Algérie : Djezzy maintient sa domination

L’opérateur algérien, qui vient de fêter ses 10 ans, a vu sa part de marché légèrement reculer en 2012, mais pas ses ventes. La 3G pourrait lui permettre de consolider un peu plus son leadership.

L’opérateur compte 18 millions de clients. © Louiza Ammi

L’opérateur compte 18 millions de clients. © Louiza Ammi

Publié le 3 janvier 2013 Lecture : 4 minutes.

Après dix ans d’existence et trois ans de tensions récurrentes, notamment avec le gouvernement algérien, Djezzy veut tourner la page. « Nous n’avons pas pu faire d’investissements en raison de la situation de blocage avec les autorités, mais nos clients sont restés fidèles, rassure Vincenzo Nesci. Nous sommes fiers de nos 18 millions de clients [abonnés et cartes, NDLR]. » Le PDG du numéro un des télécoms dans le pays, qui nous a reçu au siège de la société situé dans la banlieue sud-est d’Alger, peut même se réjouir d’avoir conquis en neuf mois 2,7 millions de nouveaux clients.

Compétition

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Malgré les difficultés auxquelles Djezzy a dû faire face, les chiffres de parc et de part de marché semblent montrer qu’il a plutôt bien résisté.

Certes, sur un marché de plus en plus concurrentiel, Djezzy a vu sa domination entamée, avec une légère érosion de sa part de marché, passée de 57,7 % à  56,3 % en un an, selon l’opérateur (environ 46 % selon le ministère des Postes et des TIC). Toutefois, « malgré les difficultés auxquelles Djezzy a dû faire face, les chiffres de parc et de part de marché semblent montrer qu’il a plutôt bien résisté et qu’il conserve une position solide », tempère Mohssen Toumi, directeur au sein du cabinet de conseil Booz & Company.

Car la compétition se fait de plus en plus vive en Algérie, où le taux de pénétration du mobile dépassait déjà  90,3 % fin 2011. Fort de 11 millions d’abonnés, le numéro deux du secteur, Mobilis, filiale du groupe public Algérie Télécom, veut faire passer sa part de marché – comprise entre 25 % et 28 % aujourd’hui, selon les différentes sources – à  45 % dans les années à  venir.

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Et Nedjma, le troisième opérateur (entre 20 % et 25 % de part de marché), affiche une insolente santé. Son chiffre d’affaires a progressé de 17,6 % sur les neuf premiers mois de l’année, à  545 millions d’euros, tandis que ses profits ont bondi de 41 %, à  44 millions d’euros. L’active politique de sponsoring de la filiale de Qatar Telecom (Qtel) dans le foot, ainsi que des offres commerciales agressives, expliquent en grande partie cette percée.

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Innover

Avec un chiffre d’affaires en légère hausse de 4,4 %, à  106,3 milliards de dinars (environ 1 milliard d’euros), Djezzy a fait mieux que résister. Mais comme nombre d’opérateurs leaders en Afrique, il est désormais confronté à  deux défis de taille : d’une part, gérer le ralentissement de la croissance alors que la guerre des prix est lancée ; d’autre part, innover pour garder la concurrence à  distance.

Sur le premier point, la multiplication des offres d’abonnement avec appels illimités a fait chuter le prix moyen d’une minute de communication à  2 dinars, voire moins. Pour les formules prépayées, le prix de la minute est d’environ 8 dinars, contre 10 dinars il y a deux ans et 18 dinars en 2004. Le manque à  gagner, s’il se confirme, pourrait dès l’année prochaine affecter les généreux résultats de Djezzy, qui, avec une marge Ebitda (revenu avant intérêts, impôts, taxes, dotations et provisions) de 58,3 %, figure toujours parmi les opérateurs les plus profitables d’Afrique.

Au revoir Orascom, bonjour Optimum

Pour d’une part respecter la loi algérienne qui limite les investissements étrangers à  49 % du capital des entreprises, et d’autre part se conformer à  l’interdiction d’utiliser la marque Orascom, la société exploitante de Djezzy, Orascom Télécom Algérie (OTA), doit recomposer son actionnariat et changer de nom dans un avenir proche. C’est pour cette raison que, le 2 décembre, Optimum Télécom Algérie a été créé. « Optimum est une nouvelle société dont la création a été autorisée par le Conseil national de l’investissement et qui va évoluer dans le cadre du développement de nos activités », affirme le PDG de Djezzy, Vincenzo Nesci, sans pouvoir en dire plus. D’après des sources proches du dossier, Optimum remplacerait OTA en juin prochain et serait détenu à  51 % par sept actionnaires algériens dont l’identité reste encore inconnue. Vimpelcom redescendrait à  49 %, alors qu’il détient aujourd’hui 57,1 % des parts d’OTA. R.B.

Pour maintenir cette rentabilité, la société, qui emploie 4 000 personnes et génère 100 000 emplois indirects en incluant les réseaux de distribution, veut miser sur la téléphonie mobile de troisième génération (3G). L’arrivée de cette technologie est prévue pour le premier trimestre 2013, comme l’a confirmé le 10 décembre Moussa Benhamadi, ministre des Postes et des TIC. Pour Mohssen Toumi, « la 3G pourrait être un relais de croissance pour les opérateurs en Algérie, en permettant d’offrir de nouveaux services et des revenus data et d’enrichir le discours des acteurs du secteur au-delà  des simples promotions ».

Expérience

Vincenzo Nesci entend ainsi jouer sur l’expérience de Vimpelcom dans la 3G et la 4G pour déployer cette technologie et proposer les offres adaptées aux Algériens. Le groupe, actionnaire majoritaire de Djezzy, a déjà  lancé la 3G dans plusieurs pays dont le sien, la Russie. « En étant dans le giron d’un groupe mondial, Djezzy aurait quelques avantages, tels que le pouvoir de négociation et le savoir-faire de Vimpelcom », confirme Mohssen Toumi. Reste à  espérer que les délais annoncés par le ministre soient respectés. Le développement de la 3G a déjà  accusé de nombreux retards, causés notamment par les frictions entre le gouvernement et… Djezzy.

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