Barclays : la cohérence retrouvée
Après avoir erré depuis la reprise d’Absa en 2005, le groupe britannique s’est enfin forgé une stratégie en Afrique. Il le doit notamment à son éphémère directeur général, Bob Diamond.
La stratégie de Barclays, sixième plus grande banque du monde avec environ 1 800 milliards d’euros d’actifs, devient plus lisible à mesure que la poussière retombe sur la démission forcée de son directeur général, Bob Diamond, en juillet, à la suite du scandale du Libor. Barclays a été la première banque à payer des amendes (360 millions d’euros en juin) pour des manipulations frauduleuses de ce taux interbancaire de référence sur le marché londonien. Depuis lors, le scandale a touché jusqu’à vingt autres institutions de premier plan, avec de nouvelles charges telles que le trafic de narcodollars et le contournement de sanctions.
En tant que chef de la banque d’investissement de Barclays (aujourd’hui Barclays Capital) de 1997 à 2011, Bob Diamond avait réussi à construire une véritable banque universelle de stature mondiale, donnant ainsi un nouveau souffle à une institution vieille de plus trois cents ans et connue dans le monde entier pour ses opérations de vente au détail, ses prêts aux petites entreprises et ses cartes de crédit Barclaycard. C’est à lui, aussi, qu’on devait la rationalisation de la stratégie africaine du groupe britannique.
Perte de cap
Depuis plus de cent ans, Barclays a œuvré un peu partout sur le continent : au Botswana, en Égypte, au Ghana, au Kenya, à Maurice, au Mozambique, aux Seychelles, en Afrique du Sud, en Tanzanie, en Ouganda, en Zambie et au Zimbabwe. Le groupe a manifesté pleinement son intérêt pour le continent en achetant en 2005, pour 2,1 milliards d’euros, une participation de 56 % dans Absa Bank. C’était dix-neuf ans après être sorti d’Afrique du Sud à la suite de manifestations antiapartheid. Mais ensuite, la stratégie a perdu son cap. De fait, Barclays n’a pas réussi à intégrer Absa dans ses opérations en Afrique, et, depuis lors, les deux établissements ont paru travailler en parallèle.
En 2007, le bureau régional de Barclays Africa est installé à Dubaï, avec une franchise élargie pour couvrir tous les marchés émergents, dont l’Inde, le Pakistan, la Russie et les Émirats arabes unis. De son côté, Absa, acteur important en Afrique du Sud, commence à accuser un retard important sur ses concurrents en Afrique, avec une présence dans seulement trois pays – la Tanzanie, la Namibie et le Mozambique. Pour ne rien arranger, en 2010, Barclays vend son entreprise africaine de conservation de titres – qui s’était pourtant construit une bonne réputation dans huit marchés de capitaux – à Standard Chartered.
L’opinion de l’analyste
La banque veut être parmi les trois premières dans chaque pays où elle opère, et Barclays a déjà une position solide dans bon nombre d’entre eux. Reste qu’au Nigeria son absence est flagrante. La situation évolue positivement, avec plus d’activités sur le segment des entreprises en Afrique. Absa a quant à lui connu des changements au niveau du management et dispose d’une bonne place en Afrique du Sud, que les autres banques tentent de lui ravir. Par le passé, l’établissement sud-africain était faible dans la banque d’investissement. Dans ce domaine, il a bénéficié de l’expérience de Barclays. Tracy Brodziak, analyste chez Old Mutual
C’est dans ce contexte, et alors que rivaux mondiaux et sud-africains se livrent déjà une vive compétition pour développer leur présence en Afrique, que Bob Diamond devient directeur général de Barclays, en janvier 2011. Réputé pour son sens de la stratégie, le patron est connu pour faire bouger les choses. Sous sa férule, les différentes stratégies africaines passées deviennent simplement la stratégie One Africa (« Une Afrique »), placée sous le symbole de l’union (entre Barclays et Absa). Dans la foulée, le bureau africain de Barclays fait son retour à Johannesburg, fin 2011, tandis que Maria Ramos, dirigeante d’Absa Group, prend la tête de Barclays Africa.
Vers une fusion
Le travail commence pour de bon, afin de combiner et de rationaliser les structures respectives de Barclays et d’Absa. Le groupe britannique souhaite désormais officiellement fusionner ses propres opérations avec celles de sa filiale sud-africaine. Bob Diamond a même déclaré que Barclays aimerait monter sa participation dans Absa à environ 75 %, le solde étant détenu par des groupes d’actionnaires noirs, au nom du Black Economic Empowerment. Les pourparlers, encore à un stade précoce, sont peu susceptibles d’aboutir avant 2013, mais le management a d’ores et déjà fusionné, via des accords de transferts de services entre Barclays et Absa.
Bob Diamond a quitté Barclays au début de juillet 2012, sous la pression du gouverneur de la Banque d’Angleterre. Et fin août, Anthony Jenkins est officiellement devenu le nouveau directeur général. Un historique de la maison, qui ne devrait pas bouleverser ni remettre en cause la nouvelle stratégie de Barclays en Afrique.
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