Rodrigo Rato, le mauvais élève du FMI
Rodrigo Rato, l’ancien directeur du Fonds monétaire international, est soupçonné de blanchiment. Ça fait un peu désordre.
Et de trois ! Le parquet anticorruption de Madrid a ouvert, le 20 avril, une nouvelle enquête à l’encontre de Rodrigo Rato. Des soupçons de "blanchiment d’argent, fraude fiscale et dissimulation d’actifs" pèsent sur ce poids lourd de la droite espagnole, qui fut ministre des Finances (1996-2004) puis directeur général du FMI jusqu’en 2007. À l’issue d’une humiliante interpellation et de la perquisition de son domicile, tous ses comptes ont été bloqués par le juge d’instruction. Sa fortune est estimée à 27 millions d’euros par les quotidiens El País et El Mundo, qui s’interrogent sur son origine.
À lire aussi : Espagne : le scandale de corruption qui déstabilise le gouvernement de Mariano Rajoy
Dérives
Les deux premières enquêtes avaient valu à cette ancienne gloire du Parti populaire (PP) d’en être exclu en 2014. Il avait alors été inculpé d’escroquerie, de détournements de fonds et de falsification de comptes commis lors de l’entrée en Bourse calamiteuse de Bankia, établissement qu’il a dirigé de 2010 à 2012. L’État avait été contraint de le nationaliser et de le recapitaliser pour 24 milliards d’euros.
Il était aussi poursuivi pour avoir utilisé à des fins personnelles des cartes de crédit professionnelles de la banque. La descente aux enfers de ce "grand" d’Espagne fait l’objet de nombreuses interprétations. Pour les uns, il sert de victime expiatoire au PP, qui, déjà affaibli par la révélation de plusieurs affaires de corruption, veut montrer qu’il poursuit jusque dans ses rangs les "pourris" de tous acabits. Mariano Rajoy, le président du gouvernement, ne s’est pas privé de souligner que la chute de son ancien collègue prouve que "tous les Espagnols sont parfaitement égaux devant la loi".
Pour d’autres, le "cas Rato" illustre les dérives du parti au pouvoir. Pedro Sánchez, le secrétaire général du Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE), dénonce un "véritable scandale". Pablo Iglesias, le chef du parti antilibéral Podemos, n’est pas en reste : "C’est un gouvernement corrompu, une mafia." Les formations d’opposition espèrent que la colère que suscitent ces affaires se traduira dans les urnes, le 24 mai, lors des élections municipales et régionales, et que le gouvernement sera sanctionné aux législatives de décembre.
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