Afrique du Sud : Un Noir favori pour diriger l’opposition

L’Alliance démocratique (DA), la principale formation de l’opposition en Afrique du Sud, devrait désigner un jeune Noir à sa tête ce week-end, une étape symbolique pour changer son image de « parti de Blancs » et peser face à la toute-puissance de l’ANC au pouvoir.

Des partisans de M. Maimane manifestent pour son élection à la tête de l’Alliance démocratique. © Gianluigi Guercia/AFP

Des partisans de M. Maimane manifestent pour son élection à la tête de l’Alliance démocratique. © Gianluigi Guercia/AFP

Publié le 10 mai 2015 Lecture : 2 minutes.

Mmusi Maimane, 34 ans, devrait selon toute vraisemblance être élu leader de la DA lors du congrès du parti dimanche à Port Elizabeth (sud). Il remplacera la très dynamique Helen Zille, une ancienne journaliste blanche engagée contre le régime raciste de l’apartheid, qui a annoncé en avril qu’elle ne serait pas candidate à sa propre succession. Pour de nombreux observateurs, le parti n’a d’autre choix que de désigner un chef de couleur s’il veut percer dans la majorité noire du pays (80% de la population).

Constamment brocardé par l’ANC et ses alliés comme le mouvement de la minorité blanche (9%), la DA a pourtant un électorat beaucoup plus large, puisqu’elle a remporté 22,2% des voix aux législatives de 2014. Ce qui n’est pour l’instant pas assez pour inquiéter le parti dominant, même si elle contrôle la riche province du Cap occidental (sud-ouest) et la ville du Cap, sa capitale.

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"Il n’y a aucun doute, Maimane va gagner", estime l’analyste Prince Mashele. "Mais les gens ne sont pas seulement enthousiastes à l’idée d’avoir un leader noir, ils veulent des changements", ajoute-t-il. "Ce qui est important, c’est la transformation raciale du parti lui-même."

Mmusi Maimane, qui n’a rejoint la DA qu’en 2009, est opposé à Wimot James, 61 ans, un vétéran (blanc) de ce parti qui a ses origines dans un petit mouvement blanc opposé à l’apartheid.

Talents d’orateur 

Diplômé en théologie, il a grandi à Soweto, township de Johannesburg qui fut en pointe dans la lutte contre l’apartheid, dans une famille ANC. Considéré comme le protégé d’Helen Zille, Mmusi Maimane a été tête de liste DA aux élections municipales à Johannesburg en 2011, et a conduit la liste du parti l’an dernier dans la province du Gauteng (Johannesburg et Pretoria). Avec à chaque fois des scores honorables face à l’ANC. Il est devenu en 2014 chef du groupe parlementaire DA à l’Assemblée nationale, une tribune depuis laquelle il a eu l’occasion de prouver ses talents d’orateur face aux ténors de l’ANC.

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"Une direction dynamique noire est une condition préalable à une nouvelle phase de croissance pour la DA. Et la DA semble prête à l’intégrer au plus haut niveau", juge la politologue Susan Booysen.

"La démocratie ne peut réussir que lorsque le pouvoir passe d’un parti à l’autre", a relevé Mmusi Maimane lors d’un débat télévisé avec Wimot James cette semaine. "Nous ne pouvons nous permettre de garder un gouvernement ANC qui permet au chômage d’être si élevé", a-t-il notamment argumenté.

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Malgré la concurrence à l’extrême-gauche des Combattants pour la liberté économique (EFF) du jeune tribun radical Julius Malema, la DA veut surfer sur le mécontentement des Sud-Africains face au piètre bilan économique de l’ANC. Et, en plus de garder Le Cap, le mouvement d’opposition ajouterait bien Johannesburg et Port Elizabeth (sud) dans son escarcelle aux municipales de l’an prochain.

Reste que le parti devra adopter une ligne claire susceptible de plaire tant à sa base historique blanche qu’aux électeurs noirs qu’il courtise. D’inspiration libérale, et partisan de l’égalité des chances pour tous, il a notamment changé d’avis à plusieurs reprises ces dernières années face à la politique de discrimination positive menée par l’ANC pour favoriser les Noirs à l’embauche.

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