Comment Boko Haram a infligé à l’armée nigérienne l’un de ses plus sanglants revers
Boko Haram a lancé samedi un assaut contre une position de l’armée nigérienne sur le lac Tchad. 46 soldats et 28 civils ont été tués, selon le dernier bilan officiel communiqué mardi. Mais des sources sécuritaires parlent d’au moins 100 morts. Que s’est-il réellement passé ?
Retour sur les faits
C’est à Karamga qu’a eu lieu, le samedi 25 avril à l’aube, l’assaut de Boko Haram sur une position de l’armée du Niger. Plusieurs centaines de combattants islamiques – au moins 2 000 selon des sources sécuritaires – ont surpris les quelque 120 à 150 soldats nigériens en poste sur cette petite île isolée du lac Tchad.
Les jihadistes ont débarqué sur l’île à bord de motos, mais d’autres étaient à pied, selon des témoins. Des combats ont alors été engagés avec l’armée nigérienne, contrainte de battre en retraite.
En débandade, des soldats nigériens ont ainsi laissé le contrôle de Karamga tout l’après-midi entre les mains de Boko Haram. Une revanche du groupe islamiste qui avait été repoussé le 19 février lors de sa première tentative d’entrer sur ce bout de territoire nigérien.
>> Lire aussi : Jusqu’où ira Boko Haram ?
Bilan
Quarante-huit heures plus tard, le premier bilan tombe. Des sources sécuritaires tchadiennes font état de "46 soldats [nigériens] tués et 36 autres portés disparus". Un décompte macabre qui serait loin de la réalité, selon un élu du sud-est du Niger qui parle de "80 soldats tués et environ 30 autres disparus".
Des chiffres assez proches de ceux fournis par une source proche de l’armée nigérienne. Celle-ci avançait en effet un bilan de 100 morts parmi les soldats.
Mais à Niamey, Hassoumi Massaoudou, ministre nigérien de l’Intérieur, de retour de l’île de Karamga, est revenu mardi sur ces chiffres pour y apporter des précisions. "Le bilan provisoire est le suivant : côté forces de défense et de sécurité, 46 morts, 9 blessés et 32 disparus" alors que "28 habitants de l’île ont été assassinés", a-t-il indiqué sur la radio publique.
Même avec ce bilan provisoire officiel, cette deuxième attaque de Karamga reste l’un des revers les plus sanglants pour la coalition régionale composée du Tchad, du Niger, du Nigeria, du Cameroun et du Bénin qui combat Boko Haram depuis quatre mois.
>> Lire aussi la tribune de Muhammadu Buhari : "Comment je compte éradiquer Boko Haram"
Situation actuelle à Karamga
C’est d’ailleurs grâce aux raids menés par des avions de l’armée tchadienne, venue de Diffa dans le sud-est du Niger, que les combattants du groupe islamiste ont été chassés de Karamga dans la soirée du 26 avril. Laissant derrière eux une île dévastée : des maisons brûlées, des marchés incendiés, des civils massacrés ….
"Le gouvernement du Niger et le peuple nigérien sont particulièrement horrifiés par cette ignominie", a déclaré Hassoumi Massaoudou.
Des opérations de ratissage "avec des moyens terrestres et aériens" sont en cours pour retrouver les soldats disparus et "rechercher et mettre hors d’état de nuire les auteurs de cet acte ignoble dont la cruauté est sans égale", a-t-il ajouté.
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