Polémique : à Béziers, Robert Ménard fiche les « élèves de confession musulmane » selon leurs prénoms

Le maire de Béziers, Robert Ménard (extrême droite), a de nouveau fait parler de lui. Lundi, il a assuré avoir fiché les élèves de sa commune selon leur « confession » – en réalité selon leurs prénoms. Une pratique illégale en France.

Publié le 5 mai 2015 Lecture : 2 minutes.

Nouvelle polémique initiée par l’élu français Robert Ménard. Lundi soir, le maire de Béziers (Sud-Ouest), élu en 2014 avec le soutien du parti Front national, a affirmé établir des statistiques sur la religion des élèves dans les écoles de sa commune. "Il y a 64,6% d’élèves de confession musulmane", a-t-il déclaré, lundi 4 mai, sur la chaîne publique France 2.

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Interpellé sur Twitter, l’édile a justifié ses propos. "Pardon de le dire, le maire a, classe par classe, les noms des enfants. Je sais que je n’ai pas le droit de le faire", a-t-il tout de même admis. Avant de vanter sa façon de procéder : "Les prénoms disent les confessions. Dire l’inverse, c’est nier l’évidence", a poursuivi M. Ménard.

Une enquête ouverte et un déluge de condamnations

Ces propos ont conduit la justice à ouvrir mardi une enquête sur ce fichage présumé d’élèves "musulmans". Une perquisition a par ailleurs été menée mardi après-midi à la mairie de Béziers.

Les déclarations de l’édile ont également suscité un tollé dans la classe politique, conduisant le président français à sortir de sa réserve. "Le fichage d’élèves est contraire à toutes les valeurs de la République. Il y a des principes dans la République et quand ils sont gravement atteints, les tribunaux en sont saisis", a déclaré François Hollande.

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Le ministre français, Manuel Valls, a également vivement réagi sur Twitter :

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Même colère de la part de la ministre française de l’Éducation, Najat Valaud Belkacem, qui a rappelé que le fichage des élèves musulmans sur la base de leur nom était illégal.

Que dit la loi ?

La collecte de statistiques communautaires est en effet interdite par la loi du 6 janvier 1978. "Il est interdit de collecter ou de traiter des données à caractère personnel qui font apparaître, directement ou indirectement, les origines raciales ou ethniques, les opinions politiques, philosophiques ou religieuses ou l’appartenance syndicale des personnes, ou qui sont relatives à la santé ou à la vie sexuelle de celles-ci", souligne le texte.

Si les faits sont avérés, Robert Ménard encourt une lourde peine. "Le profilage communautaire est passible d’une peine de cinq ans d’emprisonnement et de 300 000 € d’amende", rappelle la CNIL, en application de l’article 226-19 du code pénal.

Ménard revient sur ses déclarations

Mardi, la mairie de Béziers a finalement changé de posture. Dans un communiqué publié sur Facebook, elle a nié constituer de tels fichiers. "Le voudrait-elle qu’elle n’en a d’ailleurs pas les moyens. Il ne peut donc exister aucun ‘fichage’ des enfants, musulmans ou non", assure le communiqué.

En fin de journée, Robert Ménard est également revenu sur ses déclarations de la veille. Lors d’une conférence de presse, l’édile a nié tout "fichage" sans toutefois revenir sur le recensement religieux évoqué sur France 2. Le maire a par ailleurs déclaré réserver ses "déclarations au juge d’instruction". Avant de se féliciter d’avoir relancé "le débat sur les statistiques ethniques". "Tous les pays démocratiques ont des statistiques ethniques", a-t-il déclaré, reprenant ainsi à son compte une vieille revendication frontiste – qui rejoint aussi celle de nombre d’associations antiracistes…

>> Lire aussi : Robert Ménard, de Reporters sans frontières au Front national

(Avec AFP)

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