Méditerranée : le bilan du naufrage de dimanche s’élève à 800 morts, l’Europe se réunit jeudi
L’Union européenne doit tenir jeudi un sommet extraordinaire dans le but de mettre un place un plan d’action pour répondre au drame des migrants en Méditerranée.
Un terrible bilan
Des représentants du Haut commissariat des Nations unies aux réfugiés (HCR) et de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) ont confirmé mardi 21 avril que 800 personnes sont mortes dans le naufrage d’un chalutier dimanche au large de la Libye.
"Nous avons confronté les témoignages, il y avait un peu plus de 800 personnes à bord, dont des enfants de 10 à 12 ans. Il y avait des Syriens, environ 150 Érythréens, des Somaliens… Ils étaient partis samedi à 8 heures de Tripoli", en Libye, a expliqué Carlotta Sami, porte-parole du HCR.
Selon le récit des survivants, le chalutier qui les transportait a chaviré sous l’effet d’un mouvement de foule alors qu’approchait un cargo portugais appelé à son secours. Les garde-côtes italiens, qui ont repêché 24 corps, débarqués lundi matin à Malte, et 28 survivants, n’ont pas confirmé ce bilan.
La police italienne a annoncé dans la nuit que deux des survivants, un Tunisien et un Syrien, soupçonnés d’être le capitaine et un membre d’équipage du chalutier, avaient été arrêtés à bord du bateau des garde-côtes. Un 28è survivant a été transporté d’urgence dimanche en raison de son état de santé et était déjà hospitalisé à Catane.
La semaine dernière, quelque 450 migrants étaient déjà morts dans des accidents similaires, selon les autorités italiennes. La série noire semblait se poursuivre lundi : un bateau pneumatique, transportant 100 à 150 personnes, et un bateau plus vaste, avec quelque 300 personnes à bord, ont lancé un appel au secours alors qu’ils se trouvaient en difficulté au large de la Libye. Un migrant a appelé l’OIM, affirmant qu’il était en train de couler et que 20 passagers étaient déjà morts. L’information n’a pas encore été confirmée.
Quelle action européenne ?
En réaction, l’Union européenne a décidé de tenir jeudi un sommet extraordinaire. "Nous ne pouvons pas continuer comme cela, nous ne pouvons accepter que des centaines de personnes meurent en essayant de traverser la mer pour venir en Europe", a affirmé le président du Conseil européen, Donald Tusk.
Mais il a prévenu qu’il ne fallait "pas attendre de solutions rapides aux causes profondes des migrations, parce qu’il n’y en a pas". "S’il y en avait, nous les aurions mises en œuvre depuis longtemps", a-t-il insisté.
"Si nous n’agissons pas maintenant, la crise va prendre des proportions dangereuses dans les mois qui viennent", a prévenu le commissaire européen en charge du dossier, Dimitris Avramopoulos, en détaillant un plan d’action en dix points qui servira de "base de travail" aux dirigeants jeudi.
>> Lire aussi : réunion extraordinaire des dirigeants européens le 23 avril à Bruxelles
Ce plan a été soumis lundi aux ministres des Affaires étrangères et de l’Intérieur de l’UE. Il prévoit le doublement des moyens pour la mission de surveillance maritime Triton, qui pourra patrouiller dans une zone plus large et devra participer aux secours.
Une mesure plus audacieuse, de capture et de destruction des bateaux utilisés par les trafiquants, est également envisagée, mais elle devra recevoir le feu vert de l’ONU et vaincre les réticences de certaines capitales, notamment Londres. "Nous n’avons plus d’alibi", a lancé la chef de la diplomatie européenne, Federica Mogherini. "Les tragédies de ces derniers jours, de ces derniers mois, de ces dernières années, c’en est trop".
L’UE semble prête à réexaminer la répartition des demandeurs d’asile au sein des 28, et non plus seulement en Italie, en Grèce, en Espagne, à Malte et Chypre, les principales portes d’entrée dans l’UE. Les Européens se montraient jusqu’ici très frileux, craignant que le renforcement des secours en mer et l’engagement à accueillir plus de gens ne créent un appel d’air.
Comment inclure l’Afrique ?
Les Européens misent aussi sur la coopération avec les pays d’origine et de transit pour mieux réguler les flux. Ils pèsent ainsi de toutes leurs forces pour la formation d’un gouvernement d’union en Libye afin de mettre fin au chaos dans le pays, où l’organisation Etat islamique (EI) s’est implantée, seul moyen d’endiguer durablement les départs de migrants africains et de réfugiés syriens massés sur ses côtes.
Interrogé sur Europe 1, le président congolais Denis Sassou Nguesso a lui appelé "le Conseil de paix et sécurité de l’UA à se saisir des problèmes des flux migratoires".
"Il s’agit là un phénomène qui intéresse d’abord l’Afrique. Il ne peut pas y avoir de solutions aux problèmes africains sans les Africains", a-t-il déclaré en précisant que la question libyenne doit être sérieusement pris en main par l’Europe et l’Afrique."
>> Lire aussi : L’Europe et l’Afrique face aux drames de l’immigration en Méditerranée
(Avec AFP)
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