Miaou, miaou, ronron…
On va laisser de côté la politique, l’économie, le sport, la littérature et les people, cette horrible engeance, pour s’intéresser à autre chose – ou plutôt, puisqu’il ne s’agit pas de chose, à d’autres animaux que l’animal politique ou la bête humaine : les chats !
Oui, oui : les minets, les matous, les greffiers, appelez-les comme vous voulez, c’est de ces sympathiques petits mammifères qu’on va traiter aujourd’hui. Un de mes camarades universitaires, chercheur de haut vol, spécialiste de l’éthologie, c’est-à-dire du comportement animal, vient de m’apprendre un truc stupéfiant. Lui et ses collègues ont découvert que le chat était en train d’évoluer sous nos yeux.
Normalement, l’évolution (au sens darwinien du terme) se fait très lentement, elle court sur des siècles, sinon des millénaires, mais le chat est aujourd’hui en train d’évoluer rapidement (cela arrive, Darwin avait aussi traité de ces accélérations sporadiques de l’évolution). Voilà de quoi il s’agit : les chats sont en train d’adapter leur ronronnement au milieu ambiant – darwinisme classique -, sauf que le milieu ambiant, c’est le foyer humain, bien chaud et confortable.
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Et voici l’incroyable nouvelle : les chats sont en train de modifier leur ronronnement pour qu’il ressemble de plus en plus aux pleurs du bébé humain. Pour ce faire, ils passent du ronron des tons graves, à peine perceptible, pour grimper d’une octave vers le sanglot bébéique. Étonnant, non ? Et c’est scientifique ! Tout cela est observé, enregistré, documenté par les éthologues, et ceux-ci ont aussi étudié et mesuré la réponse du propriétaire lambda du minou.
Devant le ronron traditionnel, il s’attendrissait et caressait, mais devant le ronron quasi humain, il fait ce que fait toute maman : il donne immédiatement à manger. Ce qui était précisément le but de la manoeuvre du chat, dont toutes les interactions avec la gent humaine ne signifient qu’une seule chose : nourris-moi ! En somme, les chats continuent de s’adapter et d’évoluer, comme les pieuvres et les loutres.
La seule espèce animale qui évolue dans le mauvais sens, c’est-à-dire qui régresse, c’est nous, l’espèce humaine : voir les crimes de plus en plus abjects qui ornent les unes de nos journaux. Si ces deux mouvements contradictoires continuent pendant quelques siècles, l’homme, à force de régresser, disparaîtra de la surface de la planète au profit de la chouette ou du cormoran.
Serait-ce un si grand mal ? Entre un assassin qui décapite sans états d’âme des innocents, un braconnier qui massacre sans raison les éléphants et les rhinocéros et un matou dont la seule petite filouterie est d’imiter le cri du bébé pour qu’on remplisse son écuelle, espérons que la nature saura éliminer l’espèce la plus malfaisante. Vive le chat ! l
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