Cameroun : Douala-Yaoundé par la nationale 3, l’axe du mal

La nationale 3 au Cameroun est l’une des routes les plus dangereuses au monde. Et ce ne sont pas quelques radars qui feront ralentir les chauffards.

Chaque année, on déplore une centaine de victimes © Jean Pierre Kepseu/J.A.

Chaque année, on déplore une centaine de victimes © Jean Pierre Kepseu/J.A.

Publié le 17 mai 2015 Lecture : 2 minutes.

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Comme chaque matin à la sortie de Douala, la nationale 3, qui relie la capitale économique à Yaoundé, est complètement embouteillée. Une file interminable de véhicules de toutes tailles avancent au ralenti pour éviter l’énorme cratère fangeux qui déforme la chaussée et oblige les chauffeurs à se disputer une mince bande de bitume.

À cette allure, ils ont le temps de contempler, jalonnant les bas-côtés à intervalles réguliers, une plaque défraîchie rappelant qu’"ici quatre personnes ont perdu la vie" ou, quelques centaines de mètres plus loin, une petite croix noircie par les gaz d’échappement, sur laquelle neuf noms sont inscrits.

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Épaves

Chaque année, le Cameroun déplore une centaine de morts sur cet "axe lourd" de 240 km, classé en 2014 par l’ONU comme l’une des voies les plus dangereuses au monde. Le code de la route est depuis longtemps tombé aux oubliettes, et les radars cachés dans les broussailles n’ont pas plus d’effet dissuasif sur les chauffards que les épaves de minibus qui finissent de rouiller dans les fossés.

Quelques fous du volant se font certes flasher au-delà des 110 km/h autorisés, mais, à en juger par le ton peu amène qu’ils emploient avec la maréchaussée, on sent bien que ces contrevenants n’ont pas l’intention de payer l’amende de 25 000 F CFA (38 euros environ) pour excès de vitesse. Entre passages en force et coups de frein intempestifs, l’autocar qui rallie la capitale taille sa route, en évitant au mieux les ornières et les grumiers qui menacent en sens inverse.

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Dans les deux sens, le rythme des poids lourds surchargés qui défilent ne faiblit pas. Jusqu’à ce que l’un d’eux se couche en travers de la route… et provoque à nouveau un embouteillage monstre qui mettra de longues minutes à se résorber. Conscients des insuffisances récurrentes constatées sur le principal axe routier du pays et de leurs effets néfastes sur la bonne santé économique du Cameroun, les pouvoirs publics ont lancé un vaste projet de réfection.

Le chantier, engagé fin 2014 et prévu par tranches, porte sur la construction d’une autoroute 2×2 voies. Coût : 750 millions d’euros, apportés pour 85 % par China EximBank et le solde, par l’État. Une dizaine de kilomètres ont été réalisés à ce jour, mais, à cette cadence, les Camerounais vont devoir prendre leur mal en patience. Et continuer à serrer les dents avant de pousser un soupir de soulagement une fois à destination. Comme cette passagère qui, à peine arrivée à Yaoundé, n’a pas assez de mots pour féliciter le chauffeur du car. Telle une miraculée !

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