Dans une vidéo, l’EI assassine 28 hommes présentés comme des chrétiens éthiopiens
Le groupe terroriste État islamique (EI) a diffusé dimanche une nouvelle vidéo de propagande de 29 minutes se terminant par l’exécution d’au moins 28 hommes, présentés comme des Éthiopiens vivant en Libye. Décryptage.
L’EI et le christianisme
La conversion à l’islam, le tribut ou la mort. C’est le message simpliste de l’Étta islamique qui est à nouveau au coeur une nouvelle vidéo de 29 minutes. Elle montre deux groupes d’hommes présentés comme des "fidèles" de "l’Eglise éthiopienne ennemie". Au moins 12 hommes d’un premier groupe sont égorgés sur une plage tandis qu’au moins 16 d’un second groupe sont tués par balles à bout portant dans une zone désertique indéterminée. L’enregistrement porte le logo de l’EI et suit la même mise en scène que celui d’il y a deux mois concernant la décapitation de 21 coptes égyptiens.
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Les 12 hommes, vêtus de combinaisons oranges, sont amenés sur la plage avant d’être couchés au sol et décapités au couteau. Un homme habillé en noir s’exprime en anglais alors que les autres bourreaux, un derrière chaque prisonnier, sont intégralement vêtus de treillis militaires et silencieux. Tous sont masqués. L’orateur, qui brandit un pistolet, menace les chrétiens s’ils ne convertissent pas à l’islam.
Les images des exécutions concluent la vidéo. Auparavant, elle montre des hommes présentés comme des chrétiens de Syrie expliquer que les jihadistes leur ont donné le choix de se convertir à l’islam ou de payer, et qu’ils ont choisi de donner de l’argent.
Il s’agit du statut de dhimmi, accordé par le droit islamique traditionnel aux non-musulmans vivant dans un pays musulman, et que l’État islamique dit appliquer dans les territoires qu’il contrôle. Moyennant le paiement d’un impôt et en acceptant de renoncer à certains de leurs droits, les communautés minoritaires peuvent bénéficier d’une liberté de culte restreinte et d’une protection.
L’Éthiopie visée
À Addis Abeba, l’Ethiopie a "condamné fermement de telles atrocités, qu’elles concernent des Éthiopiens ou d’autres" nationalités, a déclaré à l’AFP le ministre de la Communication, Redwan Hussein. L’ambassade d’Éthiopie en Égypte tentait d’obtenir la confirmation de la nationalité éthiopienne des victimes, a-t-il ajouté.
La Maison Blanche a condamné l’exécution "dans les termes les plus forts", la qualifiant dans un communiqué de "massacre brutal", et appelant urgemment à un "réglement politique du conflit" en Libye.
C’est la première fois que l’EI cible dans une vidéo des ressortissants de l’Éthiopie, un pays situé au sud-est de la Libye et séparé par le Soudan. Environ deux-tiers des Éthiopiens sont chrétiens, la majorité d’entre eux étant des coptes orthodoxes, une communauté qui affirme être présente dans la Corne de l’Afrique depuis le 1er siècle.
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De nombreux Éthiopiens ont quitté leur pays pour aller chercher du travail, notamment en Libye, où la main d’oeuvre étrangère était nombreuse avant que le pays ne tombe dans le chaos à la suite de la chute de Mouammar Kadhafi en 2011. Des Éthiopiens rejoignent aussi la Libye pour tenter de rejoindre l’Europe par la mer. C’est probablement l’un de ces groupes de migrants qui a été intercepté, et ses membres froidement assassinés par les terroristes visiblement pour des raisons de propagande.
(Avec AFP)
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