Quelques nouveautés

1. "Bombardez-moi"

Il y a quelques semaines, ici même (Jeune Afrique no 2829, du 29 mars au 4 avril), je vous ai entretenu du "danger de la somalisation" : des États constitués et qu’on croyait solides se fragmentent et se disloquent l’un après l’autre, à l’instar de la malheureuse Somalie.

Vos vives et nombreuses réactions m’ont démontré que j’avais attiré l’attention sur un danger bien réel. Tout aussi réel et préoccupant est le spectacle de pays dotés d’un gouvernement reconnu, membres des Nations unies et qui acceptent ou même sollicitent d’une puissance étrangère le bombardement (aérien) de leur territoire pour les aider à mater une rébellion.

Cela a été le cas de l’Afghanistan, ça l’est encore et risque de continuer à l’être en 2016. Mais c’est l’Irak qui en est, aujourd’hui, avec le Yémen, l’exemple le plus révoltant. En Afrique même, le Nigeria hier et le Mali aujourd’hui flirtent avec ce danger. Cette "nouveauté"-là me paraît être une détestable facilité : le pire pour un pays est de s’y installer.

2. Trois records africains

Le continent détient deux records mondiaux sur lesquels nous avons également attiré votre attention. La carte ci-dessous le montre : la population des pays africains est la plus jeune du monde. L’âge moyen est le plus bas de tous les continents (15,1 ans pour le Niger, 16 ans pour le Mali : ces deux pays battent tous les records !).

 

Mais, dans le même temps, les dirigeants politiques les plus âgés sont eux aussi africains : au sommet de l’échelle, le Zimbabwéen Robert Mugabe (91 ans), le Tunisien Béji Caïd Essebsi (88 ans) et le Camerounais Paul Biya (82 ans). Cela étant, la Tunisie atténue quelque peu l’écart puisque l’âge moyen de ses citoyens, 31,4 ans, est le plus élevé d’Afrique continentale.

Je n’abandonnerai pas ce sujet avant d’attirer l’attention sur un troisième record africain : le nombre de chefs d’État déposés ou renversés, mais toujours en vie et en exil. Nous en avons recensé huit (voir tableau ci-dessous), mais ce nombre est susceptible d’augmenter.

 

Aucun continent n’en compte autant. Inutile, me semble-t-il, de commenter davantage.Sauf pour dire que seuls les progrès de la démocratie – et l’alternance – sont susceptibles de réduire le nombre de présidents destitués.

3. Combien d’ambassades ?

Voulez-vous un signe supplémentaire de l’intérêt que suscite le continent africain depuis qu’on parle dans les institutions internationales (FMI, Banque mondiale) et la presse de sa renaissance économique, qu’illustre un taux annuel de croissance avoisinant 5 % depuis près de quinze ans ?

Je le trouve pour ma part dans la vive compétition à laquelle se livrent depuis peu les "cinq grands" du Moyen-Orient pour se réinstaller diplomatiquement dans notre continent. Le graphique ci-dessous du nombre d’ambassades, dont certaines de création très récente, fait le point de cette compétition. Les échanges commerciaux de ces "cinq grands" avec l’Afrique présentent eux aussi une tendance à la hausse.