Trois morts dont deux policiers dans une attaque au Burundi

Trois personnes, dont deux policiers, ont été tuées vendredi soir dans deux attaques dans des quartiers de Bujumbura, au Burundi. La ville est agitée depuis dimanche par un mouvement contestant la candidature à un 3e mandat du président Pierre Nkurunziza en juin.

Des policiers burundais lors d’une manifestation anti-Nkurunziza, le 1e mai 2015 à Bujumbura. © Simon Maina/AFP

Des policiers burundais lors d’une manifestation anti-Nkurunziza, le 1e mai 2015 à Bujumbura. © Simon Maina/AFP

Publié le 2 mai 2015 Lecture : 2 minutes.

Une attaque mortelle s’est déroulée vers 19h30 à Kamenge, dans la périphérie nord-est de la capitale, un quartier épargné par la contestation. Selon le directeur général de la police du Burundi, deux policiers ont été tués et un blessé par des tirs. Un habitant de Kamenge, qui s’est présenté comme membre des forces de sécurité, a indiqué qu’un civil avait aussi été tué et deux autres blessés.

Le directeur général de la police, le général André Ndayambaje, a également fait état d’une autre attaque dans le centre de Bujumbura, près de l’ancien marché central. Un policier a été blessé à Kamenge – en plus des deux tués – et trois blessés dans le centre-ville, a-t-il précisé.

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Selon un haut gradé de la police ayant requis l’anonymat, "des policiers qui patrouillaient à pied dans Kamenge ont été attaqués à la grenade entre 19h00 et 20h00", puis un véhicule de police qui intervenait a été également pris d’assaut. "Une grenade a été lancée sur nos policiers presque au même moment" dans le centre-ville, a-t-il poursuivi, confirmant le bilan du général Ndayambaje.

Avec ces attentats, au moins dix personnes, sept civils, deux policiers et un militaire, ont été tuées et une septantaine d’autres blessées en six jours de violences au Burundi.

"Ils veulent la guerre"

Le haut gradé de la police a estimé "claire" la responsabilité des manifestants dans ces attaques simultanées. "Ils veulent la guerre, ils vont l’avoir", a-t-il menacé. Ces attaques sont intervenues peu après que le "Collectif contre un 3e mandat" eut décrété une trêve de deux jours des manifestations, sommant le président de renoncer à sa candidature d’ici lundi.

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Un analyste burundais ne souhaitant pas être identifié s’est voulu bien plus prudent, expliquant que "Kamenge est un quartier (…) qui ne participe pas aux manifestations". Il a jugé peu vraisemblable que des jeunes manifestants aient "pu mener une telle attaque et s’en sortir".

"Cela pourrait être vrai, mais ça pourrait être aussi une manipulation ou autre chose, cela pourrait permettre d’accréditer la thèse officielle d’une manifestation armée", a-t-il ajouté, le gouvernement qualifiant la contestation "d’insurrection".

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Interpellations en masse

Les Nations unies se sont alarmées vendredi de la répression meurtrière des manifestations par les autorités. Elles ont estimé que la liberté d’expression était sérieusement menacée dans ce pays des Grands Lacs africains.

Le porte-parole de l’agence onusienne des droits humains, Rupert Colville, a souligné que des centaines de personnes ont été arrêtées depuis dimanche, début des manifestations. Près de 600 personnes ont été interpellées, selon la police burundaise. "Selon une source fiable, plus de 400 personnes sont détenues dans des endroits surpeuplés et des prisonniers doivent dormir debout", a-t-il affirmé.

Par ailleurs, la Russie s’est opposée vendredi à l’adoption d’une déclaration du Conseil de sécurité de l’ONU sur la situation au Burundi. "Ce n’est pas le rôle du Conseil de sécurité ni de la charte de l’ONU que de s’immiscer dans les affaires constitutionnelles d’Etats souverains", a déclaré l’ambassadeur russe Vitali Tchourkine.

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