Massacres de Sétif : « L’autre 8 mai 1945 », la France qui regarde son histoire en face
Le collectif « L’Autre 8 mai 1945 » milite pour une reconnaissance officielle par l’État français des massacres de Sétif, Guelma et Kherata en Algérie. Le mouvement a fait tache d’huile et des rassemblements sont prévus dans de nombreuses villes de l’Hexagone vendredi.
Vendredi 8 mai à 15h, devant l’Hôtel de Ville de Paris, se tiendra le rassemblement "L’Autre 8 mai 1945". À l’occasion des 70 ans des massacres de Sétif, Guelma, et Kherata en Algérie, il s’agit pour le collectif éponyme de demander que président français reconnaisse officiellement qu’un crime d’État a été commis. Il s’agit aussi de réclamer que les archives soient ouvertes, pour que les chercheurs puissent travailler sur cet épisode de l’histoire de France, et qu’il soit traité dans les programmes scolaires.
Agir dans l’intérêt de la France
Pour M’hmed Kaki, membre de l’association Les Oranges, autour de laquelle le collectif s’est constitué, cela ne fait aucun doute : "Il ne peut y avoir de démocratie si on occulte une partie de l’histoire de France. Sétif, c’est l’histoire de France". Et de conclure : "Les crimes coloniaux d’hier expliquent la permanence des discriminations aujourd’hui." Le collectif exclut cependant tout communautarisme. Ce n’est pas l’affaire des "héritiers de l’immigration", ajoute M’hmed Kaki. Le collectif inscrit son combat dans le cadre général de l nation, pour "rendre service aux français."
"Nous sommes français", affirme Kaki. Et effectivement, le collectif est constitué d’organisations et d’individus aux origines très diverses. Seront présents devant l’Hôtel de Ville de Paris, des associations de maghrébins, mais aussi de chercheurs en sciences humaines, l’Association républicaine des anciens combattants et celle des Anciens appelés contre la guerre (4ACG), l’Association des Pieds noirs progressistes et leurs amis, l’Union des juifs de France pour la paix, le syndicat de la Confédération nationale du travail (CNT), l’Union syndicale solidaires, et l’ensemble des partis de gauche.
Mouvement national
Le mouvement fait tâche d’huile. Parti d’une pétition lancée au mois de mars dernier par l’association Les Oranges, le collectif a réussi, grâce à l’élue parisienne Danielle Simonnet (Front de Gauche), à faire voter à l’unanimité par le conseil de Paris (élus de droite y compris), d’un vœu qui reprend leurs revendications. Ce même vœu qui sera à l’ordre du jour de prochains conseils municipaux à Brest, Nantes, Nanterre, et Champigny-sur-Marne. Des rassemblements identiques à celui de Paris s’organisent dans ces villes, mais aussi à Marseille, Lyon et Rennes…
Face à la multiplication des actions symboliques des nostalgiques de l’Algérie française (manifestations, stèles à la mémoires des morts de l’OAS, rues renommées dans des municipalités d’extrême droite), le collectif ne se satisfait pas de l’action gouvernementale actuelle. Le politologue Olivier Lecour Grandmaison, également membre du collectif, juge décevante la visite du secrétaire d’État français, Jean-Marc Todeschini, le 16 avril à Sétif, pour commémorer les massacres. Le fait qu’aucun discours officiel n’ait été prononcé à cette occasion, et qu’un hommage ait été rendu aux victimes sans faire mention des bourreaux, "ne constitue pas un pas en avant mais un pas de côté", selon lui
"C’est pourquoi, dit monsieur Kaki, le collectif sera là en 2016, en 2017, et aussi longtemps que nécessaire". Les militants ont déjà prévu de se retrouver dans quelques semaines pour faire le bilan du rassemblement, et préparer les actions à venir.
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