Eve Bazaiba (MLC) : « S’il s’aime, Kabila sait que c’est son deuxième et dernier mandat » en RDC

De passage à Paris le 24 avril, après son séjour aux États-Unis, Eve Bazaiba, secrétaire générale du Mouvement de libération du Congo (MLC, parti de Jean-Pierre Bemba), a livré à « Jeune Afrique », son analyse des questions qui agitent l’actualité politique en RDC. Interview exclusive.

Eve Bazaiba, secrétaire générale du Mouvement de libération du Congo (MLC, opposition). © Isidore Kouadio/Jeune Afrique

Eve Bazaiba, secrétaire générale du Mouvement de libération du Congo (MLC, opposition). © Isidore Kouadio/Jeune Afrique

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Publié le 30 avril 2015 Lecture : 1 minute.

Eve Bazaiba est-elle la prochaine sur la liste ? Depuis la transformation du Mouvement de libération du Congo (MLC, ex-groupe rebelle) en parti politique en 2003, tous ses secrétaires généraux successifs ont quitté le navire Jean-Pierre Bemba pour rejoindre le camp de Joseph Kabila : Olivier Kamitatu, François Muamba et, plus récemment, Thomas Luhaka, bombardé vice-Premier ministre au sein du nouveau gouvernement de "cohésion nationale" en RDC.

En acceptant de rejoindre l’équipe gouvernementale conduite par le Premier ministre Augustin Matata, Thomas Luhaka, jusque là secrétaire général du MLC, a signé son "auto-exclusion" de la formation politique, selon Eve Bazaiba qui a pris dans la foulée les rênes du deuxième parti de l’opposition congolaise. Combien de temps lui faudra-t-il avant d’emboîter les pas à ses prédécesseurs, peut-on se demander ?

Dans son plan de déstabilisation du MLC, le régime Kabila ne m’a pas prévue parmi les hypothèses : je suis imperméable à la corruption.

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"C’est une question d’éducation", répond Eve Bazaiba. "Je ne peux pas trahir le MLC, me trahir moi-même et cracher sur mon combat. Je ne peux pas embrasser un système que je suis en train de récuser, de décrier", rassure-t-elle. Et d’ajouter : "Aussi, dans son plan de déstabilisation du MLC, le régime Kabila ne m’a pas prévue parmi les hypothèses : je suis imperméable à la corruption."

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Jeune Afrique : Thomas Luhaka continue à se prévaloir de la qualité de secrétaire général du MLC. Qu’en est-il ?

Eve Bazaiba : Comment peut-on être secrétaire général et ne pas collaborer avec le président national du parti [Jean-Pierre Bemba, actuellement détenu à La Haye, NDRL] ? Aujourd’hui, tout le monde sait que Thomas Luhaka n’est que l’arbre qui cache la forêt. C’est le régime de Joseph Kabila qui est derrière son jeu. Je ne veux donc pas perdre mon énergie à parler de lui. Il n’est qu’un feu de paille qui va s’éteindre de lui-même.

Thomas Luhaka n’est qu’un feu de paille qui va s’éteindre de soi-même.

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Qu’est-ce qui a joué en votre faveur pour être désignée secrétaire générale du MLC ?

Sans fausse modestie, ce sont mes compétences, mon savoir-faire en politique. J’ai une expérience politique plus importante que tous mes prédécesseurs à ce poste.

Quels sont vos rapports avec Jean-Pierre Bemba, le leader de votre parti ?

Jean-Pierre Bemba a eu le dernier mot pour ma désignation comme secrétaire générale. Nos rapports sont bons. Je lui rends visite souvent dans le centre de détention et ensemble nous organisons des séances de travail pour avoir le même langage. Il me parle de ses connexions et me partage son riche carnet d’adresses. Là où il est, contre toute attente, il reste le mieux informé du parti, car il reçoit beaucoup de personnalités.

Le verdict dans son procès est prévu au mois de juin. Est-il confiant ?

Jean-Pierre Bemba attend sereinement ce verdict. Il l’attend d’ailleurs depuis plusieurs années, mais il garde le moral. Nous sommes très confiants, car dans les deux affaires jugée devant la Cour pénale internationale (CPI), il bénéficie d’une mise en liberté provisoire.

Et à ce jour, le bureau n’a toujours pas été en mesure de donner des preuves, au-delà de tout doute raisonnable, selon lesquelles seules les troupes du MLC auraient commis des exactions et que Jean-Pierre Bemba aurait eu le contrôle de ces éléments envoyés en Centrafrique.

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