Royaume-Uni : vers une nette victoire surprise des conservateurs

Le Premier ministre conservateur David Cameron s’acheminait vendredi vers une victoire surprise aux législatives l’autorisant à poursuivre sa politique d’austérité et à soumettre à référendum l’appartenance du Royaume-Uni à l’UE, tandis que les nationalistes écossais réalisaient un raz-de-marée de nature à galvaniser leurs ardeurs indépendantistes.

David Cameron et sa femme Samantha, le 8 mai 2015. © Kirsty Wigglesworth/AP/SIPA

David Cameron et sa femme Samantha, le 8 mai 2015. © Kirsty Wigglesworth/AP/SIPA

Publié le 8 mai 2015 Lecture : 3 minutes.

Peu avant 05h00 GMT, le Premier ministre sortant s’est félicité de la tournure "positive" des événements au sortir "d’une très grande nuit pour les conservateurs", sans formellement revendiquer la victoire, alors que près de 450 des 650 sièges avaient été dépouillés.

Les conservateurs étaient crédités de 325 députés, à un siège de la majorité absolue de 326, par une projection de la BBC diffusée peu avant 05h00 GMT qui attribuait 232 sièges au Labour et 56 aux nationalistes écossais du SNP.

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Si cette projection diffusée après dépouillement des deux tiers des circonscriptions se confirmait dans les résultats définitifs, David Cameron pourrait former un nouveau gouvernement sans avoir besoin de trouver des alliés

Auparavant, le sondage sortie des urnes prédisant un tel séisme avait été accueilli avec des pincettes jeudi à 21h00 GMT tant il différait des prévisions des enquêtes d’opinion qui pronostiquaient un résultat ultra-serré depuis des mois. Mais il s’est progressivement matérialisé en cours de nuit, attestant d’une cuisante défaite des travaillistes et d’une déroute des libéraux-démocrates.

A 04h30 GMT, le dirigeant travailliste Ed Miliband a reconnu "une nuit très décevante pour son parti", depuis Doncaster où il a été réélu.

Les lib-dems, partenaires des conservateurs dans le gouvernement sortant, étaient quant à eux menacés de perdre 46 de leurs 56 sièges. Le vice-Premier ministre Nick Clegg, qui a survécu à Sheffield, a laissé entendre qu’il pourrait démissionner de ses fonctions à la tête du parti après une "nuit cruelle et punitive".

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– Attention Brexit –

David Cameron avait été critiqué pour son manque d’engagement en début de campagne. Réélu, il aura à coeur de remplir sa principale promesse de campagne: l’organisation d’ici 2017 d’un référendum sur le maintien ou pas du pays dans l’Union européenne. Une perspective qui inquiète ses partenaires européens en raison de la possibilité d’un "Brexit" (pour "British Exit").

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Dans un premier temps, la nouvelle de la victoire des conservateurs aux dépens des travaillistes s’est traduite par un bond de la livre britannique face au dollar et à l’euro vendredi sur les marchés asiatiques.

Réalisé auprès de 22.000 électeurs par les principales chaînes de télévision, le sondage sortie des urnes de jeudi soir allouait 316 sièges aux Tories (soit neuf de plus qu’en 2010), 239 aux travaillistes (18 de moins). Les nationalistes écossais du SNP rafleraient 58 des 59 sièges de députés en jeu dans leur région autonome jusqu’ici considérée comme un fief travailliste inexpugnable. Le SNP décuplerait presque sa représentation à la Chambre des Communes.

A 02h30 (01h30 GMT), les nationalistes ont obtenu une victoire symbolisant la déconfiture travailliste, avec l’élection de Mhairi Black, une étudiante de 20 ans qui devient la plus jeune députée de Westminster depuis 1667, aux dépens du député sortant et cadre du Labour, Douglas Alexander.

Toute la journée de jeudi, les militants SNP sortant de l’isoloir à Glasgow, Edimbourg ne faisaient pas mystère de leur volonté "de revanche". Ils aspirent à la tenue d’un nouveau référendum d’indépendance, après un premier rendez-vous manqué en septembre.

Le parti populiste et europhobe Ukip, triomphateur des élections européennes de 2014 mais victime du mode de scrutin législatif uninominal à un tour, conserverait ses deux sièges, en dépit des 14% d’intentions de vote. Son dirigeant, Nigel Farage, était menacé à South Thanet. Il a annoncé qu’en cas d’échec "il tirerait le rideau".

La performance de "David Cameron a sensiblement accru sa stature", a fait valoir Patrick Dunleavy, expert à la LSE.

Il s’est comporté bien mieux que prévu dans les urnes, mais pourrait avoir des difficultés "à faire quoique ce soit de radical", a-t-il ajouté.

Fragilisé, Cameron devra contenir le mécontentement de la frange eurosescptique de son parti et tenir à distance les prétendants à sa succession. L’un deux, le bouillant maire de Londres Boris Johnson, s’est fait élire député à Uxbridge, une étape essentielle pour prétendre à la direction du parti.

Au cas où les résultats définitifs s’avéreraient moins favorables qu’annoncé, David Cameron devrait entamer des négociations avec des alliés potentiels, susceptibles de le soutenir au coup par coup lors de votes clés au parlement. Le DUP nord-irlandais et les lib-dems seraient alors des interlocuteurs privilégiés.

Plus de 45 millions d’électeurs étaient appelés à voter dans les 50.000 bureaux de vote ouverts dans des lieux parfois insolites, avec des urnes ouvertes dans des pubs, des écoles primaires, des églises, un autobus scolaire, une caravane, un moulin à vent, une maison de retraite et même un temple hindou et un funérarium.

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