Retournement de tendance

Notre classement des 500 premières entreprises africaines est sorti. Avec un constat : leurs revenus ont baissé. Et une nouveauté, un palmarès des multinationales.

ProfilAuteur_FredMaury

Publié le 4 mai 2015 Lecture : 3 minutes.

Il en va de la croissance des grandes entreprises comme de celle des économies. Le développement des 500 plus grandes sociétés du continent a suivi le même mouvement que la hausse moyenne du PIB continental, qui a fortement ralenti à partir de 2010, passant d’une moyenne annuelle de 5 % à une moyenne de 2 %. Depuis la crise financière internationale de 2008, les revenus cumulés des 500 ont progressé de 5,6 % en moyenne, contre 8,3 % par an au cours des dix années précédentes. Le nouveau hors-série de Jeune Afrique montre que la tendance ne s’arrange pas.

En 2013, année de référence pour les données financières des 500, le chiffre d’affaires cumulé de ces compagnies a reculé de 1,8 %, passant de 757 milliards à 743 milliards de dollars (de 572,7 milliards à 539,6 milliards d’euros). En 2008, année jusqu’à présent la plus difficile dans la jeune histoire des 500, la hausse des revenus avait connu un arrêt brutal certes, mais le total cumulé avait stagné… Précision rassurante, ce retournement est en grande partie dû à l’effondrement du rand : en 2013, la monnaie sud-africaine avait dévissé de près de 20 % contre le dollar. Les 160 entreprises sud-africaines figurant dans notre classement réalisant 49 % des revenus totaux des 500, l’impact de cet affaiblissement a été important. 

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Prudence 

A lire dans ce hors-série : 

Classements 

Les 500 premières entreprises africaines et les classements par secteurs et par régions commentés 

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Les 100 sociétés les plus rentables 

Les 70 premières multinationales en Afrique

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Enquête : La planète pétrole en danger 

Portraits : Reines de affaires 

Et aussi… Côte d’Ivoire : Jean Kacou Diagou, la revanche d’un timide ; Comment Alger s’est offert Djezzy ; Plongée dans l’empire familial des Kenyatta ; Brasseurs sous pression ; A la recherche des fleurons tunisiens. 

Feuilletez les premières pages de ce hors-série en cliquant ici. 

Toutefois, la chute des cours du pétrole depuis le milieu de l’année 2014 et la baisse des prix de nombreux minerais incitent à la prudence. Ces deux secteurs, lourdement affectés en 2014 et en 2015, représentent environ un tiers des revenus des 500. Le hors-série de J.A. consacre d’ailleurs de nombreuses pages aux effets de la baisse du prix du baril sur le secteur pétrolier africain, de l’exploration aux stations-service. Kola Karim, emblématique patron nigérian actionnaire d’un puits qui produit 60 000 barils par jour, répond notamment aux questions du magazine sur l’effet de cette crise sur les jeunes sociétés privées nigérianes qui se sont développées à marche forcée dans l’amont pétrolier, profitant du désengagement des majors.

Autre nouveauté, la publication d’un palmarès des multinationales actives en Afrique. J.A. en recense 70, classées selon le chiffre d’affaires qu’elles réalisent sur le continent. L’occasion de confirmer leur poids dans le paysage capitalistique africain : si leurs sièges sociaux étaient situés sur le continent, 20 d’entre elles figureraient parmi les 50 premières entreprises africaines.

Grandes sagas

Plus surprenant est le poids des négociants. Trafigura arrive ainsi au premier rang des multinationales en Afrique, avec un chiffre d’affaires de 29,2 milliards de dollars sur le continent. Derrière lui, un autre négociant suisse, Glencore, dont la particularité est d’avoir élargi ses champs d’intervention, notamment depuis sa fusion avec Xstrata, qui lui a permis de posséder des mines. Notre classement confirme que ces deux groupes aux pratiques plutôt opaques ont davantage de poids que Total, ExxonMobil, Chevron ou ENI, pour citer les grands pétroliers historiquement actifs en Afrique, ou que les grands opérateurs de télécoms que sont Vodafone, Orange ou Airtel.

Du Kenya au Maroc en passant par le Sénégal ou la Côte d’Ivoire, J.A. se fait également l’écho de quelques-unes des grandes sagas du capitalisme africain : de la carrière avortée de Jean Kacou Diagou dans la prêtrise – il est aujourd’hui le patron des patrons ivoiriens et a fondé l’un des principaux groupes d’assurance d’Afrique subsaharienne francophone – à l’empire familial des Kenyatta, première dynastie politique du Kenya mais aussi lignée de grands capitalistes et propriétaires terriens, en passant par l’émergence médiatique et chaotique des tycoons sénégalais Cheikh Amar et Serigne Mboup, ou le développement fulgurant mais beaucoup plus discret d’Abdelmadjid Kerrar, pionnier et leader de la pharmacie en Algérie.

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