Devenir patron : du rêve à la réalité

En Afrique plus qu’ailleurs, les patrons ont la cote. Normal, créer sa société est souvent le seul moyen de décrocher un emploi. Mais rarement de faire fortune…

Selon un rapport, les Africains seraient, toutes régions confondues, ceux qui ont la meilleure opinion des chefs d’entreprise. © Glez

Selon un rapport, les Africains seraient, toutes régions confondues, ceux qui ont la meilleure opinion des chefs d’entreprise. © Glez

Julien_Clemencot

Publié le 15 mai 2015 Lecture : 2 minutes.

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Concurrence oblige, les entreprises africaines ont enfin compris l’intérêt de choyer leurs employés. Formation, couverture santé, plan de carrière… Rien n’est trop beau pour attirer – puis garder – l’oiseau rare.

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Si en France les patrons ont parfois le sentiment d’être pris pour des « pigeons », malmenés par la presse et mal-aimés par leurs concitoyens, en Afrique la donne est bien différente. Selon le « Rapport mondial sur l’entrepreneuriat » concernant 73 pays, dont l’Angola, le Botswana, le Cameroun, le Burkina Faso et l’Afrique du Sud en 2014, les Africains seraient, toutes régions confondues, ceux qui ont la meilleure opinion des chefs d’entreprise.

Créer sa société est vu « comme un bon choix de carrière dans la plupart des économies africaines passées au crible, contrairement à ce que l’on observe en Europe », notent les auteurs de l’étude, qui constatent un intérêt marqué des médias locaux pour les success-stories entrepreneuriales.Naturellement, c’est aussi en Afrique que le taux de « jeunes » entrepreneurs, c’est-à-dire les adultes de 18 à 64 ans sur le point de démarrer ou gérant leur entreprise depuis moins de trois ans et demi, est le plus élevé.

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Il est de 37,4 % au Cameroun, de 35,5 % en Ouganda et de 32,8 % au Botswana. Dans les pays examinés par l’étude, seul l’Équateur (32,6 %) fait aussi bien. À titre de comparaison, ce taux est de 7,8 % dans l’Union européenne. Il apparaît donc clairement qu’en Afrique le manque de débouchés dans le secteur formel pousse un certain nombre d’individus à se lancer. Si les hommes sont plus nombreux, l’écart entre les deux sexes est proportionnellement moins grand que dans les autres régions.

>>>> Lire aussi – Congo-Brazzaville : quand les patrons passent à l’action 

Pessimisme

L’Afrique est l’espace géographique où la crainte de l’échec est le moins présente. Néanmoins, les jeunes patrons africains savent que le décollage de leur affaire risque d’être difficile. Seuls 6,8 % pensent être en mesure de créer plus de 20 emplois dans les cinq ans. Difficile de trouver plus pessimiste, sauf à mettre le cap sur l’Amérique latine et les Caraïbes. Peu pensent aussi innover en proposant des produits ou des services nouveaux pour leurs clients, et, bien que les économies soient peu matures, une grande partie d’entre eux (environ 40 %) s’attendent à faire face à une solide concurrence.

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D’une certaine manière, le rapport met en évidence le déficit d’intégration économique au niveau panafricain. L’immense majorité des patrons qui démarrent ou vont démarrer leur activité n’imagine pas se développer à l’étranger. Pourquoi les Africains ne font-ils pas montre de plus d’ambition ? Sans surprise, l’environnement économique – le cadre législatif et réglementaire, la faiblesse des infrastructures, le manque d’éducation – joue un rôle majeur. Les difficultés d’accès aux financements demeurent en outre une des premières causes, avec l’absence de profit, de la cessation d’activité des entreprises. Être patron en Afrique ne garantit en rien de confortables revenus. Souvent, constatent les auteurs de l’étude, cela n’offre même pas les moyens d’une subsistance durable.

73 pays passés au crible

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Pour sa 16e édition, le « Rapport mondial sur l’entrepreneuriat » (« Global Entrepreneurship Monitor », GEM) a compilé les résultats de 206000 entretiens individuels menés dans 73 pays, mettant à profit les connaissances de plus de 500 experts. L’ensemble des territoires pris en compte représente 90 % du PIB mondial et 72,4 % de la population globale. Lancé en 1999 par la London Business School et le Babson College (États- Unis), le GEM est la plus importante étude menée dans le monde sur ce thème. Son budget s’élève à plus de 8 millions d’euros

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