Tunisie : Loukil ouvre la souscription aux actions d’UADH, son pôle automobile

Première introduction boursière de 2015, l’entrée d’UADH, avec les marques Citroën et Mazda notamment, marque aussi la première cotation pour une holding spécialisée. Une opération préparée et menée par le groupe Attijari. La souscription a lieu du 13 au 20 mai.

Bassem Loukil. © Tuniscope/Youtube

Bassem Loukil. © Tuniscope/Youtube

Publié le 13 mai 2015 Lecture : 4 minutes.

Première introduction de l’année 2015, l’entrée d’UADH à la Bourse de Tunis couronne un processus entamé depuis plus de deux ans avec la structuration en holding du groupe Loukil. « La loi ne permet pas la création de holding sans passer par la bourse, précise Bassem Loukil, PDG du groupe familial. Nous avons donc décidé de créer des mini holdings constitués sur la base de pôle d’activités. »

UADH (Universal Auto Distributors Holding), qui emploie 991 salariés, est la branche auto du groupe familial fondé en 1976. Avec un chiffre d’affaires de 318 millions de dinars, elle pèse 40 % des revenus du groupe. Sous ce sigle, sont regroupées huit filiales et cinq marques : AURES Auto, AURES Gros (Citroën & DS), Economic Auto (partenaire local de Mazda depuis 22 ans) et Mazda Détails, Trucks Gros (Renault Trucks et TCM), GIF Filter et GIF Distribution, ainsi que EVI. Cette dernière filiale a été créée à la suite de l’acquisition par le groupe fin 2013 d’Ennakl véhicules industriels. Après la saisie en 2011 des activités (dont le groupe Ennakl) d’un des gendres de Ben Ali, Sakhr el-Materi, EVI est gérée par Al Karama holding avant d’être rachetée en 2011 par Loukil, seul candidat en lice.

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Résultats

Bassem Loukil se montre enthousiaste : « Nous avons l’expérience et des résultats concrets sur les dernières années. » En ce premier trimestre, Citroën conserve sa place de leader avec 11,6 % de parts de marché. Si l’activité véhicules industriels dépend d’investissements qui se font attendre, de meilleures perspectives sont espérer du marché des véhicules particuliers : les quotas d’importation ont été relevés (8 000 au lieu 6 200). « On a tablé sur une croissance de 5 % à 6 %, mais avec un business plan assez conservateur, finalement on fera sans doute mieux », ajoute Bassem Loukil.

Du côté du potentiel de développement, les investisseurs ont aussi de quoi souscrire à l’ambition du holding, insiste Bassem Loukil. UADH est en pourparlers avec un constructeur étranger pour l’implantation d’une nouvelle marque. « Nous sommes candidats pour la reprise des autres sociétés confisquées de cette branche, dont on attend la mise en vente. Et nous sommes les mieux placés, » estime-t-il. Ford (dont Jaguar et Range Rover), MAN, Suzuki et Hyundai font partie des sociétés lorgnées par UADH, la mise en vente pourrait avoir lieu soit au plus tard début 2016.

Contrat avec Peugeot-Citroën pour GIF

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Mais GIF, déjà coté en Bourse, apparaît comme un argument clé en faveur de la souscription à l’action UADH et pour le futur du groupe. En effet le producteur de filtres a signé un contrat d’approvisionnement avec PSA. Les premières pièces seront livrées en juillet 2015. À terme, un holding qui regroupe les activités industrielles devrait aussi être introduit.

L’introduction en bourse est pilotée par Attijari Intermédiation, chef de file du syndicat de placement. Attijari Finances est évaluateur de la société et artisan de la structuration en holding par activités entamée il y a près de dix-huit mois. L’opération porte au total sur 80 millions de dinars, 40 millions de dinars pour l’augmentation de capital et 40 millions de dinars sous forme de cession pour la restructuration juridique. L’offre globale porte sur 12 307 694 actions, soit 33,31 % du capital social après augmentation. Le prix de l’action UADH, qui a enregistré un résultat net de 3,5 millions de dinars en 2014, a été fixé à 6,5 dinars, soit un ratio cours sur bénéfices de 12,7.

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Fatmi Squalli, directeur général d’Attijari Finances Tunisie souligne l’intérêt de l’opération à plusieurs titres : « Il s’agit de la première cotation d’une holding spécialisée permettant d’offrir la lisibilité requise aux investisseurs sur le marché. Le groupe UADH est intégré et représente des marques leaders et à fort potentiel de développement. Par ailleurs, le prix d’introduction est attractif : la valorisation du titre s’est faite selon une approche rationnelle et conservatrice. »

Endettement en ligne de mire

Une approche plus mitigée pointe chez d’autres intermédiaires : « Une cession de 40 millions de dinars, c’est important. Généralement on attend cela d’une société qui a un long historique derrière elle et dont les fondateurs décident de récolter, à un moment donné, les fruits de leur réussite. Or le holding a été constitué en 2013, rappelle Moez Hadidane gestionnaire de portefeuilles chez Mena Capital Partners. Dans la concession automobile, la règle c’est l’excédent de cash, or UADH est endettée, du fait des investissements réalisés notamment pour l’acquisition de la société EVI (43 millions de dinars). »

Karim Blanco, analyste chez Amen Invest, est tout aussi réservé : « L’opération ne vise pas un plan d’investissement et de croissance mais à diminuer l’endettement. » Toutefois selon lui, elle est amenée à réussir : « Avec 20 millions de dinars offerts au grand public (les 60 millions restants visent les investisseurs stratégiques) le cours sera maintenu. Pour le long terme, il faut attendre la concrétisation des résultats. »

Par Stéphanie Wenger, à Tunis

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