Afrique de l’Est : les majors pétrolières dans les starting-blocks
Les découvertes de gaz se multiplient au large du Mozambique et de la Tanzanie. Des groupes comme Shell et Petrobras sont prêts à exploiter cette manne, mais les États tergiversent sur la stratégie à adopter.
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L’ampleur des découvertes gazières au large de l’Afrique de l’Est – proche des marchés asiatiques gourmands en gaz – attise les convoitises. Dernière actualité en date : la mise au jour par l’italien Eni de 170 milliards de m3 de plus sur le bassin de Rovuma (Mozambique). Mais alors que Shell, BG Group et Petrobras envisagent d’acquérir des parts dans les champs gaziers, les gouvernements demeurent indécis quant aux politiques commerciales à mettre en oeuvre. Pour les projets les plus avancés – telle l’usine de gaz naturel liquéfié (GNL) de l’américain Anadarko au Mozambique -, les investissements sont attendus pour 2013, mais les clivages politiques peuvent les faire échouer à tout moment.
Au Mozambique et en Tanzanie, les estimations les plus optimistes tablent sur un démarrage de la production en 2018. Selon Anne-Sophie Corbeau, spécialiste du gaz à l’Agence internationale de l’énergie, les décisions d’investissement ne seront pas finalisées « sans des garanties de contrats de long terme, couvrant au moins la moitié ou les deux tiers de la production ». Or, jusqu’à présent, il n’en existe aucun. « Si les gouvernements ne sont pas prêts à temps, cela pourrait avoir un effet dissuasif pour les investissements », prévient Nicolas Bonnefoy, associé au cabinet Ashurst, spécialiste de la politique gazière.
Pour l’heure, majors et services publics seraient plutôt en mauvais termes.
Confusion
En Tanzanie, la confusion règne à propos d’un quatrième round d’attribution de licences pour neuf blocs offshore qui devaient entrer en production en septembre. Le ministre de l’Énergie a demandé à la Tanzania Petroleum Development Corporation (entreprise d’État) de l’annuler en attendant qu’une nouvelle politique gazière soit ratifiée. Marné Beukes, analyste chez IHS Global Insight, estime que la Tanzanie « est vouée à accroître ses redevances pétrolières » et à établir des bonus de production pour les futurs contrats.
Mais pour l’heure, sociétés pétrolières productrices et services publics seraient plutôt en mauvais termes. Orca Exploration, la première compagnie à réaliser une opération de transformation de gaz en électricité depuis les champs gaziers de Songo Songo, est en conflit avec le gouvernement au sujet d’arriérés et d’approvisionnements en gaz. De son côté, Shell attend depuis 2002 de pouvoir commencer l’exploration dans quatre blocs offshore au large de Zanzibar, à cause d’un différend opposant l’île et la partie continentale à propos de la répartition des revenus pétroliers.
Réserves de gaz estimées
Mozambique : 3 600 milliards de m3
Tanzanie : 800 milliards de m3
Au Mozambique, le gouvernement s’est penché sur le schéma directeur début septembre. Une étude a fait apparaître que le pays pourrait gagner 5,2 milliards de dollars par an (3,9 milliards d’euros) grâce au gaz d’ici à 2026 et que les réserves du pays permettraient d’alimenter dix usines de GNL. Les découvertes de gaz s’avèrent déjà lucratives, le gouvernement ayant annoncé avoir perçu 175 millions de dollars en appliquant une taxe de 12,8 % sur la vente de Cove Energy au thaïlandais PTTEP.
En l’absence de mastodontes gaziers publics comme moteurs du développement du secteur, la coordination sera décisive dans les politiques commerciales en Afrique de l’Est. Mais les gouvernements vont-ils inciter les compagnies à faire équipe ou à construire des pipelines ? D’autres inconnues demeurent, telles que l’évolution du prix du gaz à l’international et la remise en cause du débouché sud-africain pour les exportations, à la suite de la levée du moratoire sur l’attribution de licences d’exploitation des réserves de gaz de schiste, en septembre.
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