Centrafrique : CSP, son ministre et les « grandes oreilles »

Après l’affaire du prêt angolais dont les modalités et la répartition ont beaucoup fait jaser à Bangui, le gouvernement de transition que préside Catherine Samba-Panza (CSP) pourrait avoir à s’expliquer sur un autre dossier sensible.

Catherine Samba Panza, présidente de la transition de Centrafrique. © AFP

Catherine Samba Panza, présidente de la transition de Centrafrique. © AFP

Publié le 11 mai 2015 Lecture : 2 minutes.

C’est celui de l’accord-cadre conclu le 4 février entre Nicaise Samedi Karnou, le ministre de la Sécurité publique, et la société française Cofrexport spécialisée dans les matériels d’écoute, de surveillance, de détection et d’interception.

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Selon les termes de cet accord – dont J.A. a obtenu copie (voir ci-dessous) -, Cofrexport (groupe Sofema), dont le président est Guillaume Giscard d’Estaing, petit-neveu de l’ancien chef de l’État français, s’engage à fournir au ministère centrafricain toute une série de produits et de services relevant des "grandes oreilles" (formation de personnels incluse) et destinés à "faire échec aux menaces de toute nature susceptibles de porter atteinte à la stabilité de l’État".

 >> Le texte de l’accord-cadre entre le ministère de la Sécurité publique et la société française Cofrexport (cliquer pour agrandir) :

 

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Son article 2 stipule que "le montant minimum des commandes est fixé à 20 millions d’euros", et qu’"il n’y a pas de montant maximum" (sic). Autant dire que l’addition, dont 40 % sont payables à la commande, est salée pour un pays sous perfusion. Cofrexport, qui a déjà travaillé avec les autorités béninoises et angolaises, jouit certes d’une réputation de sérieux.

Quant au ministre Karnou, un proche de Samba-Panza et de son prédécesseur Michel Djotodia, il a, depuis sa nomination au mois de janvier, fait baisser le taux de criminalité à Bangui avec des méthodes tranchantes qui lui valent une certaine popularité. Mais le diable réside souvent dans les détails."Le présent accord-cadre, lit-on, est conclu pour une durée de trente-six mois à compter de sa date de signature par les deux parties."

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Et donc, si l’on compte bien, jusqu’en février 2018. Soit très au-delà de la période de transition pendant laquelle le gouvernement intérimaire, dont les fonctions prendront fin avec l’élection présidentielle prévue pour le dernier trimestre de 2015 au plus tard, est autorisé à engager l’État. Sauf à croire que CSP a décidé de s’éterniser au pouvoir, en dépit des injonctions de la communauté internationale, il y a de quoi être perplexe.

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