Mali – Fahad Ag Almahmoud (Gatia) : « Notre occupation de Ménaka n’a pas été préparée »

Le Gatia a repris lundi la ville de Ménaka aux rebelles du MNLA qui la contrôlaient depuis près d’un an. Joint par téléphone, Fahad Ag Almahmoud, le secrétaire général de cette milice touarègue proche du gouvernement, affirme que cette offensive s’est produite « de façon spontanée » et qu’elle ne remet pas en cause le fragile processus de paix malien.

Des militaires maliens surveillent les abords de la ville de Ménaka, en février 2014. © Dorothée Thiénot pour Jeune Afrique.

Des militaires maliens surveillent les abords de la ville de Ménaka, en février 2014. © Dorothée Thiénot pour Jeune Afrique.

BENJAMIN-ROGER-2024

Publié le 28 avril 2015 Lecture : 2 minutes.

Jeune Afrique : Quelle est la situation à Ménaka depuis que le Gatia (Groupe autodéfense touareg Imghad et alliés) en a chassé le MNLA (Mouvement national de libération de l’Azawad) ?

Fahad Ag Almahmoud : La situation est désormais calme et sous contrôle. Maintenant que nous tenons la ville, nous allons remettre les choses en ordre en collaboration avec la médiation internationale.

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Pourquoi êtes-vous passé à l’offensive ?

C’est un évènement qui s’est produit de façon spontanée. Notre occupation de Ménaka n’a pas été préparée. Une mission de nos chefs coutumiers devait participer à une rencontre préparatoire à la signature de l’accord de paix à Tarkint. Mais elle est tombée dans une embuscade des forces du MNLA (Mouvement national de libération de l’Azawad, NDLR) à environ 40 kilomètres au sud-ouest de Ménaka. Cet accrochage a dégénéré, nous avons poursuivi nos adversaires et la situation a rapidement tourné à notre avantage. Nous sommes entrés dans la ville après quelques affrontements.

Quel est le bilan humain de ces combats ?

Nous n’avons pas recensé de morts, seulement deux blessés.

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Comptez-vous poursuivre votre offensive sur d’autres localités tenues par les rebelles de la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA) ?

Cela dépendra de l’évolution de la situation. Si nous sommes menacés, nous prendrons nos dispositions partout où nous sommes.

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Kidal fait-il partie de vos objectifs ?

Non, absolument pas. Comme je vous l’ai dit, ce qui s’est passé à Ménaka était un incident. Nous n’avons pas de volonté de récupérer un quelconque territoire.

La CMA affirme que vous avez violé le cessez-le-feu en reprenant Ménaka…

C’est plutôt eux qui ont violé le cessez-le-feu en nous tendant une embuscade. Jusqu’à présent, nous avons été irréprochables. Il faut maintenant qu’un accord soit vite signé et qu’on arrête avec ces regains de violences fratricides.

Selon vous, ces affrontements n’auront donc pas de conséquences sur les pourparlers de paix toujours en cours ?

Nous ne remettons pas en cause le processus de paix. Nous allons voir, en collaboration avec la Minusma, comment gérer cette situation qui nous est tombée dessus. La médiation internationale nous a fait savoir qu’elle ouvrira un document de soutien à l’accord de paix qui pourra être signé par tous les leaders communautaires du Nord qui le souhaitent. Nous verrons donc qui sera pour la paix et qui ne l’est pas.

>> Lire aussi l’interview d’Abdoulaye Diop : "La paix pour le Mali passe par l’accord d’Alger"

Allez-vous rester à Ménaka ?

Nous allons en discuter avec la médiation internationale car nous ne voulons pas que cela empêche la signature d’un accord de paix. Donc nous n’excluons pas un retrait mais nous voulons avoir des garanties sur le sort des populations qui ont manifesté leur satisfaction après la libération de la ville.

Avez-vous été appuyé par les Forces armées maliennes ?

Non, les forces armées maliennes sont cantonnées et nous ne sommes pas en lien avec elles.

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