Centrafrique : que sait-on de l’affaire des viols présumés d’enfants par des soldats français ?
Le quotidien britannique « The Guardian », a révélé mercredi une affaire de viols présumés d’enfants en Centrafrique, en 2014, par des militaires français de l’opération Sangaris.
Cette opération de l’armée française a débuté le 5 décembre 2013 en Centrafrique à la suite de l’adoption de la résolution 2127 du Conseil de sécurité des Nations unies. Il s’agissait pour les soldats de mettre fin "à la faillite totale de l’ordre public, l’absence de l’État de droit et les tensions interconfessionnelles".
L’affaire d’abus sexuels sur mineurs concerne "des faits qui auraient été commis sur une dizaine d’enfants, sur le site de l’aéroport de M’Poko (à Bangui), entre décembre 2013 et juin 2014", indique le ministère français de la Défense qui "a pris et prendra toutes les mesures nécessaires pour permettre la manifestation de la vérité".
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- Un témoignage de six enfants centrafricains
Selon la co-directrice de l’ONG américaine Aids-Free World, Paula Donovan, qui a communiqué le rapport au Guardian, le document rassemble les témoignages de six enfants âgés de 8 à 15 ans et implique une quinzaine de soldats français. Ceux-ci auraient échangé de la nourriture, et parfois de petites sommes d’argent, contre des faveurs sexuelles.
"Les enfants ont témoigné qu’ils avaient faim et qu’ils pensaient pouvoir se procurer de la nourriture auprès des soldats", a expliqué Mme Donovan. La réponse des soldats était "si tu fais ça, alors je te donnerai à manger".
L’Unicef, qui a pris part à l’enquête onusienne et a interrogé les enfants qui s’étaient plaints d’abus sexuels, les a ensuite "confiés à des ONG partenaires présentes sur le terrain pour qu’ils puissent recevoir un soutien psychologique", selon le porte-parole de l’Unicef basé à Dakar, Thierry Delvigne.
- Les enquêtes de l’ONU et de la justice française
Les investigations de l’ONU ont été menées au printemps 2014 en Centrafrique par le Bureau des droits de l’homme de l’ONU à Bangui. L’enquête portait sur des "accusations graves d’exploitation sexuelle et d’abus commis sur des enfants par des militaires français" en RCA avant le déploiement de sa mission dans ce pays (Minusca).
Selon le porte-parole adjoint de l’ONU Farhan Haq, un responsable de l’ONU a été suspendu pour avoir transmis en juillet 2014 les résultats de cette enquête aux autorités françaises au mépris des procédures.
La justice française a ouvert à Paris le même mois une enquête pour viols sur mineurs de moins de 15 ans, selon une source judiciaire, sur la base d’un rapport transmis par le ministère de la Défense. Ce dernier a reconnu avoir été saisi à cette date "de témoignages d’enfants centrafricains accusant d’agressions sexuelles des militaires français de l’opération Sangaris".
>> Lire aussi Nations unies : les Casques bleus auraient commis près de 80 abus sexuels en 2014
(Avec AFP)
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