Afrique du Sud : Durban se mobilise contre la xénophobie
Ils sont plusieurs milliers à manifester jeudi à Durban pour dénoncer la vague d’attaques contre les ressortissants étrangers installés dans la ville.
Mobilisation
Des milliers de Sud-Africains défilaient jeudi 16 avril dans le centre de Durban pour manifester contre la vague de violence xénophobe. Plusieurs ministres participaient à cette marche organisée par la municipalité. Ils ont pris la parole lors d’un meeting qui a lieu en marge de la manifestation.
L’Union nationale des mineurs (NUM) s’est associée à la mobilisation. Son porte-parole a dénoncé la "violence xénophobe" appelant "l’État à la juguler".
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Depuis deux semaines en Afrique du Sud, des ressortissants étrangers installés dans la ville de Durban, en majorité des Africains, sont la cible d’attaques répétées. Plusieurs dizaines de commerces tenus par des Somaliens ont été pillés lundi 13 avril. Le bilan de la police fait état de 4 morts.
En réaction, le Kenya a annoncé qu’il envisageait de rapatrier ses concitoyens.
Provocations
Une première poussée de violence avait mis à la rue quelque 250 immigrés, pour la plupart venus de République démocratique du Congo, le 31 mars au sud de Durban. Des événements survenus quelques jours après que le roi des Zoulous, Goodwill Zwelithini, la plus haute autorité traditionnelle du KwaZulu-Natal – la province où est située Durban -, eut appelé les étrangers à "faire leurs bagages et quitter" l’Afrique du Sud.
Le propre fils du président Jacob Zuma, Edward, lui a donné raison quelques jours plus tard. Les exactions contre les étrangers sont courantes en Afrique du Sud. Une explosion de violences avait fait 62 morts en 2008. La situation s’est nettement calmée depuis, mais des incidents sporadiques n’ont jamais cessé dans les townships, visant surtout des Bangladais, des Somaliens et des Éthiopiens, dont les magasins sont régulièrement pillés.
#peacemarch #durban marches against attacks of foreign nationals #xenophobia pic.twitter.com/hCxBiSa3rN
— ike chikadibia (@chicksdibia) 16 Avril 2015
Plusieurs centaines de boutiques tenues par des immigrés ont notamment été mises à sac en janvier à Soweto, le grand township de Johannesburg, des troubles qui ont fait une demi-douzaine de morts. Les petits commerçants étrangers sont très nombreux dans les quartiers populaires sud-africains, où ils tiennent des épiceries et toutes sortes d’échoppes. Les agresseurs sont souvent des concurrents locaux – qui les accusent de casser les prix – ou des chômeurs leur reprochant de voler le travail des Sud-Africains.
>> Lire aussi : Cecil Rhodes déboulonné, un millier de migrants en fuite après des violences xénophobes
Réaction du gouvernement
Le gouvernement a mis du temps à réagir. Le président sud-africain Jacob Zuma a lancé un appel au calme et à la fin des violences xénophobes dans son pays, jeudi lors d’un allocution solennelle devant le Parlement. "Nous condamnons les violences dans les termes les plus forts. Nous appelons au calme et à l’arrêt des violences", a-t-il dit devant les députés. "Aucun niveau de frustration ou de colère ne peut justifier des attaques contre les ressortissants étrangers et le pillage de leur commerces", a insisté le chef de l’Etat.
"Ces attaques violent toutes les valeurs qu’incarne l’Afrique du Sud, (…) notre pays se dresse contre toutes les intolérances: le racisme, la xénophobie, l’homophobie, le sexisme", a-t-il ajouté.
Avnt lui, le 12 avril, Mac Maharaj, porte-parole du président Zuma, avait appelé les Sud-Africains à condamner ces violences : "Le président condamne avec fermeté toute violence contre les étrangers, les destructions et les pillages de commerces à Durban. Les étrangers ne vivent pas tous illégalement dans notre pays. De nombreux étrangers ont des papiers en règle et contribuent de façon significative à l’économie et au développement de l’Afrique du Sud, et respectent les lois de ce pays."
Les autorités ont ensuite envoyé un groupe de travail à Durban pour tenter de juguler les violences.
>> Lire aussi : les propos xénophobes du fils de Jacob Zuma font scandale
(Avec AFP)
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