La Côte d’Ivoire déclare la guerre aux produits éclaircissants
Depuis le 29 avril, la fabrication, la commercialisation et l’utilisation de certains produits éclaircissants sont interdites en Côte d’Ivoire. La décision du Conseil des ministres est une première en Afrique de l’Ouest.
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Naturelle, aidée ou forcé… Jamais les questions de couleur de peau n’ont été autant d’actualité en Côte d’Ivoire. Se dépigmenter la peau, "le tchatcho", comme l’appellent les Ivoiriens, figure au palmarès des conversations depuis l’interdiction officielle des produits qui permettent cette dangereuse transformation.
La décision est encore récente et le comité national d’évaluation et d’autorisation de commercialisation des produits cosmétiques et d’hygiène corporelle de Côte d’Ivoire n’a pas démarré ses activités mais le moins que l’on puisse dire c’est que la tâche s’annonce rude. Il s’agit d’être la police de la couleur de la peau des Ivoiriens !
Composé de membres des ministères de la Santé, du Commerce, de l’Industrie et de la Communication ce groupe a pour mission de "rationnaliser la fabrication et l’usage des produits cosmétiques et d’hygiène corporelle afin de sauvegarder la santé publique", a annoncé la ministre de la Communication, porte-parole adjointe du gouvernement à l’issue du conseil des ministres du 29 avril dernier.
Une première dans la sous-région
Que deviendront les produits déjà en vente ? Dans combien de temps les contrôles vont-ils avoir lieu ? A quoi s’exposeront les contrevenants ? Même si les questions restent encore sans réponse, la Côte d’Ivoire fait office de pionnier dans la sous-région. Aucun pays n’a encore officiellement interdit les produits de dépigmentation. Et pourtant, le fléau est partout présent.
L’Organisation mondiale de la santé mentionnait déjà des chiffres alarmants dans son rapport sur la santé publique et l’environnement daté de 2011. Environ 25% des femmes au Mali utilisent régulièrement des produits éclaircissants, quand au Togo elles sont 59% et que la proportion atteint 77% au Nigéria.
Au Sénégal la société civile multiplie les campagnes de lutte contre le blanchiment de la peau mais elle n’a pas encore été suivie par une action gouvernementale.
Au Burkina Faso, les publicités vantant les mérites des crèmes éclaircissantes sont interdites depuis une dizaine d’années.
En revanche en Afrique centrale, la République démocratique du Congo interdit la fabrication, la commercialisation et l’utilisation des produits décapant depuis 2006. Mais c’est une mesure loin d’être suivie…
En attendant l’effectivité de l’action en Côte d’Ivoire, c’est une prise de conscience personnelle et collective que souhaitent les autorités. Sont frappés d’interdiction les produits cosmétiques contenant plus de 2% d’hydroquinone, du mercure, des cortisones ou de la vitamine A. Ce sont ceux qui entraînent certains cancers de la peau, des cas de diabète et d’hypertension, une forte sudation, une pilosité prononcée surtout sur le visage ou encore des odeurs corporelles nauséabondes…
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