L’Afrique face au réchauffement climatique… et à El Niño
Un nouveau record de chaleur a été atteint au cours du premier trimestre de l’année 2015. Qu’en est-il sur le continent africain ?
Le réchauffement climatique a encore de beaux jours devant lui. Le rapport publié le 17 avril par l’Agence américaine océanique et atmosphérique (NOAA) a révélé que le mois de mars avait été le plus chaud depuis 1880, date à laquelle l’agence a réalisé ses premières observations. Avec une température moyenne de 13,6°C, le mois de mars a surpassé de 1,5°C le record établi en 2010. Pourtant, sur le continent africain, la hausse des températures s’est avérée minime, à l’exception de l’Afrique Australe. Explications.
Normales saisonnières dans le Nord
Le premier trimestre 2015 ne s’est pas distingué par une forte hausse des températures à l’échelle du continent. Dans le nord-ouest, au Maghreb, au Mali et au Niger, les températures sont restées dans les normales saisonnières, avec une moyenne de 20°C en Algérie et de 30°C au Niger. Patrick Delmas, assistant technique au sein du réseau des Chambres d’agriculture de Niamey fait même état d’une relative fraîcheur : "Nous n’avons jamais connu de mois de mars aussi peu chaud."
De fait, c’est dans l’Est et dans le Sud que les hausses de températures enregistrées ont été les plus élevées sur le continent. L’Afrique du Sud enregistre ainsi une température moyenne supérieure de 2 degrés à celle de mars 2014, avec un maximum de 42°C au Cap. À Luanda, la température moyenne est de 34°C, supérieure de 4 degrés à celle de mars 2014. En RDC, la température moyenne était de 32°C, soit un degré de plus que l’année dernière.
Sècheresses, incendies et inondations
Déjà prédisposées aux catastrophes naturelles, l’Afrique Australe et l’Afrique de l’Ouest ont connu un trimestre particulièrement agité. Au début du mois de mars, en Afrique du Sud, l’extrême sécheresse a provoqué une série d’incendies, y compris près des villes. Au Cap, 3 000 hectares de brousse ont été ravagés. Dans les climats semi-arides et tropicaux humides de l’Afrique Australe, de graves inondations se sont succédées, à Madagascar le 5, ou en Angola, le 9 mars. Des pluies torrentielles se sont abattues sur la capitale Luanda et sur la ville de Lobito trois jours durant. Au moins 61 personnes sont mortes. Plut tôt en janvier, des pluies d’une rare violence avaient dévasté le Malawi. Partout, le calendrier agricole a été perturbé.
El Niño revient
Le chercheur Philippe Roudier, spécialiste du climat et de l’Afrique de l’Ouest au Centre international de recherche sur l’environnement et le développement (Cired) explique la situation. "Il faut distinguer deux choses, le réchauffement climatique d’une part, qui se traduit par une augmentation des températures depuis le début du 20e siècle, et le phénomène el Niño, d’autre part, qui, lui, n’est pas lié à l’activité humaine."
El Niño est un phénomène océanique qui réchauffe les réservoirs d’eau du Pacifique jusqu’à l’Équateur. Périodique, il apparait toutes les décennies environ. En Afrique, il affecte deux régions : l’Afrique Australe et l’Afrique de l’Est. Dans le sud et dans l’est du continent, sur les hauts plateaux éthiopiens, il provoque une hausse des températures et une vague de sécheresse. Le nord-ouest du continent, moins exposé à l’Océan est quant à lui moins victime de ce phénomène. C’est sans doute l’une des raisons pour laquelle le nord de l’Afrique n’a pas connu de hausse significative au cours de ce premier trimestre.
Quant aux inondations, Philippe Roudier rappelle : "On ne peut pas dire avec certitude qu’elles sont liées au réchauffement climatique." Et d’ajouter : "il faut des études détaillées, et hélas l’Afrique manque cruellement de données".
Si le constat d’une hausse des températures record au cours de ce premier trimestre s’avère finalement nuancée en Afrique, sur le long terme, le réchauffement climatique n’a pas fini d’éprouver la planète. Et bien que le continent africain ne soit pas plus exposé que les autres à ce phénomène, il est pour l’heure le moins bien armé pour en subir les conséquences. La température moyenne à sa surface devrait augmenter de 1 à 4°C, d’ici 2100. "À titre d’illustration cela représente la différence qui existe aujourd’hui entre Paris et Tunis", souligne Philippe Roudier.
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