RDC : la contestation gagne du terrain dans l’Est, 23 morts dans un nouveau massacre à Beni

Dans le territoire de Beni, où 300 personnes ont été tuées depuis octobre dans des massacres, la contestation contre les autorités se propage, alors que 23 personnes ont été tuées dans un nouveau massacre dans l’est de la RDC.

Des soldats de la Monusco en 2014 dans une rue de Beni. © Alain Wandimoyi/AFP

Des soldats de la Monusco en 2014 dans une rue de Beni. © Alain Wandimoyi/AFP

Publié le 14 mai 2015 Lecture : 2 minutes.

Mis à jour à 12h20.

La contestation populaire contre les autorités dans l’est de la RDC s’élargit, alors que 23 personnes ont été tuées dans la nuit de mercredi à jeudi près de Beni dans un nouveau massacre attribué aux rebelles ougandais, a annoncé un responsable local. "Deux nouvelles tueries ont eu lieu à Mbau et dans ses environs", a déclaré Amisi Kalonda, administrateur du territoire de Beni.

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De son côté, l’armée congolaise a annoncé avoir perdu quatre hommes dans des combats contre les rebelles ougandais musulmans des Forces démocratiques alliées (ADF). Ces derniers sont accusés d’avoir tué plus de 300 personnes dans la région depuis octobre. "Dix-neuf de ces miliciens ont été tués depuis mardi dans ces affrontements", a par ailleurs déclaré un porte-parole militaire, le major Victor Masandi.

L’opération "ville morte" se poursuit

À Beni, dans le nord de la province du Nord-Kivu, "tout reste fermé" pour le troisième jour de suite, a affirmé Gilbert Kambale, un des instigateurs du mouvement "ville morte" lancé lundi.

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Place commerciale importante à 250 km au nord de Goma, en particulier pour le commerce et le trafic du bois dans la région des Grands Lacs, Beni compte environ 500 000 habitants.

Exaspérés par une nouvelle tuerie ayant fait six morts, des centaines d’habitants sont descendus dans les rues de Beni mardi en scandant des slogans hostiles à l’armée, au gouvernement ou au président Joseph Kabila.

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Oicha et Butembo emboîtent le pas

"Les populations de Oicha […] et de Butembo ont emboîté le pas" à la contestation, a ajouté Gilbert Kambale, joint au téléphone de Goma, la capitale du Nord-Kivu.

À Butembo (plus d’un million d’habitants), "tout est fermé", selon Joseph Paluku, directeur d’une école secondaire. A Oicha (130 000 habitants), l’activité économique a été paralysée, selon Jean-Paul Ngahangondi, un responsable de la société civile locale.

Selon l’ONU, ces crimes "pourraient constituer des crimes contre l’humanité"

Le regain de violence imputable aux ADF a suivi l’annonce de l’arrestation de leur chef Jamil Mukulu en Tanzanie en avril. La Monusco a accusé les rebelles d’être à l’origine de l’attaque contre une de ses patrouilles ayant coûté la vie le 5 mai à deux Casques bleus tanzaniens et deux civils congolais.

>> Lire aussi : Qui est Jamil Mukulu de l’ADF, le rebelle islamiste du Nord-Kivu ?

Dans un rapport d’enquête publié mercredi sur les atrocités commises par les ADF, le Bureau conjoint des Nations unies aux droits de l’Homme en RDC note que les crimes commis par ces miliciens dans la région de Beni "ont été systématiques et d’une extrême brutalité". Ils "pourraient constituer, de par leur type et leur nature, des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité", ajoute le rapport.

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Selon l’ONU, "au moins 237 civils, dont au moins 65 femmes et 35 enfants" ont été ainsi tuées en trois mois à "l’aide de machettes, de haches, de marteaux, de couteaux, de grosses pierres et de gourdins", souvent après avoir été "mutilés ou égorgés" quand ils n’étaient pas "brûlés vifs dans leur habitation".

(Avec AFP)

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