Omar Balafrej : « Il n’y a pas de solution miracle »
En Afrique, il est presque une exception. Depuis plus d’une décennie, et malgré quelques années d’absence, Omar Balafrej porte le Technopark de Casablanca. Il a accepté de répondre aux questions de Jeune Afrique à propos de l’innovation et de l’entrepreneuriat sur le continent.
Spécial start-up : en attendant la success-story
Dans l’ancien bâtiment des douanes de Casablanca, le pôle technologique du Technopark a vu passer plus de 600 entreprises et en héberge près de 200 en permanence. Alors qu’il déploie ce modèle dans tout le royaume, le directeur général nous livre sa vision de l’innovation en Afrique.
Jeune Afrique : Quels sont les freins au développement des start-up en Afrique ?
Omar Balafrej : Je vois trois limites principales au développement de ce type d’entreprises en Afrique. D’abord, l’accès au foncier urbain approprié est rare et onéreux. Ensuite, l’accès au financement reste problématique, avec des banques frileuses et une quasi-absence de fonds de capital-risque destinés aux start-up. Mais je crois que le frein le plus important est le marché en lui-même. Les donneurs d’ordre publics et privés sont encore réticents à faire appel aux services des nouveaux entrants.
À ce titre, l’association des entreprises du Technopark défend la mise en place d’un small business act sur le modèle américain, de façon à réserver une partie des marchés publics aux petites structures.
Comment suscite-t-on l’innovation ?
Il n’y a pas de solution miracle, mais l’éducation est fondamentale. Et puis il faut accepter l’idée d’expérimenter des politiques publiques et, surtout, prévoir leur évaluation. D’autre part, il faut s’inspirer de ce qui a fonctionné dans des contrées comparables, en Amérique du Sud par exemple. Il faut aussi combattre l’idée qu’une start-up est nécessairement basée sur une idée révolutionnaire. Les meilleures sont souvent celles qui songent à résoudre des problèmes locaux avec des idées originales. Au Technopark, nous explorons de nouvelles idées pour stimuler l’innovation, par exemple dans les liens potentiels entre culture et nouvelles technologies. L’association EAC-L’Boulvart a ainsi installé dans les sous-sols des studios de répétition musicale. La moyenne d’âge au Technopark est de 30 ans, et la culture est aussi une manière de multiplier les rencontres entre entrepreneurs.
Le modèle du Technopark est-il exportable ailleurs en Afrique ?
Bien sûr. Nous recevons d’ailleurs beaucoup de représentants de pays africains qui sont intéressés par notre modèle. Quand on compare ce que cela coûte et le nombre d’entreprises et d’emplois créés, il est normal que cela intéresse. Nous sommes prêts à conseiller tout gouvernement qui souhaiterait s’inspirer de notre modèle !
L'éco du jour.
Chaque jour, recevez par e-mail l'essentiel de l'actualité économique.
Consultez notre politique de gestion des données personnelles
Spécial start-up : en attendant la success-story
Les plus lus – Économie & Entreprises
- « Neuf des vingt pays qui présentent les taux de croissance les plus forts au mond...
- Doublé par la junte au Mali, Maroc Telecom restera-t-il dans le pays ?
- Chez Itoc au Sénégal, les enfants de Baba Diao revisitent la gouvernance du groupe
- Carburant en Afrique : pourquoi les exportateurs mondiaux jouent des coudes pour a...
- Sénégal : à quoi doit servir la nouvelle banque de la diaspora ?