions d’euros le budget mensuel alloué à Frontex, l’agence chargée de la surveillance des frontières, pour renforcer les moyens alloués aux missions maritimes Triton en Italie et Poséidon en Grèce.

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Un meilleur accueil des migrants

Le troisième volet traite de l’accueil des migrants. Il propose aux États d’accueillir "au moins 5 000 personnes ayant obtenu le statut de réfugiés", dans le cadre d’un projet de réinstallation. Sachant que plus de 20 000 migrants sont déjà arrivés sur les côtes italiennes depuis le début de l’année, le plan paraît déjà maigre.

Diplomatie libyenne

Montrée du doigt par tous, la Libye, en proie à l’instabilité politique, se doit également d’agir. Le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker et son homologue auprès de l’Union africaine, Nkosazana Dlamini-Zuma, ont exigé que les factions rivales en Libye se mettent rapidement d’accord pour reconstruire un État, première étape pour permettre d’endiguer le flux de migrants.

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(Avec AFP)

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