Afrique contre Afrique

 Je sais, le sujet a été récemment abordé dans cette même rubrique. Mais il est si important que je voudrais y revenir…

Fawzia Zouria

Publié le 11 mai 2015 Lecture : 2 minutes.

Mer Méditerranée. 14 avril 2015. Une bagarre éclate entre des migrants africains sur un bateau de fortune parti de Libye vers les côtes italiennes. Des musulmans n’hésitent pas à jeter des chrétiens à l’eau.

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Le drame reprend le canevas des récits apocalyptiques – de l’arche de Noé au radeau de La Méduse – mais aussi les fantasmes destructeurs concernant l’ennemi qu’on veut "jeter à la mer".

Qu’est-ce qui a donc bien pu leur passer par la tête à ces musulmans pour qu’ils attentent ainsi à la vie de pauvres chrétiens embarqués dans la même galère qu’eux ? Espéraient-ils obtenir l’aide d’Allah et lui plaire en s’en prenant à d’autres de ses créatures ? Pensaient-ils se faire une place dans ce monde et dans l’au-delà au mépris d’autres vies ?

Et puis, franchement, croyaient-ils être accueillis à bras ouverts sur ce sol européen tant convoité et qui se trouve être en majorité de croyance chrétienne ? Par quelle folle inconscience, ou ingratitude, en effet, peut-on chercher refuge chez ceux qu’on considère comme des ennemis et qu’on veut occire de toutes les manières ?

Par quelle aberration, enfin, des Sénégalais, des Maliens et des Ivoiriens ont-ils envoyé à la mort des Ghanéens ou des Nigérians, c’est-à-dire des Africains comme eux ?

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Preuve que le discours de haine fondé sur le religieux triomphe désormais sur terre comme sur mer et trouve illustration même en cas de péril partagé. Preuve, surtout, que le poison wahhabite a contaminé l’Afrique dans les têtes et dans les coeurs et que son venin guide la main de tueurs contre leurs "frères de continent".

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Afrique du Sud

Avril 2015, toujours. Cette fois, il ne s’agit pas des ravages de l’idéologie wahhabite, mais du réflexe de xénophobie qui resurgit chez certains Sud-Africains à l’égard des "étrangers".

Quels étrangers ? Des immigrés africains venus du Zimbabwe, du Mozambique ou de la Somalie qu’on n’hésite plus à piller ou à tuer. Et qui commet ces crimes ? Ce ne sont pas des Blancs, ce sont des Noirs, des petits Le Pen d’Afrique – en plus pauvres et en plus violents – qui considèrent que les immigrés prennent leur travail et mangent leur pain ; des égoïstes du ventre pour qui les plus faibles qu’eux sont à jeter à la mer.

Et moi je dis : bande d’inconscients ! Pendant des siècles vous avez souffert de cette xénophobie, et voilà que vous la retournez contre d’autres ? L’intervention de l’armée contre vos violences ne vous rappelle-t-elle pas le temps où vous étiez vous-mêmes aux prises avec le racisme et le rejet ?

Oubliez-vous le soutien de toute l’Afrique, debout comme un seul homme contre l’apartheid, offrant des abris à des réfugiés parmi vous, faisant de Mandela son icône et de son combat un exemple pour la planète entière ?

Pour un bout d’Europe, pour un bout de pain ou un bout de terrain, des Africains s’entre-tuent et invoquent mille prétextes pour se justifier. Entre les guerres civiles, les violences religieuses et les rejets xénophobes, j’ai du mal à retrouver la mère Afrique

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