RDC – Massacre de civils à Beni : que font l’armée et la Monusco ?
Dix-neuf personnes ont été tuées à la machette mercredi à Beni, territoire de l’est de la RDC où des massacres de civils ont lieu depuis plus de six mois. Une situation qui perdure malgré la présence des Casques bleus et de l’armée dans la région.
Mis à jour le 17/04 à 10 heures
Les massacres continuent à Beni
Les jours passent et se rassemblent à Beni. Depuis plus de six mois, ce territoire du Grand Nord, dans l’est de la RDC, est le théâtre de fréquents massacres attribués aux rebelles ougandais islamistes de l’Armée de résistance du seigneur (LRA). Et mercredi 15 avril, une nouvelle tuerie a été perpétrée.
"Nous déplorons la mort de 18 personnes plus une femme enceinte qui a été décapitée", a déclaré à l’AFP Amisi Kalonda, l’administrateur du territoire. Il avait donné mercredi un bilan de cinq morts, alors qu’une ONG locale avait parlé de dix personnes tuées.
Au total, a précisé M. Kalonda, 13 hommes et six femmes ont péri dans le massacre, et neuf des victimes ont été décapitées.
D’octobre à décembre par exemple, plus de 260 personnes, essentiellement des civils (hommes, femmes et enfants), y ont été tuées dans une succession de massacres commis principalement à l’arme blanche. Joseph Kabila, le président de la République, s’est même rendu sur place fin octobre pour réconforter la population et promettre de "vaincre les ADF".
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L’armée et la Monusco, incapables de protéger les civils ?
Dans la foulée, l’armée et la Monusco avaient relancé en décembre une opération conjointe pour ramener le calme. Mais les tueries n’ont jamais cessé. Au contraire. Elles se sont même étendues aux zones limitrophes de la Province orientale voisine. Ainsi, depuis le 1er janvier, une quarantaine de personnes au moins ont été massacrées dans des attaques similaires dans le territoire de Beni ou en Province orientale.
Entretemps, les relations entre la Monusco et les autorités congolaises se sont nettement détériorées au début de l’année, sur fond de désaccord sur la façon de mener à bien l’offensive contre les Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR) réclamée avec insistance par la communauté internationale pour mettre hors d’état de nuire ces rebelles rwandais présents dans l’est du pays depuis plus de vingt ans.
>> Lire aussi l’interview de Raymond Tshibanda : "La Monusco a décidé de ne pas lutter contre les FDLR pour des raisons fallacieuses"
Selon plusieurs diplomates en poste à Kinshasa, le renouvellement du mandat de la Monusco pour un an fin mars par le Conseil de sécurité, n’a pas amélioré les choses, et les Casques bleus et l’armée congolaise n’entretiennent toujours aucune coopération militaire depuis plusieurs mois.
L’ADF avait subi pourtant de lourdes pertes au premier semestre 2014 sous le coup d’une offensive de l’armée congolaise à laquelle la Monusco avait fini par prêter main forte. Mais la mission onusienne ne voyait pas d’un bon œil cette opération et jugeait alors plus urgente la lutte contre les FDLR alors que plusieurs experts estimaient que les rebelles ougandais ne présentait pas de menace majeure pour les efforts de stabilisation de l’est de la RDC, ravagé par les conflits armés depuis plus de vingt ans.
Profitant d’un relâchement de ces opérations à la fin du mois d’août, la rébellion ougandaise avait alors repris l’initiative. Poursuivant la série des massacres à Beni…
(Avec AFP)
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